L'Oeil Curieux

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Tag - Diana Michener

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dimanche 15 janvier 2017

Le coeur chiffonné

J'avais presque oublié le pouvoir de la photographie, sa puissante révélation de l'humanité.
Samedi, après avoir visité trois étages de la MEP, j'avais le cœur chiffonné.

Andres Serrano a commencé à triturer mon cœur d'artichaut avec ses portraits.
Non pas ceux de la série « America », initiée après les attentats du 11 septembre, ni ceux de membres du Klu Klux Klan.

Klanswoman (Grand Klaliff II) Andres Serrano
Klanswoman (Grand Klaliff II) Andres Serrano

Mais d'abord avec ces portraits de sans-abri de New York, puis ceux de Bruxelles avec sa série « Denizens  of Bruxelles».

Nomads (Sir Leonard) Andres Serrano
Nomads (Sir Leonard) Andres Serrano

Omar Berradi, Denizens of Brussels series
Omar Berradi, Denizens of Brussels series
© Andres Serrano/Courtesy of the Royal Museums of Fine Arts of Belgium

Par la mise en scène de ces portraits, par leur beauté, le photographe nous fait voir des hommes et des femmes que nous ne regardons plus quand nous les croisons dans la rue.



Diana Michener, avec ses animaux tristes, m'a ensuite rappelé combien j'ai toujours peu aimé les zoos.

Diana Michener Anima Animals
Diana Michener Anima Animals

C'est anecdotique, mais je me souviens avoir écrit une dissertation au collège, dans laquelle, je disais que l'homme, jaloux de la liberté des animaux, les enfermait, et qu'en réalité, nous étions les prisonniers, mais que nous l’ignorions.
Au début, les zoos permettaient de découvrir les animaux de lointaines contrées, maintenant, alors que tout peut être vu sur internet, nous y gardons les dernières exemplaires d'espèce que nous n'avons pas encore fait disparaître de notre planète commune.
Les machines intelligentes, dont il est dit parfois qu'elles nous remplaceront, conserveront elles quelques humains en cage pour la mémoire ?

Quant à l’exposition « Family Pictures », elle pioche dans les collections de la MEP et propose des œuvres mettant en images des proches des photographes, père ou mère, enfant, ou mari et femme, comme Emmet Gowin qui a photographié Edith, sa femme, tout au long de leur vie commune, muse aimée et célébrée par des portraits amoureux à tout age.

Edith, Danville, Virginia, 1971 Emmet Gowin
Edith, Danville, Virginia, 1971 Emmet Gowin

Je n'en connais pas la raison profonde, mais je n'ai pratiquement jamais pris mes proches en photographie, ni mes parents, ni ma femme ou mes enfants.
Pourtant, je suis toujours ému quand je regarde les photographies prises par les autres, dans lesquelles je retrouve, par exemple, mes garçons aux divers âges de l'enfance.
Mais j'ai nié à mes propres photographies ce rôle de mémoire...

Aussi chiffonné soit-il, mon cœur d'artichaut ne m'a pas privé de plaisir en terminant ma visite avec les deux autres artistes proposés.

D'Harry Callahan, déjà présent dans « Family Pictures » avec Eleanor, j'ai retenu un magnifique travail sur l'ombre et la lumière, fruit de son séjour provençal, dans les années 50.

© The Estate of Harry Callahan / courtesy Pace/MacGill Gallery, New York Collection Maison Européenne de la Photographie, Paris – Don de l'auteur
© The Estate of Harry Callahan / courtesy Pace/MacGill Gallery, New York Collection
Maison Européenne de la Photographie, Paris – Don de l'auteur

Johann Rousselot, découvert dans la toujours excellente émission « Ping Pong », met enfin une dernière touche de couleurs à ce billet, avec une image de New Delhi, mégalopole effrayante et fascinante.

Zone industrielle de Ghaziabad, Delhi NRC, mars 2015. © Johann Rousselot / Signatures.
Zone industrielle de Ghaziabad, Delhi NRC, mars 2015.
© Johann Rousselot / Signatures









dimanche 17 février 2013

Souffler le beau et l'effroi

Après une séquence « Peinture » plutôt riche (« Edward Hopper », « La collection Werner » et « Dali », vive Paris et ses expositions !), j'étais comme en manque d'argentique, ou de pixels photographiques (je supporte bien les drogues de synthèse !).

Pour ce genre de situation, je connais une adresse que je recommande à tous les accrocs : la Maison Européenne de la Photographie.

Ma visite à l’hôtel de la Rue de Fourcy me procura sans peine ma dose de sensations, avec une programmation éclectique à souhait, en quatre injections.

Premier shoot avec Joel Meyerowitz, une découverte.

