Les formes sont d'abord capturées par Charlotte Perriand, photographe.
Elle, qui aimait "avoir l'oeil en éventail", photographie, avec une curiosité jamais rassasiée, les formes et textures de notre monde.
Aussi bien la géométrique structure d'une arête de poisson, que les cercles d'âge d'un robinier ou encore la silhouette aéronautique d'une vertèbre.

Arête de poisson, 1933, Charlotte Perriand
Arête de poisson, 1933, Charlotte Perriand

Bûche de robinier, forêt de Fontainebleau, 1933, Charlotte Perriand
Bûche de robinier, forêt de Fontainebleau
1933, Charlotte Perriand

Elle admire le volume d'un galet dans sa perfection minérale, elle savoure l'empilement cadencé de plaques de tôles.
Elle vénère la simplicité des formes, l'élégance de la création naturelle.

Vertèbre de poisson, 1933, Charlotte Perriand / Crédit : ©AChP_ADAGP 2011

Vertèbre de poisson, 1933, Charlotte Perriand
Crédit : ©AChP_ADAGP2011

Grès plage Normandie. Vers 1935, Charlotte Perriand
Grès plage Normandie. Vers 1935, Charlotte Perriand


Les formes sont ensuite créées par Charlotte Perriand, architecte.
Nourries de ces visions, ses créations consacrent la matière brute et la géométrie dépouillée.
Ne s'agit il pas de retrouver, à travers des objets manufacturés, un peu de cet "Art Brut", comme l'artiste appelle la création naturelle qui lui procure les galets, os et autres arbres qu'elle photographie ?

Une simple "tranche" de bois devient une table basse.

Table Basse, 1984.Collection Musée des Arts décoratifs,©Archives Charlotte Perriand/ADAGP, Paris 2011
Table Basse, 1984.Collection Musée des Arts décoratifs
©Archives Charlotte Perriand/ADAGP, Paris 2011

Une cage thoracique de tubes métalliques emprisonne des coussins, pour se métamorphoser en un confortable et cubique fauteuil.

Fauteuil LC2, 1928, Pierre Jeanneret, Le Corbusier, Charlotte Perriand
Fauteuil LC2, 1928
Pierre Jeanneret, Le Corbusier, Charlotte Perriand

Quand Charlotte Perriand associe à des planches de bois brut, de simples U en aluminium, elle conçoit une bibliothèque d'une grande sobriété.

Charlotte Perriand, Bibliothèque, 1956
Bibliothèque, 1956, Charlotte Perriand

Enfin, toujours avec le respect de la matière, une table se métamorphose en un élégant éventail

Table Eventail, 1972, Charlotte Perriand
Table Eventail, 1972, Charlotte Perriand


Cette passion des formes, le dialogue fécond entre la photographie et le design, l'exposition proposée par le Petit Palais, "Charlotte Perriand, 1903-1999, de la photographie au design" permet de découvrir et d'en apprécier toute la richesse.

Dans le Hall Jacqueau, les photographies et objets, regroupés en 4 thèmes - "Une démarche constructive", "L’objet trouvé dans la nature. L’art brut", "La montagne" et "L’arbre et la terre", éclairent le travail et la personnalité de cette femme engagée.

Son engagement social, sa volonté de proposer des réponses aux problèmes de son époque (comme la crise de 1929) sont matérialisés, en rez de jardin, par ses photomontages, abordant l'insalubrité de nombreux quartiers de Paris ou illustrant la politique agricole du Front Populaire.

La Grande Misère de Paris, 1936, Charlotte Perriand
La Grande Misère de Paris, 1936, Charlotte Perriand


Pavillon du ministère de l’Agriculture, 1937, Charlotte Perriand et Fernand Léger
Pavillon du ministère de l’Agriculture, 1937
Charlotte Perriand et Fernand Léger


Enfin, disséminées dans le rez de jardin et le rez de chaussée du Petit palais, d'autres créations de cette artiste majeure du 20e siècle entrent en résonnance avec les collections permanentes.