Je ne pensais vraiment pas visiter cette exposition.
Non par désintérêt, mais rebuté par l'affluence et les conditions de visites, j'avais renoncé assez tôt à rencontrer Edward Hopper au Grand Palais.

Mais quand l'exposition a été prolongée de façon exceptionnelle, je me suis laissé tenter, réservant une visite pour la matinée du dernier samedi d'ouverture, ce 2 février, étouffant mes craintes d'une attente longue suivie d'un piétinement pénible devant les œuvres.

Grand bien m'a pris, puisque me voici en train d'écrire un billet de l’extrême.
Billet de l’extrême hypocrisie parce qu'un billet traitant d'une exposition qui se termine le lendemain ne mérite pas vraiment d'être dans la rubrique « Visites », censée donner envie aux lecteurs d'aller voir des expositions en cours...
D'un autre côté, ce billet est aussi celui de l’extrême réactivité, car il est assez rare que j'écrive le jour même !
Il traite aussi d'une exposition de l'extrême, par sa couverture médiatique et son affluence qui dépassera certainement 700 000 visiteurs.
Il est enfin le billet de l’extrême soulagement, car l'attente fut brève et la foule supportable une fois les premières salles passées.

Bien sur, j'ai vu et apprécié les pièces les plus connues, comme « Nighthawks » ou « Chop Suey ».

Mais j'ai découvert un Hopper plus méconnu, graveur et aussi illustrateur, comme pour ses couvertures de la revue « Morse Dry Dock Dial », journal d'entreprise de la "Morse Dry Dock and Repair Company”, un des plus grands chantiers navals des États-Unis au début du 20e siècle.
Morse Dry Dock Dial ( October 1920 )
Morse Dry Dock Dial [October 1920 ]

Un Hopper qui réussit une lumineuse aquarelle d'une locomotive à vapeur, immobilisée sur une voie de garage.
Edward Hopper, D. & R. G. Locomotive, 1925
Edward Hopper, D. & R. G. Locomotive, 1925

Hopper est reconnu comme un photographe « cinématographique », tant par l'influence du cinéma naissant sur son oeuvre, notamment par l'utilisation des éclairages, que par l'influence ultérieure de ses tableaux sur le cinéma.
Edward Hopper, Drug Store, 1927
Edward Hopper, Drug Store, 1927


Edward Hopper et le cinéma par telerama



Le parti pris de l'Oeil Curieux reconnaît aussi un Hopper « photographique », capturant l'instant volé ou fugitif.
Edward Hopper, Apartment Houses, 1923
Edward Hopper, Apartment Houses, 1923

Edward Hopper, New York Pavements, 1924
Edward Hopper, New York Pavements, 1924

Un peintre photographique qui savait que les couleurs les plus riches sont celles du soleil couchant et qui n'hésitait pas à prendre pour sujet un modeste poste d'aiguillage.
Edward Hopper, Railroad Sunset, 1929
Edward Hopper, Railroad Sunset, 1929

Hopper était un peintre de la solitude, peuplant ses tableaux d'hommes ou de femmes esseulés.
Dans son « portrait d'Orléans », un vaste carrefour, cadré entre des arbres majestueux et une enseigne, réminiscence de sa célèbre station-service « Gas », déploie sa blancheur vide.
Sous le store d'une boutique, une silhouette féminine en tailleur bleu s'éloigne.
Edward Hopper, Portrait of Orleans, 1950
Edward Hopper, Portrait of Orleans, 1950

Du peintre des solitudes urbaines, j'ai découvert avec plaisir les paysages du nord-est des États-Unis.
Edward Hopper, The Camel's Hump, 1931
Edward Hopper, The Camel's Hump, 1931

Mais j'espère ne pas trop vous donner envie d'aller au Grand Palais, car à l'heure ou je termine ce billet, il ne reste plus que 24 heures avant la clôture de l'exposition...