L'Oeil Curieux

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Tag - Cité internationale de la bande dessinée et de l image

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samedi 18 juillet 2020

Merci COVID 19 pour l'expo Trondheim

Il faut savoir être magnanime. La COVID m'a coûté quelques kilos en trop suite au confinement.
D'un autre côté, elle a épargné, jusqu'à présent, ma famille et mes proches.
Et grâce à elle, j'ai pu voir l'exposition Trondheim en juillet alors que sans ce virus, elle aurait été terminée en mai.

Je connaissais déjà les Donjons, œuvre tentaculaire et polymorphe, dont il me reste de nombreux tomes à découvrir.
Donjon Zénith, tome 1 : Coeur de canard
Donjon Zénith, tome 1 : Coeur de canard
Dessins : Lewis Trondheim, Scénario : Lewis Trondheim et Joann Sfar

Je connaissais Lapinot, que Trondheim a bien fait de ressusciter pour de nouvelles aventures.
"Les nouvelles aventures de Lapinot - Tome 1, un monde un peu meilleur" Lewis Trondheim © L'Association
"Les nouvelles aventures de Lapinot - Tome 1, un monde un peu meilleur"
Lewis Trondheim © L'Association

J'ai découvert les Petits Riens, délicieuse mise en image du quotidien de l'auteur, où il est si facile de se retrouver.
Petits Riens de Lewis Trondheim T07 - Un arbre en furie
Petits Riens T07 - Un arbre en furie
Lewis Trondheim

Merci donc COVID 19, pour toutes les planches dégustées lors de ma visite et surtout mille mercis pour m'avoir fait découvrir une superbe mappemonde Lapinot, qui serait du meilleur effet dans mon intérieur...
Crédit photos : ActuaLitté, CC BY SA 2.0
Mappemonde Lapinot (2002)
Crédit photos : ActuaLitté, CC BY SA 2.0

Crédit photos : ActuaLitté, CC BY SA 2.0
Mappemonde Lapinot (2002)
Crédit photos : ActuaLitté, CC BY SA 2.0



dimanche 24 août 2014

Métal à suivre en hurlant de bonheur

Cet été, j'ai feuilleté un dictionnaire amoureux de la bande dessinée.
J'ai navigué entre les pages de Métal Hurlant et de (A suivre), dans le foisonnement de la bande dessinée en France entre 1975 et 1997.

En 150 planches et plus d'une quarantaine d'auteurs ( Baru, Ted Benoît, Beb-Deum, Ben Radis, Philippe Bertrand, Enki Bilal, François Boucq, François Bourgeon, Yves Chaland, Jean-Christophe Chauzy, Jean-Claude Claeys, Serge Clerc, Didier Comès, Nicolas de Crécy, Jean-Claude Denis, Jean-Pierre Dionnet, Philippe Druillet, Didier Eberoni, Jacques Ferrandez, F’Murrr, Jean-Claude Forest, Jean-Claude Gal, Philippe Gauckler, Paul Gillon, André Juillard, Jacques de Loustal, Milo Manara, Philippe Manœuvre, Frank Margerin, Mœbius, Chantal Montellier, Johan de Moor, José Muñoz, Jean-Michel Nicollet, Benoît Peeters, Hugo Pratt, Etienne Robial, Jean-Marc Rochette, Grzegorz Rosinski, François Schuiten, Raoul Servais, Denis Sire, Benoît Sokal, Jacques Tardi), la Cité internationale de la bande dessinée et de l'image m'a rappelé comment la BD a toujours été dans ma vie.

J'ai redécouvert des auteurs que j'avais oubliés, retrouvé avec plaisir d'autres qui m'accompagnent toujours et enfin découvert certains que je ne connaissais pas.
J'ai fait un beau voyage dans mes souvenirs, mes émotions.
J'ai aussi, de retour à mon domicile, cherché dans ma bibliothèque et exhumé quelques ouvrages qui maintenant, attendent, à ma tête de lit, d'être relus.

Parmi les auteurs présents à Angoulême, j'en ai choisi 6, pour des raisons très différentes à chaque fois.

Jean-Claude Gal, je l'avais découvert pour mes 20 ans, avec « Les Armées du conquérant », offert par Nicolas, mon binôme à l'IUT.
Un dessin fouillé et dense, puissant.
Les armées du conquérant  Dessin : Jean-Claude Gal,  Scénario : Jean-Pierre Dionnet,  1977, Les Humanoïdes Associés
Les armées du conquérant
Dessin : Jean-Claude Gal, Scénario : Jean-Pierre Dionnet
1977, Les Humanoïdes Associés

J'avais reçu l'album et Papa avait débouché, pour ce repas d'anniversaire, un Cahors de mon année de naissance (un millésime exceptionnel....pour les vins rouges).
Je ne peux pas boire à nouveau le divin breuvage, mais je vais relire la BD !

