L'Oeil Curieux

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Clins d'oeil

Des billets sur tout et n'importe quoi.
au gré de l'humeur et de l'actualité

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samedi 20 mars 2021

En attendant Godot

En attendant Godot, je suis reparti à Rome, dans le passé.
« Ingressi Palazzo Farnese » est-il écrit au dos du billet, échappé des pages de la pièce de théâtre de Beckett.

3 février 2011, 18:50.
À l'époque, j'allais souvent à Rome pour le travail.

Ce déplacement a été l'unique occasion de faire du tourisme à la fin d'une première journée de réunion.

Avec Romain, plus qu'un collègue français, et Kevin, un collègue anglais, nous avions profité d'un peu de temps libre pour aller visiter le Palais Farnèse.
La visite avait été un enchantement, d'autant que le Palais est généralement fermé au public.
Ingressi Palazzo Farnese 03.2.2011 18:50

J'avais écrit un billet intitulé La réception de l'Ambassadeur, que j'ai relu en préparant celui-ci.

Les souvenirs, prompts à refaire surface en cette période de disette d'expositions, ont jailli.
Kevin, qui avait un sens de l'humour bien britannique et une certaine classe, avait été subjugué, pour rester dans l’euphémisme, par l'Aphrodite Callipyge.
Aphrodite Callipyge
Aphrodite Callipyge


Il nous avait alors ravis avec la traduction anglaise de callipyge « Beautiful Buttocks », que je trouve fort plaisante à l'oreille avec son allitération.

Il aura suffi d'un petit billet d'entrée, aux couleurs un peu passées, pour me rappeler combien l'art me nourrit, depuis des années, partout où je vais, et combien tout cela me manque depuis une année...

samedi 27 février 2021

À bientôt Monsieur Ponthus

Je vous avais rencontré dans "Le temps des ouvriers", une extraordinaire série documentaire passée sur Arte en avril 2020.
À 10 min 24 s de l’épisode 3 pour être précis, pour le geste du travailleur manuel.


Dans vos interventions, dans cet épisode et le suivant, j'avais été captivé par la qualité de votre parole, de votre réflexion.
J'en avais parlé avec des collègues qui avaient aussi vu le documentaire.

Mais je n'avais pas spécialement cherché à en savoir plus sur vous.

Plus tard, j'avais découvert que vous aviez écrit un livre « À la ligne » et j'avais vu votre intervention dans la grande Librairie.


Toujours cette justesse, une humanité à fleur de peau et cet amour infini de la littérature.
J'avais noté l'ouvrage dans ma liste d'envies.
Joseph Ponthus "A la ligne", La Table Ronde

Il y est toujours, mais je l'ai offert à mon fils Matthieu, convaincu qu'il serait sensible à votre écriture.

Le temps a continué à filer....

Et cette semaine, vous êtes réapparu dans mon fil Facebook, emporté par un cancer à 42 ans.

Comme Morphée se plaît à teinter d'un nuage de nuit blanche les nuits que je voudrais savourer noires, j'ai écouté cette nuit votre entretien avec Marie Richeux sur France Culture.


J'ai retrouvé ce qui m’avait impressionné dès le début  : la douceur pour parler de l' extrême violence du monde du travail, la littérature qui vous habitait et vous permettait de survivre sur la ligne, votre réflexion sur la classe ouvrière, une gentillesse et une modestie chaleureuses.

Je ne sais pas comment le formuler, mais vous êtes, avec d'autres artistes, une des rencontres qui m'auront marqué.
Ma vie n'a pas été aussi dure que la votre, le crabe ne s'est pas (encore ?) attaqué à moi, mais nous partagions ce bonheur de la littérature et me semble-t-il, un même regard sur le monde et sur la classe ouvrière.

En finissant ce billet, je pense à la phrase de Robert Filliou

L'art est ce qui rend la vie plus intéressante que l'art

Il est temps que je lise votre Magum Opus.
Alors, à bientôt monsieur Ponthus.


dimanche 14 juin 2020

Merci Monsieur Cochon

Dans ma mémoire grenier, il y a une bobine avec un documentaire en N&B.
C'est en province, dans le passé, quand tuer le cochon était un événement.
Je pense l'avoir vu à la télévision, il y a longtemps.
J'ai envie de le revoir.