J'entends déjà les érudits de l'image ( mais lisent-ils mon blog?) se gausser de mon ignorance de cet artiste, qui amena la couleur à la photographie de rue américaine.

Mais je chéris cette ignorance, riche des promesses de nouvelles rencontres et d'émerveillement.

Et c'est en ignorant béat de plaisir que j'ai parcouru le second étage de la MEP, me délectant des « instants décisifs » des rues de New York, Paris ou d'ailleurs.

Que ce soit le flocon de neige lumineux, le galbe sensuel d'une jambe ou le pas de danse improbable d'un policier new-yorkais, le photographe nous révèle la poésie et l'humour du quotidien.
JFK Airport, NYC 1968 © Joel Meyerowitz Courtesy Howard Greenberg Gallery, New York City
JFK Airport, NYC 1968 © Joel Meyerowitz
Courtesy Howard Greenberg Gallery, New York City

Mexico 1963 © Joel Meyerowitz Courtesy Howard Greenberg Gallery, New York City
Mexico 1963 © Joel Meyerowitz
Courtesy Howard Greenberg Gallery, New York City

© Joel Meyerowitz Courtesy Howard Greenberg Gallery, New York City
© Joel Meyerowitz
Courtesy Howard Greenberg Gallery, New York City

© Joel Meyerowitz Courtesy Howard Greenberg Gallery, New York City
© Joel Meyerowitz
Courtesy Howard Greenberg Gallery, New York City

NYC © Joel Meyerowitz Courtesy Howard Greenberg Gallery, New York City
NYC © Joel Meyerowitz
Courtesy Howard Greenberg Gallery, New York City

Lake in Catskill Mountains © Joel Meyerowitz Courtesy Howard Greenberg Gallery, New York City
Lake in Catskill Mountains © Joel Meyerowitz
Courtesy Howard Greenberg Gallery, New York City

Et son intérieur rouge ravit l'avide de couleurs que je suis.
© Joel Meyerowitz Courtesy Howard Greenberg Gallery, New York City
© Joel Meyerowitz
Courtesy Howard Greenberg Gallery, New York City

Seconde injection, et l'expression prend alors tout son sens, avec les oeuvres d'un body-builder, Martial Cherrier, champion de France 1997.
Body-builder, mais surtout artiste qui façonne son corps/glaise, à coups de levers de fonte, d'ingestion d'aliments et de diverses substances et aussi d'injections d'autres diverses substances.
Il nous livre à travers ses peintures, photographies et installations une vision effroyablement lucide sur la métamorphose du corps et le prix à payer pour cette quête narcissique d'une certaine perfection.

Ici, l'artiste se représente en papillons, insectes à métamorphose complète.
Dans cette boite d'entomologiste, les spécimens aux ailes de notices pharmaceutiques des produits consommés sont épinglés par des aiguilles de seringues...
© Martial Cherrier
Série «Fly or Die», 2006 © Martial Cherrier

Là, une phonétique de la médication/addiction.
Just Do Eat, 1999 © Martial Cherrier
Just Do Eat, 1999 © Martial Cherrier

Et toujours, le corps et sa relation délétère avec les compléments alimentaires pour des « pensées positives ».
© Martial Cherrier
© Martial Cherrier

Troisième médication : injection massive de sexualité par Diana Michener.
Des corps figés dans des étreintes à la violence sourde, des images granuleuses à la sensualité féroce.
© Diana Michener
© Diana Michener

Fin du trip avec la rétrospective sur le magazine Images et ses 10 ans d'existence.
Images Magazine n°1 Octobre-novembre 2003
Images Magazine n°1 Octobre-novembre 2003

Le cerveau encore envapé, jaloux du mur de couvertures et des photographes célébrés par la revue, je me suis offert, dans un accès de narcissisme bien dérisoire, ma couverture d'Images (Merci Photomaton).
Images_L__oeil_Curieux003.jpg
Images Magazine n° spécial L'Oeil Curieux à paraitre ?

Un numéro à conserver précieusement, car les portraits de l'Oeil Curieux sont aussi rares que ceux d'Henri Cartier Bresson...

Plus sérieusement, ce 10e anniversaire d'un magazine que je ne connaissais pas spécialement (encore une lacune !), est l'occasion de revenir sur une décennie d'images avec quelques artistes représentatifs.

Extraits choisis de l'album souvenir 2003-2013 :

Microshop © frédéric Delangle
Microshop © Frédéric Delangle

Série Feuilles © Marie Amar
Série Feuilles © Marie Amar

Christophe Dugied, Le reflet, série Les Nocturnes.
Christophe Dugied, Le reflet, série Les Nocturnes.

PS : pour Images, j'ai comblé ma lacune en achetant le dernier numéro dès que je suis sorti de la MEP.