Je trouve que Bilal n'a jamais été aussi bon qu'avec des scénaristes de talent.
Dionnet en était un et Exterminateur 17 confirme mon sentiment.
Exterminateur 17 Dessin : Enki Bilal, Scenario: Jean Pierre Dionnet, Les humanoïdes associés
Exterminateur 17
Dessin : Enki Bilal, Scenario: Jean Pierre Dionnet
Les humanoïdes associés

Les albums de Bilal avec Christin sont aussi des merveilles.

Pour Hugo Pratt, j'ai choisi son songe d'un matin d'hiver, qui est sans conteste mon aventure préférée de Corto Maltèse.
Les Celtiques - Songe d'un matin d'hiver - Corto Maltese Hugo Pratt
Les Celtiques - Songe d'un matin d'hiver - Corto Maltese Hugo Pratt

J'adore cette histoire, avec sa poésie shakespearienne, et Puck, Oberon, Merlin et Morgane qui défendent l'Angleterre celte contre les allemands.

Toujours la première guerre mondiale, avec Jacques Tardi, qu'il est urgent de lire en ces années de Centenaire de la Grande Boucherie.
Jacques Tardi - C'était la guerre des tranchés - Casterman
Jacques Tardi - C'était la guerre des tranchés - Casterman

Enfin, un privé comme je les aime, alcoolique, amoureux et malheureux, l'extraordinaire Canardo de Benoît Sokal.
Sokal Canardo Le chien debout
Sokal Canardo Le chien debout

Un petit message à l'adresse de Thierry Le Borgne.
J'ai retrouvé mon exemplaire du Métal Hurlant Spécial Lovecraft, avec sa couverture dessinée par Giger !
Metal Hurlant n°33bis Special Lovecraft

Nous en avions discuté lors de notre sympathique diner du 9 août et Cthulhu a répondu à ma supplique.

Bonus du jour : du Tac au Tac avec Jean Giraud (Moebius) et Hugo Pratt.
Je ne me lasse pas de regarder les auteurs en action !




mercredi 15 août 2012

Petites chroniques japonaises

J'ai la certitude que Benzaiten, déesse du savoir, de l'art et de la beauté, de l'éloquence, de la musique, de la littérature, des arts (et accessoirement des sciences, de la vertu et de la sagesse, de la prospérité et de la longévité), a organisé, spécialement pour l'Oeil Curieux, un « été japonais ».

Seule une intervention divine peut expliquer cette conjonction, à Paris et à Angoulême, d'expositions sur des thèmes aussi variés que le Kabuki, les mangas et la laque, associant la peinture, le dessin et la photographie.

Comme Benzaiten appartient à la bien connue bande des « Sept divinités du bonheur », bande côtoyée par mon plus jeune fils, actuellement au Japon, je la soupçonne de m'avoir adressé ainsi un clin d’œil de l'empire du Soleil Levant !

Vous souhaitez connaître un programme culturel estival concocté par une divinité ?
Suivez-moi !

Entrée en matière avec les arts traditionnels et le Kabuki, grâce à la somptueuse exposition de la fondation Pierre Bergé - Yves St Laurent.



Les costumes de scène de ce théâtre très codifié, ou des acteurs masculins occupent aussi les rôles féminins, sont de véritables œuvres d'art, aux étoffes richement décorées.

Manteau court (haori) et kimono (kitsuke) avec motif de pins sous la neige. Japon, 1940s ©Shochiku Costume Co, Ltd, Tokyo
Manteau court (haori) et kimono (kitsuke)
Décor de pins sous la neige.
Japon, années 1940
© Shochiku Costume Co, Ltd, Tokyo

Manteau court (haori) et kimono (kitsuke)  à décor de poulpe et de coquillages Japon,années 1980 ©Shôchiku Costume Co, Ltd, Tokyo
Manteau court (haori) et kimono (kitsuke)
Décor de poulpe et de coquillages.
Japon,années 1980
© Shôchiku Costume Co, Ltd, Tokyo

J'ai été séduit par ce décor de poulpe, animal que j'affectionne particulièrement.

Hokusaï, Le Rêve de la femme du pêcheur
Hokusaï, Le Rêve de la femme du pêcheur

Animal que j'affectionne même avec gourmandise !

Nigiri Sushi au Poulpe (Tako)
Nigiri Sushi au poulpe (tako)


Takoyaki by yomi955

Takoyaki, spécialité d'Osaka au poulpe

Mais je m'égare, je m'égare ! (C'est le danger d’écrire un billet à l’heure du repas...).