Je l'ai retrouvé dans le gigantesque grenier d'internet.
Avant que vous ne le regardiez (ou pas), je dois vous prévenir qu'il n'est pas possible d'écrire « aucun animal n'a été maltraité durant ce tournage ».
Le cochon meurt dès le début.
Si vous êtes végan, végétalien, végétarien ou sensible à la cause animale, ce que je respecte, le film vous sera pour le moins pénible, voire insupportable.
A titre personnel, je suis flexitarien, si je dois être classé dans une catégorie.
Je mange de la viande, peu, mais j'essaye de privilégier la qualité et le bien-être animal.
J'assume qu'un animal soit tué pour me nourrir, même si je ne le tue pas moi même.
Je veux croire qu'il est possible de faire cela en respectant l'animal, qui est un être conscient.
Ceci étant posé et étant parfaitement opposable, le documentaire dont j'ai envie de parler est en dessous.
Je vous laisse le regarder si vous en avez envie et je vous retrouve après pour en discuter.


Ce documentaire, je viens donc de le revoir et je suis toujours enthousiasmé.
Encore plus aujourd'hui, avec les années qui passent et mon vécu.

Il me ramène à mon enfance et mon adolescence.
Nos voisins de Charente élevaient un porc.
Quand je jouais avec Patrick, le fils de la famille, un peu plus âgé que moi, pour le goûter, il nous arrivait d'ouvrir un pot de grillons Maison (nos « rillettes » charentaises) et de déguster une tartine de bon pain avec cette gourmandise.
Mon père, charentais, né en 1929, se souvient de l'événement que représentait « tuer le cochon ».
Pas plus tard que ce matin, je discutais avec Thierry, mon maraîcher, et il se souvenait aussi du cochon, tué par son grand-père.

Ce documentaire, il fait revivre cet événement de nos campagnes.
Il nous rappelle que pour manger de la charcuterie ou de la viande, un animal a été sacrifié.
Il ne faut jamais l’oublier.
La scène de l’égorgement est cruelle puisqu'un être vivant est tué.
Pourtant, pas de transport en camion vers l’abattoir, pas de cris des autres porcs tués à la chaîne.
Pas de violence gratuite pour amener la victime sur le lieu de l'exécution.
Le geste du tueur est précis et bref.
Dans le documentaire, je suis extrêmement sensible aux gestes des hommes  : précis, maîtrisés, presque délicats pour nettoyer la peau, découper la viande.
L'homme, qui tue et détaille le porc, maitrise un savoir qui m'est complètement étranger.
C'est la continuation à travers les siècles d'une activité humaine, pour nourrir l'homme, cet omnivore au sommet de la chaîne alimentaire.
Le cochon, j'aime le manger et je trouve que c'est une viande modeste et économe, dans laquelle tout se consomme.
J'imagine que les hygiénistes sont fous quand il voit les conditions de l’abattage et de la préparation.
Mais ces conditions, non industrielles, me paraissent finalement plus respectueuses et plus humaines, et je n'aurais aucune réticence à consommer ces produits.

Pour finir sur une note plus légère, le cochon est certainement un de mes animaux totem, avec la cagouille (l'escargot) et le poulpe.
Le titre de ce billet est une référence à une BD  : les Aventures de Stevostin, qui se passe dans le monde du jeu en ligne « World of Warcraft ».
Il se trouve que j'ai été joueur de WoW ainsi qu'Aubin, mon plus jeune fils.
La BD est à la maison et avait réjoui les joueurs et amateurs de BD que nous étions (et je la relis toujours avec plaisir).
Il y a un épisode dans lequel le héros doit tuer des cochons pour acquérir des points et de l'expérience.
Aventures de Stevostin, tome 1 : La Porte Sombre. Planche 6.

Depuis une fête des Pères, un Noël ou un anniversaire, j'ai donc un splendide tablier « Pardon Mr Cochon » offert par Aubin.
Tablier Stevostin "Pardon Mr Cochon"

D'où le titre de ce billet « Merci Monsieur Cochon ».
C'est un peu le chaos dans ma mémoire grenier et tout est lié avec tout...


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