L'Oeil Curieux

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Tag - Carré St Anne

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mardi 12 mars 2013

Fou à (Montpel)lier d'art

Montpellier, 10 mars 2013 : il me faut de l'art, comme tous les weekends !
Comptant bien avoir quelques heures de liberté dans un séjour chargé du type « déménagement d’étudiant », j'avais noté que le Pavillon Populaire abritait les 13èmes Boutographies et que le Carré St Anne proposait huit artistes européens, d'une génération émergente dans les années 1990.

Les Boutographies, qui doivent leur nom bizarre au quartier Boutonnet ou cette manifestation a été créée en 2001, sont consacrées à la jeune photographie de création européenne.
Le Pavillon Populaire abrite 13 jeunes artistes dans une belle diversité de regard.

Le tumulte du monde fournit souvent le sujet des travaux des jeunes photographes, qui s'interrogent et nous interrogent sur les réalités sociales ou sexuelles d’aujourd’hui, ou explorent, avec toute leur sensibilité, leurs racines.

Fabrice Fouillet explore l'architecture improbable d'Astana, nouvelle capitale du Kazakhstan.
Sous un climat extrême (il gèle régulièrement 6 mois par an), des constructions pharaoniques dessinent une cité, vitrine du pouvoir, à la beauté artificielle et dénuée de vie.
Fabrice Fouillet, Eurasisme
Fabrice Fouillet, Eurasisme

Fabrice Fouillet, Eurasisme
Fabrice Fouillet, Eurasisme

À l'opposé de cette recherche effrénée de la modernité, Thomas Vanden Driessche nous invite, entre Sambre et Meuse, à parcourir la campagne avec des reliques religieuses, escortées par de singulières troupes aux uniformes d'Empire.
Thomas Vanden Driessche, Marcheurs belgique, 2011-2012 © Thomas Vanden Driessche
Thomas Vanden Driessche, Marcheurs belgique, 2011-2012
© Thomas Vanden Driessche

Thomas Vanden Driessche, Marcheurs belgique, 2011-2012 © Thomas Vanden Driessche
Thomas Vanden Driessche, Marcheurs belgique, 2011-2012
© Thomas Vanden Driessche

Mais l'image, pur objet graphique, n'est pas pour autant oubliée avec les œuvres de Delphine Burtin ou de Christine Mathieu.

La découverte de la salle tapissée des étranges masques/visages procure une expérience assez unique, avec ces faces aveugles qui scrutent le visiteur étonné.
Christine Mathieu, Le temps exténué réclame du silence.
Christine Mathieu, Le temps exténué réclame du silence.

Christine Mathieu, Le temps exténué réclame du silence.
Christine Mathieu, Le temps exténué réclame du silence.

Quant aux déchets ménagers, ils trouvent dans les natures mortes de Delphine Burtin une beauté inattendue.
Delphine Burtin, disparition #51, #52
Delphine Burtin, disparition #51, #52

Delphine Burtin, disparition #26.
Delphine Burtin, disparition #26.

Après cette séquence photographique, direction le Carré Ste Anne, qui abritait cet été une bien belle procession.

L'exposition en cours se nomme « Signes des temps », et les temps ne sont pas vraiment à l'optimisme à en croire les artistes présentés.
La nef de l'ancienne église est le lieu parfait pour accueillir des œuvres sombres, inquiétantes.

John Issacs souligne avec humour notre déchéance, mais apporte aussi un message d'espoir dans notre capacité à réagir.
John Isaacs, If not now then when ...?" , 2010
John Isaacs, If not now then when ...?" , 2010

Son monolithe, échappé de « 2001, l’odyssée de l'Espace », nous invite à créer notre propre dieu et à enterrer nos démons.
Une face lisse, brillante reflète notre image.
Image d'un Dieu ou image de l'homme conçu à l'image de Dieu ?
John Isaacs & MK Kähne, Give birth to your own god and bury your own demons (Monolith), 2009
John Isaacs & MK Kähne
Give birth to your own god and bury your own demons (Monolith), 2009

L'autre face, un bar aux étagères bien remplies, nous permet d'enterrer nos démons.
En buvant ou au contraire en renonçant aux délices sulfureux de l'alcool ?
John Isaacs & MK Kähne, Give birth to your own god and bury your own demons (Monolith), 2009
John Isaacs & MK Kähne
Give birth to your own god and bury your own demons (Monolith), 2009

Et si de la création d'un nouveau cocktail surgissait un dieu digne d'un culte assidu ?
Et si notre reflet nous aidait à oublier les démons modernes de la silhouette parfaite et éternellement jeune ?

