Aussi loin que je me souvienne, je n'ai jamais aimé Newton.

Je ne parle pas de Sir Isaac Newton, l'honorable scientifique anglais, bien qu'il ait été à l'origine d'un certain nombre de turpitudes durant mes études scientifiques.
Avec le temps est venu le pardon, et aujourd'hui, grâce à Gotlib qui en fit un personnage récurrent de ses BD, il n'est plus qu'un homme à perruque, régulièrement assommé par une pomme soumise à l'inéluctable loi de la gravitation.

le Newton de Gotlib

Non, je veux parler d'Helmut Newton, le photographe allemand, actuellement à l'affiche au Grand Palais.
Adolescent, alors que je découvrais la photographie en dévorant les magazines « Photo » et « Photo reporter », je n'appréciais déjà pas les femmes nues de Newton, pourtant propices aux fantasmes de cet âge...
Peut-être me faisaient-elles peur ?

Les années ont passé, mais je n'aime toujours pas ces créatures aux poitrines provocantes juchées sur leurs talons aiguilles.
Peut-être me font-elles toujours peur ?

Mais, décidément, ce « porno chic » n'attire pas mon œil de photographe.

Alors je n'irai pas voir l'exposition du Grand Palais.

Sans doute vais je rater d'autres aspects du photographe, portraits et paysages, que je ne connais pas ?
Je prends le risque, malgré l'unanimité des critiques dans les journaux, comme « Libération » ou « France Soir ».
Je prends le risque, car je ne supporte pas bien le discours qui présente presque le photographe en « libérateur » de la femme, comme dans le texte de présentation du Grand Palais :

Nues ou en smoking, les femmes de Newton sont puissantes, séductrices, dominantes, jamais glaciales mais toujours impressionnantes, voire intimidantes. Ce sont des femmes qui, fortes de leur révolution sexuelle, assument la pleine liberté de leur corps, sans heure ni cadre, ouverte à tous les fantasmes. Ce sont des femmes riches, qui ont conquis le monde et son argent, et vivent dans un raffinement extrême, de leurs robes à leur lit. Luxe, classe et volupté : tel pourrait être l’adage de la Femme newtonienne. Quand Newton publie un livre intitulé Un monde sans hommes, il formule l’expression visionnaire d’une société où les femmes ont conquis assez de pouvoir pour parvenir, le cas échéant, à se passer des hommes.

Je reconnaitrais une « qualité » aux photographies de Newton : elles préfiguraient un aspect de notre monde d'aujourd'hui que j'exècre, de luxe tapageur, de vacuité et de pouvoir méprisant.

Cela ne me donne pas envie de les regarder...