Quel plaisir de retrouver André Kertész au Château de Tours, après la grande rétrospective de cet hiver, à Paris !

Sur la route des vacances, j'ai donc visité l'exposition, toujours proposée par le Jeu de Paume, mais "hors les murs", ayant pour thème la lecture.

Activité singulière à photographier, car très intime et individuelle.

Activité chère à André Kertész, car elle investit ses clichés durant toute sa vie, depuis ses débuts en Hongrie dans les années 1910, jusqu'à la fin des années 60.

Si importante à ses yeux, que le photographe publie, en 1971, un petit ouvrage "On Reading" (à New York, chez Grossman, et en France sous le titre "Lectures", aux éditions du Chêne ), contenant une soixante d'images sur la lecture, sans texte d'accompagnement .
Cet ouvrage est à l'origine de l'exposition du Château de Tours, avec des tirages réalisés en 1998 à partir du fonds de négatifs légué par Kertész à l’État français.

Fils de libraire, amateur de littérature, André Kertész a construit, au fil des ans, sa petite encyclopédie illustrée de la lecture.

Il surprend des lecteurs de tout age, du crépuscule de la vie, comme la lectrice assise dans un lit, aux hospices de Beaune, en 1929, en passant par l'age adulte et dès l'enfance.



Enfants lisant, Esztergom, Hungary, 1915, André Kertész
Enfants lisant, Esztergom
Hongrie, 1915, André Kertész

Il surprend aussi des lecteurs dans toutes les situations, dans des bibliothèques bien évidemment, mais aussi dans la rue ou en pleine nature.

Homme lisant sur une échelle, André Kertész
Homme lisant sur une échelle, André Kertész

Enfant lisant des bandes dessinées dans une rue de New York 12 octobre 1944, André Kertész
Enfant lisant des bandes dessinées dans une rue
New York 12 octobre 1944, André Kertész

Au delà de l'acte de lecture, son œil attentif capture aussi les situations les plus inattendues.

Paris, 1931, André Kertész
Paris, 1931, André Kertész

Enfin, comme dans toute son œuvre, la géométrie et la composition sont parfaitement maitrisées.

Pont des Arts, Paris, 1963, André Kertész
Pont des Arts, Paris, 1963, André Kertész

Flâneur attentif, André Kertész nous fait partager l'intime solitude du lecteur, l'univers protecteur qui l'entoure.

je crois aussi que cette belle exposition nous rappelle la parenté de la lecture et de la photographie.
La photographie est l'écriture avec la lumière, et une écriture appelle naturellement une lecture.
Ensuite, l'une comme l'autre sont d'abord des actes individuels, voire égoïstes,
Mais l'une comme l'autre appellent aussi le partage, du texte d'une part, de l'image de l'autre, pour se réaliser pleinement.