L'Oeil Curieux

Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

Tag - Elliott Erwitt

Fil des billets - Fil des commentaires

samedi 26 août 2023

Erwitt : le parfum de l'humour

Quel plaisir de terminer cette série de billets du mois d'août, avec un grand monsieur, photographe à l'oeil acéré et plein de malice.


J'ai le plaisir de vous présenter Monsieur Esprit, Monsieur Elliot Erwitt.
Elliott Erwitt Rome, Italy (Self portrait with Finger), 1968 © Elliott Erwitt
Elliott Erwitt Rome, Italy (Self portrait with Finger), 1968
© Elliott Erwitt | Magnum Photos

Quand on lit ou écoute une de ses interviews, il est le vieux tonton dont l'oeil pétille, qui a parcouru le monde et porte sur celui-ci un regard curieux, souvent amusé, parfois très sérieux, mais toujours empreint d'humanité.

Il aime les chiens, ses modèles préférés (en particulier "parce qu'ils ne demandent pas de tirages", dit-il).
Elliott Erwitt New York City. USA. 2000. © Elliott Erwitt
Elliott Erwitt New York City. USA. 2000.
© Elliott Erwitt | Magnum Photos

Il capte et concentre en une image, l'essence d'une situation, aussi bien drôle que tragique
Elliott Erwitt Prado Museum, Madrid, Spain. 1995. © Elliott Erwitt
Elliott Erwitt Prado Museum, Madrid, Spain. 1995.
© Elliott Erwitt | Magnum Photos

Elliott Erwitt Caroline du Nord, Etats-Unis, 1950 © Elliott Erwitt
Elliott Erwitt Caroline du Nord, Etats-Unis, 1950
© Elliott Erwitt

Il nous laisse perplexes, ne sachant pas si nous devons rire ou pleurer devant ce garçon au sourire éclatant et son revolver pointé sur la tempe.
Elliott Erwitt Pittsburgh. Pennsylvania. USA. 1950. © Elliott Erwitt
Elliott Erwitt Pittsburgh. Pennsylvania. USA. 1950.
© Elliott Erwitt | Magnum Photos

Il revisite le récit du pécheur "qui a péché un poisson grand comme cela". Elliott Erwitt
Elliott Erwitt | Elliot Erwitt's Handbook Diver. London, England. 1978.
© Elliott Erwitt | Magnum Photos

Même pour un travail de commande, ce tonton, qui connaît bien la France, compose une image ironiquement emblématique, pleine d'affection.
Elliott Erwitt Personal Best Provence, France. 1955 © Elliott Erwitt
Elliott Erwitt Personal Best Provence, France. 1955.
© Elliott Erwitt | Magnum Photos

Vous ne m'empêcherez pas de penser que cette façade, bien incongrue dans l'architecture classique des immeubles environnants a été retenue par Erwitt, d'abord pour le graphisme, mais aussi pour la traduction possible de l'enseigne « Tony's of Worth Street », « Chez Tony de la rue qui en vaut la peine ».
Elliott Erwitt New York City. New York. USA. 1969. © Elliott Erwitt
Elliott Erwitt New York City. New York. USA. 1969.
© Elliott Erwitt | Magnum Photos

Et pour finir, ayant encore en tête les mots d'esprit du photographe, je crois qu'il apprécierait le titre que je vais donner à un de ses phototoons, séquences cinématographiques de quelques images, qui racontent une histoire dont Erwitt vous laisse écrire le scénario.

"Autant en emporte le vent"
Elliott Erwitt Cannes, France, 1975 © Elliott Erwitt
Elliott Erwitt Cannes, France, 1975
© Elliott Erwitt | Magnum Photos


samedi 5 août 2017

Dernière Chance pour Magnum Analog Recovery

Certainement victime de la torpeur qui envahit la France au mois d'août, je n'écrirai pas un bon gros billet sur la magnifique exposition «  Magnum Analog Recovery  » proposée par le Bal pour les 70 ans de l’Agence fondée par Henri Cartier-Bresson, George Rodger, David “Chim” Seymour et Robert Capa.
Mais dans un ultime sursaut d’énergie, j'exhale 3 bonnes raisons d'aller voir Impasse de la Défense avant le 27 août.

Être accueilli dans une exposition de photographie par les images de Robert Capa sur Omaha Beach, ça n'a pas de prix (il paraît que pour le reste une carte de crédit fait l'affaire, mais j'en doute).

Robert Capa, Les troupes américaines à l'assaut d'Omaha Beach le jour du débarquement, Normandie, France, 6 juin 1944  Robert Capa © International Center of Photography/Magnum Photos
Robert Capa, Les troupes américaines à l'assaut d'Omaha Beach le jour du débarquement, Normandie, France, 6 juin 1944
Robert Capa © International Center of Photography/Magnum Photos

Voir les visages du chômage à Détroit, capturé par Elliot Erwit en 1961, c'est se souvenir que Magnum nous offre à voir le monde à travers les yeux des plus grands photographes.

Elliott Erwitt, Chômage, Détroit, 1961 © Elliott Erwit /Magnum Photos
Elliott Erwitt, Chômage, Détroit, 1961
© Elliott Erwit /Magnum Photos

Déambuler parmi ces tirages cartoline envoyés aux agents européens de Magnum pour diffusion à la presse, de 1947 à la fin des années 1970, précieux fossiles argentiques, c'est un fantastique voyage dans un temps ou l'image était rare, fixe et en noir et blanc.




dimanche 30 décembre 2012

Ceux qui arrivent et celui qui est déjà là

Pouvais-je souhaiter une fin d'année plus somptueuse ?
Deux belles expositions de photographies, la découverte de nouveaux talents, la découverte d'un nouveau lieu, tout pour métamorphoser l'Oeil Curieux en Oeil Heureux à l'issue d'un ultime samedi de 2012.

