Je vous avais rencontré dans "Le temps des ouvriers", une extraordinaire série documentaire passée sur Arte en avril 2020.
À 10 min 24 s de l’épisode 3 pour être précis, pour le geste du travailleur manuel.


Dans vos interventions, dans cet épisode et le suivant, j'avais été captivé par la qualité de votre parole, de votre réflexion.
J'en avais parlé avec des collègues qui avaient aussi vu le documentaire.

Mais je n'avais pas spécialement cherché à en savoir plus sur vous.

Plus tard, j'avais découvert que vous aviez écrit un livre « À la ligne » et j'avais vu votre intervention dans la grande Librairie.


Toujours cette justesse, une humanité à fleur de peau et cet amour infini de la littérature.
J'avais noté l'ouvrage dans ma liste d'envies.
Joseph Ponthus "A la ligne", La Table Ronde

Il y est toujours, mais je l'ai offert à mon fils Matthieu, convaincu qu'il serait sensible à votre écriture.

Le temps a continué à filer....

Et cette semaine, vous êtes réapparu dans mon fil Facebook, emporté par un cancer à 42 ans.

Comme Morphée se plaît à teinter d'un nuage de nuit blanche les nuits que je voudrais savourer noires, j'ai écouté cette nuit votre entretien avec Marie Richeux sur France Culture.


J'ai retrouvé ce qui m’avait impressionné dès le début  : la douceur pour parler de l' extrême violence du monde du travail, la littérature qui vous habitait et vous permettait de survivre sur la ligne, votre réflexion sur la classe ouvrière, une gentillesse et une modestie chaleureuses.

Je ne sais pas comment le formuler, mais vous êtes, avec d'autres artistes, une des rencontres qui m'auront marqué.
Ma vie n'a pas été aussi dure que la votre, le crabe ne s'est pas (encore ?) attaqué à moi, mais nous partagions ce bonheur de la littérature et me semble-t-il, un même regard sur le monde et sur la classe ouvrière.

En finissant ce billet, je pense à la phrase de Robert Filliou

L'art est ce qui rend la vie plus intéressante que l'art

Il est temps que je lise votre Magum Opus.
Alors, à bientôt monsieur Ponthus.