Il y aura eu un parfum de France dans les deux expositions visitées en 2016 à la Maison de la Culture du Japon à Paris (voir le billet sur Paul Jacoulet).

Kunihiko Moriguchi a résidé en France dans les années 60, élève de l’École nationale des arts décoratifs et ami avec le critique Gaëtan Picon et le peintre Balthus.
Il parle d’ailleurs encore français et semble apprécier les vins français, comme vous pourrez le voir dans le documentaire « Trésor vivant » qui lui est consacré par Marc Petitjean.

Voici pour la touche française, parce tout le reste est profondément nippon.
Comme son père, Kakō Moriguchi en 1967, Kunihiko Moriguchi a été désigné « trésor national » en 2007.
Un trésor national est un « conservateur des biens culturels immatériels importants », une personne reconnue par le gouvernement japonais comme détentrice d'un savoir qu'il est important de perpétuer.
C'est l’expression de cette continuité de la culture japonaise, qui chérit le passé et les traditions, sans pour autant rejeter le présent et la modernité.

Kunihiko Moriguchi est donc un maître reconnu, un maître du yûzen, la teinture des tissus.
Il réalise d'étonnants kimonos, dont la forme reste immuable, mais avec des motifs très géométriques, rigoureusement et scientifiquement dessinés.

Comme dans de nombreux arts au Pays du Soleil Levant, la nature, les éléments et les saisons sont des sources d'inspiration et les kimonos se nomment ainsi « Mûrissement » ou « Pureté du Matin ».

Kunihiko Moriguchi Première neige, 1986, Hiroshima Prefectural Art Museum
Kunihiko Moriguchi, Première neige, 1986
Hiroshima Prefectural Art Museum

Kunihiko Moriguchi Sable en dérive, 1984, Pièce en dépôt au National Museum of Modern Art, Tokyo
Kunihiko Moriguchi, Sable en dérive, 1984
Pièce en dépôt au National Museum of Modern Art, Tokyo

Kunihiko Moriguchi Aube, 1974, Collection particulière
Kunihiko Moriguchi, Aube, 1974
Collection particulière

Kunihiko Moriguchi Ecailles, 2012, Agence nationale japonaise des affaires culturelles
Kunihiko Moriguchi, Ecailles, 2012
Agence nationale japonaise des affaires culturelles

Le documentaire « Trésor vivant » complète à merveille l'exposition.
On y découvre le travail de Kunihiko Moriguchi, sa recherche de la perfection, les gestes répétés à l'infini d'un artisanat élevé au rang d'art, mais aussi sa vie quotidienne, chez lui, dans une rue modeste de Kyoto, avec le marchand ambulant de tofu, qui fait du porte à porte, comme cela se fait probablement depuis longtemps.

TRESOR VIVANT from Marc Petitjean on Vimeo.



Kimono (« vêtement »), du japonais 着物, de 着る (« porter sur soi ») et 物 (« chose »), littéralement « chose que l'on porte sur soi ».