Quatrième visite de l'année au Bal pour rencontrer de jeunes artistes, lauréats du Prix des Écoles d’Art, LE BAL / SFR Jeunes Talents ou diplômés de l’École Nationale Supérieure de la Photographie d'Arles, qui fête ses 30 ans.
Le Bal est un lieu incontournable pour celui ou celle qui s'intéresse à l'image-document et il est devenu une de mes destinations favorites.
La programmation 2012 m'aura fait connaitre Paul Graham, Chris Killip et avec « Foto/Grafica », l'extraordinaire histoire des livres de photographie Latino-Américains (exposition enthousiasmante, mais victime d'une absence de billet regrettable...).

Pour cette fin d'année, 11 jeunes artistes m'attendaient dans les salles de l'impasse de la Défense.

Prix 2011 des Écoles d’Art, LE BAL / SFR Jeunes Talents, Dorothée Davoise plonge dans ses racines familiales avec sa série « Topos » ou elle explore la Grèce, pays de sa mère, mais loin des clichés touristiques.

Dorothée Davoise Pirée, Athènes, Grèce - 2010 © Dorothée Davoise
Pirée, Athènes, Grèce - 2010
© Dorothée Davoise

Avec ce travail sur le quotidien, le ton est donné pour l'ensemble de l'exposition.
Les jeunes artistes, et j'ai déjà émis le même constat à l’occasion de mes visites à « Circulation(s), Festival de la jeune photographie européenne », ancrent leurs travaux dans le vécu, l'intime.
Leur regard sur le monde est souvent grave, parfois sombre, sur le réel et leur création n'est jamais gratuite, mais fréquemment engagée.
J'apprécie ces travaux aux antipodes de ma photographie, passe-temps ludique de mes instants libres.
Il y a surement un peu d'envie en découvrant ses œuvres qui naissent, nourries de l'énergie de jeunes diplomé(e)s qui ont choisi de confondre l'image avec leur vie (sans doute un peu tard pour envisager mon retour à l'école....).

L'autre lauréat SFR/Le Bal, coup de cœur du Jury 2011, Pierre Toussaint accompagne Olaf, un SDF, le long du Rhône.

Choisis parmi plus de 150 élèves sortis de l'ENS de la photographie d'Arles depuis 2005, neuf jeunes artistes, Pauline Fargue, Vera Schöpe, Laetitia Donval, Lola Hakimian, Gilles Pourtier et Anne-Claire Bro’ch, Johan Attia, Mouna Saboni, et Justine Pluvinage sont les représentants de « ceux qui arrivent », cette génération qui est en train de construire son histoire et l'image d’aujourd’hui.

A l'occasion de sa résidence post diplôme à l'International Center of Photography, Lola Hakimian a réalisé une belle série, « Midday », sur la jeunesse de New York.
Lola Hakimian New York Part I, Juillet 2010.
Lola Hakimian New York Part I, Juillet 2010.

Quant à Vera Schoepe, elle est partie sur les traces des mineurs de Cerro Rico de Potosi, en Bolivie.
Ses images sont minérales, dévastées, poussiéreuses, avec des hommes et des femmes qui grattent et creusent la terre pour survivre dans une des villes les plus hautes du monde.
Vera Schoepe La Montagne qui dévore les Hommes © Vera Schoepe
La Montagne qui dévore les Hommes
© Vera Schoepe

Mais allez voir les sites des artistes (en cliquant sur les noms), si vous n'avez pas le temps d'aller au Bal, pour savourer la diversité de la photographie d'aujourd'hui.

Première visite et donc découverte de l’Éléphant Paname, nouveau lieu d'exposition sis dans un superbe hôtel de la rue Volney, érigé sous Napoléon III, par l’ambassadeur de Russie en France, Alexis Soltykoff.
Le dôme, réalisé pour accueillir la clientèle de la banque qui occupa le bâtiment dans les années 20, est une pure merveille d'architecture. Abrités sous ses pavés de verre se trouvent les travaux de Magda Biernat, agréable surprise, alors que je suis venu pour admirer la sélection d'Elliott Erwitt.
Magda Biernat Mailboxes, Kolkata, India. 2007
Magda Biernat Mailboxes, Kolkata, India. 2007

Finir mon année de visites avec ce photographe américain, c'est conclure un bon repas sur un fabuleux cognac hors d'âge.
Classique avec son N&B, plein d'esprit, Erwitt est un maître à l'égal de Cartier Bresson ou de Ronis.
Si je ne partage pas son goût affirmé pour les chiens, je reste subjugué par son sens de l'instant décisif.
Il y a une légèreté élégante dans chacune des images choisies par l'artiste, une distance souriante.
Elliott Erwitt Espagne Madrid Musée du Prado 1995
Elliott Erwitt Espagne Madrid Musée du Prado 1995

Je me sens en harmonie avec cette vision qui regarde la vie avec gourmandise.
Elliott Erwitt USA Colorado 1955
Elliott Erwitt USA Colorado 1955

En harmonie durant de délicieuses minutes passées devant ce promeneur perdu dans les vagues.
Elliott Erwitt Angleterre Brighton 1966
Elliott Erwitt Angleterre Brighton 1966

Pour bien commencer 2013, une cure d'Erwitt s'impose, sous les stucs et moulures de l’Éléphant Paname.