L'Oeil Curieux

Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

vendredi 2 mars 2012

En pensant à Mondrian.

Il est un peintre qui occupe visiblement l'inconscient des photographes : le géomètre chromatique Piet Mondrian.
Son esprit peut être invoqué indifféremment par le truchement de lignes droites, de surfaces ou bien de couleurs.

Ainsi, German Lorca, photographe brésilien découvert dans la remarquable exposition de la MEP « Éloge du vertige, Photographies de la collection Itaú, Brésil », rend un hommage sans couleurs, mais non sans justesse, aux carrés et rectangles du maître de l'abstraction.

German Lorca Hommage à Mondrian, 1960
German Lorca
Hommage à Mondrian, 1960
(Homenaje a Mondrian)

En couleur, mais bien éloigné de la palette primaire du peintre et d'une rigueur géométrique toute relative, le « Travailleur de Mondrian », de Saul Leiter, est un elliptique et subtil hommage, un facétieux « travail en cours » d'une toile de Piet.

saul.leiter.mondrian.jpg
Saul Leiter
Mondrian Worker, 1954

Il parait alors inévitable qu'un jour, Mondrian s'invite dans mes photographies.

Naturellement, une première fois, avec de beaux bleus, quelques strictes lignes droites et d’orthodoxes angles droits.

Hommage à Mondrian / Tribute To Mondrian

Le Photo Flaneur
Hommage à Mondrian, 2010

Plus singulièrement, une seconde fois, en imaginant l'artiste s'éveillant, angoissé, devant une géométrie monochrome.

Cauchemar de Mondrian / Mondrian's Nightmare

Le Photo Flaneur
Cauchemar de Mondrian, 2011

La dernière fois, le peintre, enfin ses œuvres, s'exposait à Beaubourg, avec son Rouge, son Bleu et son Jaune qui coloraient la façade du bâtiment.

Mondrian à Beaubourg / Mondrian in Beaubourg

Le Photo Flaneur
Mondrian à Beaubourg, 2011

dimanche 12 décembre 2010

Saul Food : Leiter, le mange couleurs

Le ciel était bien gris, alors que je me dirigeais vers la Galerie Camera Obscura.
Ce gris justement, que Saul Leiter foudroie avec ses couleurs, crues, primaires dans ses clichés.
Mais, dans la Chambre Noire du Boulevard Raspail, nous attendaient aussi les peintures du photographe.

Avec la même appétence pour la couleur, l'abstraction est extrême dans les peintures, là ou la photographie est encore dans le carcan du réel.

Saul Leiter, Window, 1970s
Window, 1970s, gouache, casein and watercolor on paper
©Saul Leiter/ Courtesy Knoedler & Company in association with Howard Greenberg Gallery.


Saul Leiter, Sea, 1960s
Sea, 1960s, gouache, casein and watercolor on board
©Saul Leiter/ Courtesy Knoedler & Company in association with Howard Greenberg Gallery.

Et pourtant ce carcan du réel, Saul Leiter le tord, le déforme, pour accéder aux pigments qu'il convoite.
Premiers plans envahissants, sujets quelconques, cadrages incongrus, tout est prétexte à travailler la matière chromatique, telle une gouache épaisse sortie du tube.
Ici le vert d'un poteau, là le blanc d'un panneau(?), ailleurs les reflets d'une enseigne de coiffeur, Saul Leiter trempe le pinceau de son objectif dans les godets de la rue pour peindre la pellicule.

Saul Leiter green pole 50's
Green Pole, 50's
©Saul Leiter


Saul Leiter,kutztown,1948
Kutztown, 1948
©Saul Leiter


Saul Leiter, 463, 1956
463, 1956
©Saul Leiter

Le plus dans les photos de Leiter, c'est l'usage du reflet, de la buée et des éléments naturels comme la neige ou la pluie, qu'il mélange aux couleurs pour faire jaillir de nouvelles textures.

Une visite s'impose chez le Marchand de Couleurs, pour se colorer l'âme.