Dans ma mémoire grenier, il y a une bobine avec un documentaire en N&B.
C'est en province, dans le passé, quand tuer le cochon était un événement.
Je pense l'avoir vu à la télévision, il y a longtemps.
J'ai envie de le revoir.

Je l'ai retrouvé dans le gigantesque grenier d'internet.
Avant que vous ne le regardiez (ou pas), je dois vous prévenir qu'il n'est pas possible d'écrire « aucun animal n'a été maltraité durant ce tournage ».
Le cochon meurt dès le début.
Si vous êtes végan, végétalien, végétarien ou sensible à la cause animale, ce que je respecte, le film vous sera pour le moins pénible, voire insupportable.
A titre personnel, je suis flexitarien, si je dois être classé dans une catégorie.
Je mange de la viande, peu, mais j'essaye de privilégier la qualité et le bien-être animal.
J'assume qu'un animal soit tué pour me nourrir, même si je ne le tue pas moi même.
Je veux croire qu'il est possible de faire cela en respectant l'animal, qui est un être conscient.
Ceci étant posé et étant parfaitement opposable, le documentaire dont j'ai envie de parler est en dessous.
Je vous laisse le regarder si vous en avez envie et je vous retrouve après pour en discuter.


Ce documentaire, je viens donc de le revoir et je suis toujours enthousiasmé.
Encore plus aujourd'hui, avec les années qui passent et mon vécu.

Il me ramène à mon enfance et mon adolescence.
Nos voisins de Charente élevaient un porc.
Quand je jouais avec Patrick, le fils de la famille, un peu plus âgé que moi, pour le goûter, il nous arrivait d'ouvrir un pot de grillons Maison (nos « rillettes » charentaises) et de déguster une tartine de bon pain avec cette gourmandise.
Mon père, charentais, né en 1929, se souvient de l'événement que représentait « tuer le cochon ».
Pas plus tard que ce matin, je discutais avec Thierry, mon maraîcher, et il se souvenait aussi du cochon, tué par son grand-père.

Ce documentaire, il fait revivre cet événement de nos campagnes.
Il nous rappelle que pour manger de la charcuterie ou de la viande, un animal a été sacrifié.
Il ne faut jamais l’oublier.
La scène de l’égorgement est cruelle puisqu'un être vivant est tué.
Pourtant, pas de transport en camion vers l’abattoir, pas de cris des autres porcs tués à la chaîne.
Pas de violence gratuite pour amener la victime sur le lieu de l'exécution.
Le geste du tueur est précis et bref.
Dans le documentaire, je suis extrêmement sensible aux gestes des hommes  : précis, maîtrisés, presque délicats pour nettoyer la peau, découper la viande.
L'homme, qui tue et détaille le porc, maitrise un savoir qui m'est complètement étranger.
C'est la continuation à travers les siècles d'une activité humaine, pour nourrir l'homme, cet omnivore au sommet de la chaîne alimentaire.
Le cochon, j'aime le manger et je trouve que c'est une viande modeste et économe, dans laquelle tout se consomme.
J'imagine que les hygiénistes sont fous quand il voit les conditions de l’abattage et de la préparation.
Mais ces conditions, non industrielles, me paraissent finalement plus respectueuses et plus humaines, et je n'aurais aucune réticence à consommer ces produits.

Pour finir sur une note plus légère, le cochon est certainement un de mes animaux totem, avec la cagouille (l'escargot) et le poulpe.
Le titre de ce billet est une référence à une BD  : les Aventures de Stevostin, qui se passe dans le monde du jeu en ligne « World of Warcraft ».
Il se trouve que j'ai été joueur de WoW ainsi qu'Aubin, mon plus jeune fils.
La BD est à la maison et avait réjoui les joueurs et amateurs de BD que nous étions (et je la relis toujours avec plaisir).
Il y a un épisode dans lequel le héros doit tuer des cochons pour acquérir des points et de l'expérience.
Aventures de Stevostin, tome 1 : La Porte Sombre. Planche 6.

Depuis une fête des Pères, un Noël ou un anniversaire, j'ai donc un splendide tablier « Pardon Mr Cochon » offert par Aubin.
Tablier Stevostin "Pardon Mr Cochon"

D'où le titre de ce billet « Merci Monsieur Cochon ».
C'est un peu le chaos dans ma mémoire grenier et tout est lié avec tout...