Véritable cadeau des dieux, enfin d'une déesse, l'exposition du musée Cernuschi sur les oeuvres de Shibata Zeshin m'a ensuite délecté.
« Rèves de laque », les Inrõ, boites à compartiments, les écritoires, les boites à encens révèlent la maitrise de l'artiste-artisan laqueur, avec des décors raffinés et un rendu des matières et textures stupéfiant de réalisme.

Inros, Collection Catherine et Thomas Edson, San Antonio Museum of Arts © San Antonio Museum of Art, photo Douglas Chew Ho
De gauche à droite

Inro à décor de chasse aux lucioles, laque sur bois
Bouton (ojime) en métal reproduisant un faisceau de troncs de bambou
Contrepoids (netsuke) en forme de boite laquée à décor en laque colorée

Inro à décor de fantôme apparaissant derrière une moustiquaire, laque sur bois
Bouton (ojime) en ivoire en forme de crâne
Contrepoids (netsuke) en laque décoré de dieux et démons

Inro à décor de baton d'encre et d'encens, laque sur bois
Bouton (ojime) en perle de corail
Contrepoids (netsuke) en ivoire en forme d'aigle

Collection Catherine et Thomas Edson, San Antonio Museum of Arts
© San Antonio Museum of Art, photo Douglas Chew Ho

La même perfection habite cette improbable vision d'un rapace et de son reflet dans l'onde d'une cascade.

Faucon se mirant dans une cascade, Collection Catherine et Thomas Edson, San Antonio Museum of Art Ó San Antonio Museum of Art/ photo Peggy Tenison,
Faucon se mirant dans une cascade
Paire de rouleaux verticaux
Encre et couleurs légères sur soie
Collection Catherine et Thomas Edson, San Antonio Museum of Art
© San Antonio Museum of Art/ photo Peggy Tenison

Pour prolonger le rêve, j'ai emporté le superbe catalogue en quittant le musée...

Bien informée de mes passions, la déesse m'a fait découvrir Yutaka Takanashi, une des figures importantes de la photographie nippone d'après-guerre, à la Fondation Cartier Bresson.
D'abord photographe de l'invisible, avec ses clichés au Noir et Blanc poétique, Takanashi bascule, quelques années plus tard, dans une exploration du temps suspendu, avec les couleurs des bars du quartier Golden-gai de Tokyo et sa série Machi (la ville), ses vieilles ruelles et ses intérieurs.

© Yutaka Takanashi, Machi, 1975, Galerie Priska Pasquer, Cologne
© Yutaka Takanashi, Machi, 1975
Galerie Priska Pasquer, Cologne

Yutaka Takanashi, Gare de Tokyo, quartier de Chiyoda, 1965 (c) Yutaka Takanashi / Courtesy Galerie Priska Pasquer, Cologne
Yutaka Takanashi, Gare de Tokyo, quartier de Chiyoda, 1965
(c) Yutaka Takanashi / Courtesy Galerie Priska Pasquer, Cologne

En Charente, m'attendait « Mangapolis : un été japonais », un ensemble de six expositions proposées par la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image d'Angoulême : « La ville japonaise contemporaine dans le manga », « Dreamland, manfra des merveilles » « Tatsumi, de la planche à l’écran », « Haïku », « Portraits japonais, photographies de Nicolas Guérin » et enfin « Taniguchi Jirô, éloge du détour ».

Les planches de Taniguchi m'ont replongé, avec grand plaisir, dans l'univers de cet auteur, fait des petits émerveillements de la nature, de la richesse des relations humaines ou du plaisir de se perdre dans la ville.

Jirô Taniguchi, L'Homme qui marche, Casterman
Jirô Taniguchi, L'Homme qui marche, Casterman

Nous incitant bien souvent à l'introspection, ce remarquable auteur, au graphisme empreint d'une grande quiétude, réussit aussi à nous faire ressentir avec une rare intensité les plaisirs de la table d'un gourmet, autre marcheur solitaire.

Jirô Taniguchi, Le gourmet solitaire, Casterman
Jirô Taniguchi, Le gourmet solitaire, Casterman

Personnellement, une envie de restaurant japonais m'envahit après chaque lecture du « Gourmet Solitaire » !

Pour terminer sur une ultime pirouette, mangas et photographie ont fusionné à la Maison Européenne de la Photographie, avec d'étonnants portraits réalisés par Anderson & Low.
Dans « Manga Dreams », la réalité glisse vers l'univers graphique des mangas et de l'Anime.

Anderson & Low, Untitled (The Sunset Duel)
Anderson & Low, Untitled (The Sunset Duel)

Anderson & Low, Untitled (Forest Defender)
Anderson & Low, Untitled (Forest Defender)

Alors, plutôt réussi ce divin programme culturel, non ?