Difficile de trouver photographe plus parisien que Brassaï !
Difficile de trouver meilleur serviteur du N&B que Brassai !

Le photographe est avec Cartier Bresson, Ronis, Doisneau et Izis, un des Cinq Photographes Français exposés au MoMA en 1951.
Son ouvrage "Paris La Nuit" consacre ses images nocturnes de la Capitale, superbe poème aux noirs et blancs éclaboussés des lumières de la rue.

Et pourtant, "l'oeil de Paris", comme le surnommait son ami Henri Miller, va, d'une certaine façon, se dessiller en Amérique.
Invité en 1957 par le magazine "Holiday", BrassaÏ a carte blanche pour photographier New York et la Louisiane.

Une véritable métamorphose s'effectue durant les deux mois du séjour américain: plus de matériel encombrant et de flash, plus de longs temps de pose.
Place au petit format, maniable, et surtout, à la couleur !
Comme cela se produira de façon similaire avec Doisneau quelques années plus tard (voir mon billet "Doisneau, la couleur et la Californie"), une illumination chromatique s'empare du photographe !

Les enseignes de Time Square, les tenues chamarrées des élégantes New Yorkaises ou même les peintures d'un immeuble en démolition, l'appétence de Brassaï pour la couleur est sans limite.

Greenwich Village, New York 1957 © photo Brassaï /Estate Brassaï
Greenwich Village, New York 1957
© photo Brassaï /Estate Brassaï


Son objectif se gorge de lumière solaire, sur les rives du lac Pontchartrain, ou bronzent les jeunes américains et se promènent les belles américaines en maillots de bain.

Brassaï ne délaisse pas pour autant ses nocturnes, réalisant, en couleurs et en noir & blanc, de belles compositions avec les gratte ciels de la Grosse Pomme et les serpents lumineux de la circulation automobile.
Il met aussi à profit la profusion de néons avec esprit, quand il surprend ce couple d'amoureux, main dans la main, dans l'allée de la lune de miel.

New York, 1957 © photo Brassaï /Estate Brassaï
New York, 1957
© photo Brassaï /Estate Brassaï

Son amour des femmes s'exprime avec talent, aussi bien à New York qu'en Louisiane.
En vêtements du quotidien ou tenues des grands jours, elles sont toujours photographiées avec beaucoup de charme, et parfois, une pointe d'humour.

New York, 1957 © photo Brassaï /Estate Brassaï
New York, 1957
© photo Brassaï /Estate Brassaï


Au total, l'artiste revient du nouveau monde avec 180 clichés, en couleur et en noir et blanc.
L'exposition proposée par le pavillon Populaire de Montpellier, avec les 160 photographies présentées pour la première fois au public, est donc un événement exceptionnel.
Il est en effet assez rare d'être le témoin d'une telle liberté, d'un tel renouvellement chez un artiste déjà reconnu.

Et si vous craignez un excès de couleurs, soyez rassuré, Brassaï n'avait pas perdu sa magie du N&B en traversant l'Atlantique !

New York, 1957 © photo Brassaï /Estate Brassaï
Grand Central, New York, 1957
© photo Brassaï /Estate Brassaï