Pouvais-je souhaiter une fin d'année plus somptueuse ?
Deux belles expositions de photographies, la découverte de nouveaux talents, la découverte d'un nouveau lieu, tout pour métamorphoser l'Oeil Curieux en Oeil Heureux à l'issue d'un ultime samedi de 2012.

Quatrième visite de l'année au Bal pour rencontrer de jeunes artistes, lauréats du Prix des Écoles d’Art, LE BAL / SFR Jeunes Talents ou diplômés de l’École Nationale Supérieure de la Photographie d'Arles, qui fête ses 30 ans.
Le Bal est un lieu incontournable pour celui ou celle qui s'intéresse à l'image-document et il est devenu une de mes destinations favorites.
La programmation 2012 m'aura fait connaitre Paul Graham, Chris Killip et avec « Foto/Grafica », l'extraordinaire histoire des livres de photographie Latino-Américains (exposition enthousiasmante, mais victime d'une absence de billet regrettable...).

Pour cette fin d'année, 11 jeunes artistes m'attendaient dans les salles de l'impasse de la Défense.

Prix 2011 des Écoles d’Art, LE BAL / SFR Jeunes Talents, Dorothée Davoise plonge dans ses racines familiales avec sa série « Topos » ou elle explore la Grèce, pays de sa mère, mais loin des clichés touristiques.

Dorothée Davoise Pirée, Athènes, Grèce - 2010 © Dorothée Davoise
Pirée, Athènes, Grèce - 2010
© Dorothée Davoise

Avec ce travail sur le quotidien, le ton est donné pour l'ensemble de l'exposition.
Les jeunes artistes, et j'ai déjà émis le même constat à l’occasion de mes visites à « Circulation(s), Festival de la jeune photographie européenne », ancrent leurs travaux dans le vécu, l'intime.
Leur regard sur le monde est souvent grave, parfois sombre, sur le réel et leur création n'est jamais gratuite, mais fréquemment engagée.
J'apprécie ces travaux aux antipodes de ma photographie, passe-temps ludique de mes instants libres.
Il y a surement un peu d'envie en découvrant ses œuvres qui naissent, nourries de l'énergie de jeunes diplomé(e)s qui ont choisi de confondre l'image avec leur vie (sans doute un peu tard pour envisager mon retour à l'école....).

L'autre lauréat SFR/Le Bal, coup de cœur du Jury 2011, Pierre Toussaint accompagne Olaf, un SDF, le long du Rhône.

Choisis parmi plus de 150 élèves sortis de l'ENS de la photographie d'Arles depuis 2005, neuf jeunes artistes, Pauline Fargue, Vera Schöpe, Laetitia Donval, Lola Hakimian, Gilles Pourtier et Anne-Claire Bro’ch, Johan Attia, Mouna Saboni, et Justine Pluvinage sont les représentants de « ceux qui arrivent », cette génération qui est en train de construire son histoire et l'image d’aujourd’hui.

A l'occasion de sa résidence post diplôme à l'International Center of Photography, Lola Hakimian a réalisé une belle série, « Midday », sur la jeunesse de New York.
Lola Hakimian New York Part I, Juillet 2010.
Lola Hakimian New York Part I, Juillet 2010.

Quant à Vera Schoepe, elle est partie sur les traces des mineurs de Cerro Rico de Potosi, en Bolivie.
Ses images sont minérales, dévastées, poussiéreuses, avec des hommes et des femmes qui grattent et creusent la terre pour survivre dans une des villes les plus hautes du monde.
Vera Schoepe La Montagne qui dévore les Hommes © Vera Schoepe
La Montagne qui dévore les Hommes
© Vera Schoepe

Mais allez voir les sites des artistes (en cliquant sur les noms), si vous n'avez pas le temps d'aller au Bal, pour savourer la diversité de la photographie d'aujourd'hui.

Première visite et donc découverte de l’Éléphant Paname, nouveau lieu d'exposition sis dans un superbe hôtel de la rue Volney, érigé sous Napoléon III, par l’ambassadeur de Russie en France, Alexis Soltykoff.
Le dôme, réalisé pour accueillir la clientèle de la banque qui occupa le bâtiment dans les années 20, est une pure merveille d'architecture. Abrités sous ses pavés de verre se trouvent les travaux de Magda Biernat, agréable surprise, alors que je suis venu pour admirer la sélection d'Elliott Erwitt.
Magda Biernat Mailboxes, Kolkata, India. 2007
Magda Biernat Mailboxes, Kolkata, India. 2007

Finir mon année de visites avec ce photographe américain, c'est conclure un bon repas sur un fabuleux cognac hors d'âge.
Classique avec son N&B, plein d'esprit, Erwitt est un maître à l'égal de Cartier Bresson ou de Ronis.
Si je ne partage pas son goût affirmé pour les chiens, je reste subjugué par son sens de l'instant décisif.
Il y a une légèreté élégante dans chacune des images choisies par l'artiste, une distance souriante.
Elliott Erwitt Espagne Madrid Musée du Prado 1995
Elliott Erwitt Espagne Madrid Musée du Prado 1995

Je me sens en harmonie avec cette vision qui regarde la vie avec gourmandise.
Elliott Erwitt USA Colorado 1955
Elliott Erwitt USA Colorado 1955

En harmonie durant de délicieuses minutes passées devant ce promeneur perdu dans les vagues.
Elliott Erwitt Angleterre Brighton 1966
Elliott Erwitt Angleterre Brighton 1966

Pour bien commencer 2013, une cure d'Erwitt s'impose, sous les stucs et moulures de l’Éléphant Paname.