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Visites

Les billets sur les visites d'Expositions, dans les musées et les galeries.

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samedi 16 mars 2024

Petite panne d'illumination

Je ne sais toujours pas pourquoi je pensais avoir une illumination devant les toiles de Rothko.
J'imaginais qu'un flot de lumière sourdrait des étendues de couleurs et m’emporterait.
Je n'ai pas été emporté...
Maintenant que j'y repense, j'ai le sentiment que les toiles ont perdu de leur puissance magique dans les trop grandes salles de la Fondation Vuitton.
Elles ne sont plus vraiment cet infini inexplicable qui nous attire.

Légère déception donc, mais plaisir quand même.

De toutes les toiles qui peuplent ce billet, il n'y a vraiment que pour « No. 5/No. 22. 1950 » que je peux donner une explication à mon choix.
Les 3 lignes blanches, quelle intrusion dans l'aplat central !
Derniers signaux de linéarité avant le règne absolu des masses chromatiques.
Mark Rothko. No. 5/No. 22. 1950
Mark Rothko. No. 5/No. 22. 1950

Quant aux autres, je pourrais écrire que j'y vois la neige, le brouillard, le soleil et la nuit, des rouges, des jaunes, des bleus et des roses.
Mais cela n'explique pas vraiment leur présence.
J'ai simplement envie de savoir que je peux revenir les regarder quand j'ai envie.
Mark Rothko. Blue, Orange, Red. 1961
Mark Rothko. Blue, Orange, Red. 1961

Mark Rothko. No. 14. 1960
Mark Rothko. No. 14. 1960

Mark Rothko. Blue and Gray. 1962
Mark Rothko. Blue and Gray. 1962

Mark Rothko. No. 3. 1967
Mark Rothko. No. 3. 1967

Mark Rothko.Orange and Red on Red. 1957
Mark Rothko.Orange and Red on Red. 1957

Mark Rothko. Pink and White over Red. 1957
Mark Rothko. Pink and White over Red. 1957

Mark Rothko. Untitled (Black, Red over Black on Red). 1964 Mark Rothko. Untitled (Black, Red over Black on Red). 1964

Mark Rothko. No. 9 (Dark over Light Earth/Violet and Yellow in Rose). 1954 Mark Rothko. No. 9 (Dark over Light Earth/Violet and Yellow in Rose). 1954

Mark Rothko. Yellow Band. 1956
Mark Rothko. Yellow Band. 1956

Mark Rothko. No. 13 (White, Red on Yellow), 1958
Mark Rothko. No. 13 (White, Red on Yellow), 1958

Mark Rothko. Green on Blue (Earth-Green and White). 1956
Mark Rothko. Green on Blue (Earth-Green and White). 1956



dimanche 18 février 2024

C'est vous qui êtes enfermés avec nous

Il y a déjà longtemps, au collège, j'avais écrit une rédaction sur le thème du zoo.
Je me rappelle très bien que j'y avais exprimé ma détestation des zoos, de l'enfermement d'êtres vivants et que, in fine, c'était nous, les «humains» qui étaient enfermés.

Le regard triste des animaux en cage était l'expression de leur peine à nous voir derrière des barreaux...

Je sentais donc que l'exposition de Gilles Aillaud allait me troubler.

Je ne connaissais encore pas l'intensité du trouble.

Cette verdure, dérisoire ersatz de la végétation de la savane, ces clous, ces anneaux, la fosse et l'éléphant, réduit à quatre pattes et un bout de trompe.

Anneaux pour entraver une bête sauvage déjà enfermée, clous pour empêcher la chute dans la fosse (le suicide existe-t-il chez les animaux?), la privation de liberté est terriblement présente.
Gilles Aillaud, Éléphants et clous, 1970 © Adagp, Paris Crédit photographique : Fabrice Gousset, courtesy Loevenbruck, Paris
Gilles Aillaud, Éléphants et clous, 1970
© Adagp, Paris Crédit photographique : Fabrice Gousset, courtesy Loevenbruck, Paris

Que cherche-t-il ce rhinocéros au regard infiniment triste, derrière cette barrière métallique aux bords rongés par la corrosion ?
Gilles Aillaud, Rhinocéros, 1972
Gilles Aillaud, Rhinocéros, 1972

Lignes verticales et horizontales des grilles, cercles des anneaux, l'univers pénitentiaire de cet orang-outan, l'homme de la forêt, est d'une froide rigueur géométrique.
Gilles Aillaud, Orang-outang, 1967
Gilles Aillaud, Orang-outang, 1967

Par je ne sais quel effet optique, la face de cet ours noir commence à se confondre avec le dallage de son enclos.
Gilles Aillaud, Ours noir, 1982 © DR © ADAGP, Paris, 2023
Gilles Aillaud, Ours noir, 1982
© DR © ADAGP, Paris, 2023

À gauche la prison, à droite, encore la prison, mais avec un peu de feuillage.
Visiblement la vision retourne littéralement un des perroquets.
Gilles Aillaud, Perroquets, 1974 © Adagp, Paris Crédit photographique : Fabrice Gousset, courtesy Loevenbruck, Paris
Gilles Aillaud, Perroquets, 1974
© Adagp, Paris Crédit photographique : Fabrice Gousset, courtesy Loevenbruck, Paris

Il y a chez Aillaud, une maîtrise du décor, une précision dans le détail, qui renforcent l'artificialité de l'environnement des animaux.

