« In Girum Imus Nocte Et Consumimur Igni »
« Nous tournons en rond dans la nuit et nous sommes consumés par le feu »
Cerith Wyn Evans nous annonce-t-il, dans un cercle de lettres rouges, ce qui guette le visiteur ?
Cerith Wyn Evans, In Girum Imus Nocte Et Consumimur Igni, 1998
En effet, le feu du néon consume notre oeil (curieux), pour notre plus grand plaisir, tout au long de la visite de l'exposition «Néon, who’s afraid of red, yellow and blue ?»
Inventé par Georges Claude, et principalement utilisé pour les enseignes publicitaires, le tube au néon se révèle une prodigieuse matière première dans les mains des artistes.
Il peut être façonné, devenant écriture, forme abstraite ou figurative.
Mais avant toute chose, le tube de néon est lumière, maitrisée par l'artiste, éteinte, allumée , clignotante, naissante ou mourante, une lumière qui se reflète, se répète à l'infini dans les miroirs.
Avec une centaine d’œuvres, de 1940 à nos jours, la Maison Rouge nous offre une réjouissante luminothérapie en ces temps gris.
Classique avec Su-Mei Tse, qui, à l'instar de Magritte et sa pipe, nous propose sa trahison du Néon.
Su-Mei Tse, Tout sauf rouge, Zürich 2009
Politique avec le clignotement d'une lettre qui lie, inexorablement, deux mots.
Ici, Terreur rime avec Erreur, mais dans sa série « Terroréalismus », Kendell Geers fait aussi rimer Border avec Order (Frontière/Ordre) et Danger avec Anger (Danger/Colère)
Kendell Geers K.O Lab, T:error (2003) avec T
Photographie: workflo sur Flick
Kendell Geers K.O Lab, T:error (2003) sans T
Photographie: workflo sur Flick
Temporelle, avec la création d'un « avant » et d'un « après », sans cesse renouvelés, dans la réalisation de Frédéric Develay.
Frédéric Develay, Nouvelle version/Ancienne version
Vidéo : workflo sur Flickr
Temporelle encore, mais appelée à disparaître avec son auteur, puisque Stefan Brüggemann indique : « Cette oeuvre devrait être éteinte quand je mourrai ».
Stefan Brüggemann, This Work Should Be Turned Off When I Die (2010)
Photographie: workflo sur Flick
Emblématique, avec l'Art de Maurizio Nannucci, simplement de rouge, de jaune et de bleu.
Maurizio Nannucci, Art (1994)
Photographie: workflo sur Flick
Immersive et déstabilisante, comme proposé par Carlos Cruz-Diez avec son expérience assez unique de la Chromosaturation, qui nous plonge physiquement dans des chambres de lumière monochrome, rouge, verte ou bleue.
Carlos Cruz-Diez, Chromosaturation, 2011
Exposition "Carlos Cruz-Diez : Color in Space and Time"
Museum of Fine Arts, Houston (États-Unis), 2011
© Cruz-Diez / Adagp, Paris, 2012
Destructrice, avec l'averse de néons de Delphine Reist , qui nous entraine inexorablement, dans le chaos sonore du bris de verre, vers l'obscurité.
Delphine Reist, Averse, 2007
Mais, n'ayez peur ni du rouge, ni du jaune et ni du bleu, et allez découvrir le Néon à la Maison Rouge avant l'extinction, pardon, la fermeture de l'exposition.
- "Néon, who’s afraid of red, yellow and blue ?" à la Maison Rouge jusqu'au 20 mai 2012.
PS1 : « In Girum Imus Nocte Et Consumimur Igni » est un superbe palindrome en latin et aussi le titre d'un film de Guy Debord.
PS2 : le néon a inspiré, dès son apparition, les photographes, tel Gimpel et ses autochromes des enseignes parisiennes.
Léon Gimpel, Façade illuminée des Galeries Lafayette
1er décembre 1933, © SFP DR
Le néon continue à inspirer les photographes, enfin, au moins l'Oeil Curieux....
Le Photo Flaneur
Essence Bleue, 2009