L'Oeil Curieux

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dimanche 29 juin 2014

La beauté de l'attaque à l'acide

J'aime beaucoup les estampes.
Elles sont moins intimidantes que les tableaux ou les sculptures.
Elles nous laissent croire qu'elles pourraient être accrochées sur nos murs.
Elles racontent les rencontres d'un artisan et d'artistes.

Et quelles rencontres pour Aldo Crommelynck !
Tal Coat, Juan Miro, Le Corbusier, Alberto Giacometti, André Masson, Georges Braque… et surtout Picasso pour lequel il travaille presque exclusivement quand il installe, avec son frère Piero, un atelier de gravure à Mougins, proche de la maison du peintre.

Sa renommée attire les artistes de l'étranger, qui fréquentent l'atelier de la Rue de Grenelle.
Jim Dine lui rend un bel hommage en 1981.
Jim Dine A heart on the Rue de Grenelle, 1981
Jim Dine, A heart on the Rue de Grenelle, 1981

Jim Dine Paris Smiles in Darkness, 1976
Jim Dine, Paris Smiles in Darkness, 1976

Avec Jennifer Bartlett, il propose, en exploitant les caractéristiques propres à la gravure, une variation sur un même paysage, comme dans les cathédrales de Rouen de Monet.
Jennifer Bartlett, Bridge, boat, dog, 1997 © Jennifer Bartlett
Jennifer Bartlett, Bridge, boat, dog, 1997
© Jennifer Bartlett

Jennifer Bartlett, Bridge, boat, dog, 1997 © Jennifer Bartlett
Jennifer Bartlett, Bridge, boat, dog, 1997
© Jennifer Bartlett

Jennifer Bartlett, Bridge, boat, dog, 1997 © Jennifer Bartlett
Jennifer Bartlett, Bridge, boat, dog, 1997
© Jennifer Bartlett

Le clown de George Condo est étrangement enfantin, bien loin de la production habituelle de l'artiste américain.
George Condo Clown, 1989
George Condo, Clown, 1989

David Hockney rappelle, dans un facétieux face-profil, la place particulière de Picasso dans l'activité du graveur.
David Hockney The Student : Homage to Picasso, 1973
David Hockney, The Student : Homage to Picasso, 1973

David Hockney Simplified faces, 1973
David Hockney, Simplified faces, 1973

Alex Katz Man with pipe, 1984
Alex Katz, Man with pipe, 1984

L'ouverture d'un atelier à New York, en 1986, va déclencher de belles collaborations avec les artistes de la Pace Galerie, comme la série des « Sunliners » d'Ed Ruscha, d'une riche simplicité.
Ed Ruscha Sunliners, 1996
Ed Ruscha, Sunliners, 1996


lundi 6 décembre 2010

Gerhard Steidl, l'ivre d'images

Pile_Livres_Steidl.jpg Quelques palettes de papier et une colonne de livres, Alpha et Oméga de l'édition, nous accueillent pour cette traversée du miroir.
En quelques salles, présentant chacune un artiste et son ouvrage d'art édité avec Steidl, nous découvrons les arcanes de fabrication de ces livres/objets hors du commun.

Quelle meilleure mise en bouche que "Les Américains" de Robert Frank, qui marqua l'histoire de la photographie en 1959, réédité par Gerhard Steidl en 2007 ?
Le plaisir et l'émotion sont toujours intacts devant les photos de ce livre culte.

Après le classicisme du N & B, nous nous immergeons dans les grands formats couleurs des "Paysages avec personnages" de Massimo Vitali.
Sea, Sex (?) & Sun pour des visions entomologiques des mœurs humaines durant leurs loisirs.

Retour aux U.S.A, avec ce qui est, pour moi, le plus beau des ouvrages présentés dans cette exposition.
"Jack Kerouac On the road", le roman de la Beat Génération, illustré par les photos d'Ed Ruscha est un livre d'artiste exceptionnel.
Chaque illustration est un véritable tirage sur papier photo, collé à la main dans un gaufrage prévu à cet effet, contribuant à faire de cet ouvrage un trésor de bibliophile.
Il faut savourer les pages, sobrement exposées sur les murs, comme autant de petits chefs d'œuvres typographiques et photographiques.

Après ces émotions, j'avoue que "Body Freedom" de Karl Lagerfeld m'a semblé fade.
Je vais assumer mon opinion: je trouve les photos de KL très surestimées.
Mais la relation entre Lagerfeld et Steidl est si forte, que cette présence était sans doute inévitable.

Un coup d'œil sur le magnifique coffret "Works" de Lewis Baltz, qui regroupe des rééditions des ouvrages les plus significatifs de l'artiste et nous découvrons La Tour de Controle : Steidlville à Göttingen.

"I Spy with My Little Eye, Something beginning with S" de Koto Bolofo nous fait partager la vie intime de cette maison d'édition et imprimerie, dans les odeurs d'encre et le bruit des presses.

Enfin, une installation inédite de Jim Dine, conçue avec les 52 recueils composant "Hot Dreams(52 books)", conclut avec poésie ce parcours réjouissant dans le monde des éditions Steidl.

Ayant traversé la librairie de l'exposition, avec stoïcisme, pour ne pas succomber aux livres présentés, il reste à déguster un chef d'œuvre de documentaire sur Steidl.

Dans "How to make a book with Steidl" nous suivons Gerhard Steidl, dans son imprimerie, avec les photographes qu'il édite, dans des vernissages, à travers le monde, tantôt ouvrier imprimeur, tantôt chef d'entreprise, tour à tour chaleureux, diplomate ou directif, toujours passionné et passionnant.
Il faut, en particulier, se régaler des dialogues entre Joel Sternfeld et Gerhard durant la conception du livre "iDubai", recueil de photos prises à l'iPhone dans les gigantesques galeries commerciales de l'Émirat.
Inoubliable parole d'imprimeur : "Fuck the midtones !" (Rien à foutre des teintes intermédiaires !).


Allez vite tourner les pages de "Steidl Quand la photo devient livre" à la Monnaie de Paris, jusqu'au 31 décembre 2010.