La route du thé jusqu'au Japon ?
La géographie de l'Oeil Curieux parait pour le moins surprenante.
L'ancienne route du thé, appelée aussi route du thé et des chevaux parcourait le Yunnan, en Chine.

Alors, comment se retrouver dans l'archipel nippon ?
Pour cela, j'ai suivi la route du thé, pas celle du lointain Orient, mais celle de l'Ouest, au musée Guimet.

Mon ascension vers le Fuji a commencé paradoxalement par une descente, au rez-de-jardin.
Comme une borne kilométrique, une tonne de thé compressé par Ai WeiWei marque le début du voyage et symbolise l'importance de cette plante dans le monde.

Ai Weiwei, Tonne de thé compressé
Ai Weiwei, Tonne de thé compressé

Un voyage à travers les trois âges du thé, l’âge du thé bouilli sous les Tang (618-907), qui se prolonge de nos jours au Tibet et en Mongolie avec le célèbre thé au beurre de yak rance, l’âge du thé battu sous les Song (960- 1279) avec de merveilleux survivants comme la cérémonie du thé japonaise et son thé Matcha et enfin l’âge du thé infusé sous les Ming (1368-1644), pratique encore la plus répandue aujourd'hui.

Le thé a été en concurrence avec le vin, partageant les faveurs des lettrés.
Par delà cette concurrence, il y a une parenté dans la dégustation.
Quand Madame Yu Hui Tseng, maître du thé, fouit dans sa mémoire olfactive, les mots possèdent les mêmes racines profondes et sont teintés de la même poésie que ceux d'un œnologue.



Le voyage se poursuivit au milieu des bols et serveuses de l'Empire du Milieu, aux teintes subtiles et aux dragons serviables, faisant dos rond pour aider l'amateur de thé.

Bol. Grès à couverte "fourrure de lièvre", cerclage en argent. Chine, fours de Jian (Fujian), XIIe-XIIIe siècles. Crédits : © RMN-GRAND PALAIS (MUSÉE GUIMET, PARIS)/RICHARD LAMBERT
Bol. Grès à couverte "fourrure de lièvre", cerclage en argent.
Chine, fours de Jian (Fujian), XIIe-XIIIe siècles.
© RMN-GRAND PALAIS (MUSÉE GUIMET, PARIS)/RICHARD LAMBERT

Verseuse. Porcelaine qingbai blanc azuré. Chine, Fujian, XIIIe siècle. Crédits : © RMN-GRAND PALAIS (MUSÉE GUIMET, PARIS)/THIERRY OLLIVIER
Verseuse. Porcelaine qingbai blanc azuré.
Chine, Fujian, XIIIe siècle.
© RMN-GRAND PALAIS (MUSÉE GUIMET, PARIS)/THIERRY OLLIVIER

Il était ensuite temps de reprendre la marche vers les cimes, pour atteindre la coupole de la bibliothèque, refuge, pour quelques semaines, des œuvres du maître japonais.

Chemin faisant, j'ai croisé le fantôme d'Oiwa, pauvre créature au visage déformé par le poison, qui hante désormais le monde.

Hokusai, Le fantome de Oiwa
Hokusai, Le fantome de Oiwa

Un dragon au regard débonnaire apparut furtivement dans les nuages.

Hokusai, Dragon dans les nuages
Hokusai, Dragon dans les nuages

Il faut dire que le temps était orageux à l'approche du sommet.

Hokusai, L'Orage sous le Sommet
Hokusai, L'Orage sous le Sommet

Mais la route du thé m'avait bien mené au Mont Fuji...