Vide, la piscine ne fait plus semblant d'être un morceau d'océan.
Gilles Aillaud, Piscine vide, 1974 © Artists Rights Society (ARS), New York/ADAGP, Paris. Fonds Gilles Aillaud/Archives Galerie de France.
Gilles Aillaud, Piscine vide, 1974
© Artists Rights Society (ARS), New York/ADAGP, Paris. Fonds Gilles Aillaud/Archives Galerie de France

Le jet d'eau n'est pas une fine pluie maritime.
Gilles Aillaud, Otarie et jet d’eau, 1971 © Artists Rights Society (ARS), New York/ADAGP, Paris. Fonds Gilles Aillaud/Archives Galerie de France.
Gilles Aillaud, Otarie et jet d’eau, 1971
© Artists Rights Society (ARS), New York/ADAGP, Paris. Fonds Gilles Aillaud/Archives Galerie de France

Le tuyau n'est pas assez végétal pour régaler le porc-épic.
Gilles Aillaud, Tuyau et porcs-épics, 1976 © Artists Rights Society (ARS), New York/ADAGP, Paris. Fonds Gilles Aillaud/Archives Galerie de France.
Gilles Aillaud, Tuyau et porcs-épics, 1976
© Artists Rights Society (ARS), New York/ADAGP, Paris. Fonds Gilles Aillaud/Archives Galerie de France

Dans une rivière, ou dans une fosse, le rendu de l'onde, absolument splendide, nous immerge dans le monde flottant du redoutable crocodile.
Gilles Aillaud, Eau et crocodile, 1971,© Adagp, Paris, 2023 Photo Fabrice Gousset, courtesy Loevenbruck, Paris
Gilles Aillaud, Eau et crocodile, 1971
© Adagp, Paris, 2023 Photo Fabrice Gousset, courtesy Loevenbruck, Paris

En 1988, le peintre fait un voyage au Kenya.
La nature, sauvage, libre, infinie habite alors les œuvres de l'artiste.
Enfin des ciels et des horizons.

Une multitude de flamants trace un trait de khôl rose sur la paupière du lac.
Gilles Aillaud, Les oiseaux du lac Nakuru, 1990 © Adagp, Paris Crédit photographique : Jacques L’Hoir
Gilles Aillaud, Les oiseaux du lac Nakuru, 1990
© Adagp, Paris Crédit photographique : Jacques L’Hoir

Les girafes aux longs cous d’azur embrassent le ciel.
Gilles Aillaud, Girafes, 1989 © Adagp, Paris Crédit photographique : Archives Galerie de France, DR
Gilles Aillaud, Girafes, 1989
© Adagp, Paris Crédit photographique : Archives Galerie de France, DR

Le bonheur éclatant de la liberté envahit les toiles !



mercredi 31 janvier 2024

Un arbre dans la ville

Merci aux Dieux des Arbres d'avoir guidé mes pas vers les arbres de New York photographiés par Mitch Epstein.
Ils savent bien que l'Oeil Curieux, être urbain d'une ignorance infinie sur la nature, voue une admiration tout aussi infinie aux arbres.

Alors, retrouver Mitch Epstein et découvrir sa série « New York Arbor » fut une divine surprise, à double titre.

D'abord parce que je connaissais de ce photographe la série « American Power », bien éloignée de cette sylvestre série new yorkaise.

Ensuite, parce les arbres de la Grosse Pomme me ramènent auprès de deux arbres de « Ma Charente ».

Il est élégamment contorsionné ce tilleul dans son parc
Mitch Epstein - Silver Linden, Prospect Park, Brooklyn
Mitch Epstein - Silver Linden, Prospect Park, Brooklyn
Tilleul argenté, parc Prospect, Brooklyn
Série New York Arbor
2011

Il est impressionnant ce grand peuplier, hiératique compagnon de l'homme dans son jardin de béton.
Mitch Epstein - Eastern Cottonwood, Sprague Avenue, Staten Island II
Eastern Cottonwood, Sprague Avenue, Staten Island II
Peuplier deltoïde, Sprague Avenue, Staten Island
Série New York Arbor
2011

Son orme d'Amérique, solidement soutenue par un robuste bloc de béton, ressemble au noyer dans le jardin de ma maison charentaise, lui aussi soutenu par du béton, depuis que la tempête de 1999 a vainement tenté de le coucher, ne réussissant qu'à le faire pencher.
Mitch Epstein - American Elm, Eastern Parkway, Brooklyn
Mitch Epstein - American Elm, Eastern Parkway, Brooklyn
Orme d'Amérique, Eastern Parkway, Brooklyn
Série New York Arbor
2011

Mon autre arbre charentais, que j'ai déjà présenté, en noir et blanc, dans un précédent billet, est un chêne, majestueux.

Je suis retourné le voir en 2020.

Je vous présente mon beau géant vert.
L'Oeil Curieux - Le chêne de Guitres
L'Oeil Curieux - Le chêne de Guitres
2020



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