Les calotypistes de l'exposition de la B.N.F. sont des primitifs bien évolués !

Peintres ou graveurs, ils avaient choisi le calotype (négatif sur papier) comme support de leur pratique photographique.
Ils se faisaient parfois chimistes pour améliorer le procédé mis au point par William Henry Fox Talbot.
Grâce à la possibilité de reproduire plusieurs images à partir d'un négatif, ils allaient produire et diffuser les premiers albums photos.
Même si les temps de pose ne permettaient pas encore des instantanés, ils allaient réaliser les premiers reportages photographiques, couvrant la guerre de Crimée en 1855/56 ou les destructions de Palerme en 1860.

Cette parenthèse enchantée, rencontre d'une élite artistique férue de photographie et d'un procédé technique, qui ne survivra pas au négatif sur verre, ne dura qu'une quinzaine d'années, de 1843 à 1860, mais elle engendra une nouvelle figure du monde artistique : le photographe, créateur d'images et non plus simple reproducteur de la réalité.

L'exposition "Primitifs de la photographie. Le calotype en France (1843 - 1860)" nous présente, en plusieurs salles thématiques (Apparaître, diffuser, voyager...), cette éphémère éclosion.
Très (trop ?) dense, avec 180 tirages et de nombreux cartels sur les artistes et les œuvres, le parcours récompense néanmoins l'amateur assidu avec quelques uns des plus beaux clichés du XIX° siècle.

Comme ces ramoneurs sur les quais de Seine, que Charles Nègre a figé dans un improbable instantané.
En fait, le calotype ne permettant pas une telle prise de vue, les ramoneurs gardèrent la pose.
Mais peu importe le subterfuge, puisque cette image vibrante, à la profondeur de champ exacerbée, reste toujours aussi fascinante.

Charles Nègre, Les ramoneurs, 1851
Charles Nègre, Les ramoneurs, 1851


Ou bien, cette nature morte à l'échelle, dans laquelle Henri Regnault réussit une subtile étude des ombres et de la lumière.

Henri Victor Regnault, l'échelle,1853
Henri Victor Regnault, l'échelle,1853