Mon tropisme pour l'Empire du Soleil Levant guide souvent mes pas et délie ma plume.
En attendant d’atterrir à Tokyo, Haneda, la Maison de la Culture du Japon, Quai Branly, est une destination plus proche et qui distille néanmoins de délicieuses saveurs nipponnes.

J'y ai fait, samedi, une de mes plus enthousiasmantes rencontres de l'année.

Paul Jacoulet, né à Paris en 1896, a vécu pratiquement toute sa vie au Japon, ou il est arrivé à l'âge de 3 ans.
Au Japon, il est reconnu comme l'un des derniers grands maîtres de l'estampe ukiyo-e, «  image du monde flottant  ».
L'expression semble particulièrement juste pour les portraits du maitre français  : il capture, avec une infinie justesse et une grande empathie, un monde pas si éloigné de celui Hiroshige, Hokusai ou Utamaro mais appelé à disparaître dans les années qui vont suivre.

Réalisées par les meilleurs artisans, ses estampes sont une étonnante synthèse de technique et formalisme totalement japonais et du regard curieux d'un artiste nourri d'art occidental.

Paul Jacoulet porte un regard d’ethnologue sur les danses traditionnelles.
Danses D'Okesa. Sado, Japon - Paul Jacoulet, 1952
Danses D'Okesa. Sado, Japon - Paul Jacoulet, 1952

Il croque avec tendresse la vie quotidienne, un jeune enfant porté par son frère, quelques piments rouges proposés par un modeste marchand et la tranquille contemplation d'une chenille verte.
Les Deux Freres. Izu, Japon - Paul Jacoulet, 1936
Les Deux Freres. Izu, Japon - Paul Jacoulet, 1936

Les Bons Piments Rouges. Johokuri, Coree - Paul Jacoulet, 1954
Les Bons Piments Rouges. Johokuri, Coree - Paul Jacoulet, 1954

La Chenille Verte. Coree - Paul Jacoulet, 1936
La Chenille Verte. Coree - Paul Jacoulet, 1936

Dans la grande tradition, il maîtrise aussi les sujets animaliers et végétaux.
Le Nid. Coree - Paul Jacoulet, 1941
Le Nid. Coree - Paul Jacoulet, 1941

Ses trois jolies Coréennes emmitouflées célèbrent la beauté féminine, dans une élégante composition.
Flocons De Neige. Pengyong, Coree - Paul Jacoulet, 1956
Flocons De Neige. Pengyong, Coree - Paul Jacoulet, 1956

Il faut vraiment voir les œuvres pour savourer la justesse des traits, la richesse des couleurs et la somptuosité des effets de transparence, comme dans «  les perles  » pour lesquelles plus d'une centaine de planches ont été nécessaires.
Les Perles. Mandchoukuo - Paul Jacoulet, 1950
Les Perles. Mandchoukuo - Paul Jacoulet, 1950

Gaufrage, utilisation du mica, d'or, couleurs éclatantes, les estampes présentées sont un pur ravissement.
Encore deux semaines pour voyager dans le monde flottant avec le maitre français....