La céramique est à l'honneur avec des œuvres très différentes, mais tout aussi fortes.

Les couronnes mortuaires d'Anne Wenzel, son Requiem de L’Héroïsme, se décomposent, se liquéfient, s'effilochent comme la mémoire des événements qu'elles célèbrent.
Anne Wenzel, Requiem of Heroism, 2010 Photography: John Stoel
Anne Wenzel, Requiem of Heroism, 2010 Photography: John Stoel

Anne Wenzel, Requiem of Heroism, 2010 Photography: John Stoel
Anne Wenzel, Requiem of Heroism, 2010 Photography: John Stoel

Michel Gouéry, démiurge céramiste, engendre d'étranges créatures.
Michel Gouéry, Sans titre, 2007. Céramique.  Courtesy Frac Auvergne, © Michel Gouéry
Michel Gouéry, Sans titre, 2007. Céramique.
Courtesy Frac Auvergne, © Michel Gouéry

Ronald Ophuis ne travaille pas dans un monde imaginaire, malheureusement devrais je dire.
Car ce peintre suit un protocole bien particulier pour réaliser ses tableaux.
Il se rend sur des lieux de conflits pour recueillir les témoignages de victimes et de survivants.
Il réalise un travail journalistique pour accumuler les faits, l'horreur dans ses moindres détails.
De retour dans son atelier, il reconstitue les scènes avec des acteurs et les photographie.
Il réalise ensuite les tableaux à partir de ces reconstitutions photographiques.

La guerre de Bosnie est un de ses thèmes, avec son cortège de violence et d'exactions.
Son « Hotel du Viol » est dérangeant et plonge le spectateur dans un malaise diffus.
L'horreur n'est pas visible, mais sa présence passée, et à venir, devient palpable dans cette chambre à la fenêtre obturée ou trois femmes attendent d'être à nouveau violées.
Ronald Ophuis, Rape Hotel - Bosnia 1992 2008
Ronald Ophuis, Rape Hotel - Bosnia 1992 2008

Comme souvent, je rends compte d'une exposition dans ses derniers jours, les Boutographies se terminant Dimanche 17 mars.
Par contre, « Signs of The Times » dure encore plusieurs semaines.
Si vous la visitez, je vous souhaite d'avoir la chance de suivre une visite guidée comme celle que le hasard m'a fait partager ce dimanche 10 mars, à 16.00h.
Notre guide était enthousiaste, passionné et passionnant, nous offrant un beau moment de communion...pour les fous à lier de l'art.



dimanche 19 août 2012

Drôle de procession !

Drôles de paroissiens pour une drôle de procession, cet été, dans l'église Sainte Anne de Montpellier !

Dès l'entrée, l'accueil n'est visiblement pas assuré par les habituels enfants de chœur....

Yhayen (procession)



Mais finalement, rien d'anormal, puisque l'église a été désacralisée, devenue le Carré Sainte Anne, espace d'art contemporain de la Ville de Montpellier et abrite en sa nef, jusqu'à la mi-octobre, la procession imaginée par Hervé di Rosa.

L'artiste, aidé des artisans Bamoun, sculpteurs et bronziers, a mis les petits robots dans les grands pour nous offrir un extraordinaire défilé de robots, qu'Asimov lui même, dans ses rêves les plus fous, n'aurait jamais envisagé.

Yhayen (procession)



Cette merveilleuse multitude, née des dessins du fondateur du MIAM (Musée International des Arts Modestes) , a pris corps à Founbam, au Cameroun, des copeaux de troncs taillés et des scories du métal en fusion.

Ainsi ont été engendrés les lointains cousins et cousines de Robbie, R2-D2 et Futura, fétiches futuristes, bien loin de leur terre d’Afrique, ex-voto robotiques perdus dans une église qui n'en est plus une.

Devant cette troupe empreinte d'une joyeuse solennité, les visiteurs, des étoiles dans les yeux, sourient devant un robot bicéphale,

Yhayen (procession)


une lune anthropomorphe filant à son rendez-vous avec le soleil,

Yhayen (procession)


quelques géants emperlés de couleurs enfantines,

Yhayen (procession) Yhayen (procession)


un costaud aux larges épaules

Yhayen (procession)


et le célèbre robot à chenilles processionnaires, connues pour les terribles démangeaisons qu'elles provoquent (si je ne confonds pas...).

Yhayen (procession)



Si vous passez à Montpellier, pèlerin de St Jacques suivant la Via Tolosana ou simple touriste en short, allez faire quelques pas avec la procession pleine de magie de Monsieur di Rosa.
Sinon, cliquez ici pour découvrir d'autres participants.