Ce n'est pas une exposition qui appelle le waouh.
Ce n'est pas une exposition dont on ressort joyeux.
Cette masse de crânes nous rend silencieux, elle nous écrase.
Elle nous renvoie, au mieux aux vanités du XVIIe siècle, aux catacombes, attraction pour touristes, à Hamlet se demandant s'il faut « être ou ne pas être », mais plutôt aux crânes des victimes de Pol Pot, à tous les charniers de l'histoire et in fine à notre finitude.
Boulevard Raspail se trouve un parking enchanté.
Il suffit de pénétrer dans la Fondation Cartier pour l'Art Contemporain, de choisir un des nombreux véhicules en attente et de partir alors pour
une excursion nostalgique dans l'histoire de la photographie, avec Henri Lartigue, Man Ray ou Asuhiro Ishimoto et sa série de belles Américaines endormies et enneigées, qui rappelle les séries de Bernd et Hilla Becher,
une course poursuite dans l'histoire du 7e art, avec Steve Mc Queen, sa Mustang, la maîtresse routière de mes rêves, et les rues de San Francisco,
Barry Feinstein Steve Mc Queen Bullit
ou un voyage initiatique dans la littérature avec Ella Mallart et sa voie cruelle ou le divin Nicolas Bouvier et son usage du monde, qui restera comme un de mes grands chocs littéraires
Thierry Vernet sur les routes de l'Orient, photo prise par Nicolas Bouvier Crédits : Musée de l'Elysée/ Fond Nicolas Bouvier
La visite m'a même encouragé à effectuer une croisière mémorielle sur mon Flickr, pour retrouver une des premières images de ma nouvelle vie de photographe numérique, à l'occasion d'un concours d'élégance au Parc de St Cloud, il y a presque 9 ans.
Si le "lecteur audio" de France Inter fonctionnait correctement, vous auriez ici un bel objet à cliquer pour écouter l'émission "Regarder Voir", mais comme il s'obstine à ne pas fonctionner sur mon Blog, vous n'aurez qu'un pauvre lien "Autophoto : l'automobile dans l'œil des photographes".
Mon ressenti n'aura pas fondamentalement changé après ma visite à la Fondation Cartier pour l'Art Contemporain.
Je reste hermétique à Daido Moriyama, figure centrale de la photographie japonaise !
Bien sur, avec mon goût immodéré pour la couleur, quelques-unes des nombreuses images présentées m'ont séduit.
Daido Moriyama, Tokyo Color, 2008-2015 Courtesy of the artist / Daido Moriyama Photo Foundation
Daido Moriyama, Tokyo Color, 2008-2015 Courtesy of the artist / Daido Moriyama Photo Foundation
Et le diaporama « Dog and Mesh Tights », spécialement commandé par la Fondation Cartier, se regarde avec plaisir, avec son flux d'images qui révèle les petits riens du quotidien.
Mais je reste plutôt froid devant la production prolifique du photographe japonais.
Ce qui est finalement assez paradoxal, puisque l’errance urbaine, le goût des sujets ordinaires et l'appétence pour la couleur devraient me séduire et résonner avec ma propre pratique de la photographie (enfin, quand je pratique...).
La rencontre n'est pas ratée, seulement ordinaire.
La découverte des travaux de Fernell Franco aura été la réelle satisfaction de la visite du jour.
J'ai été sensible à l'approche formelle de la série « Amarrados », avec les objets empaquetés, métaphores du corps des victimes de la violence urbaine en Colombie.
Fernell Franco parle, dans ses séries (Prostitutas, Demoliciones, Bicicletas, Interiores,...), des jours ordinaires, le plus souvent à Cali, la ville de Colombie qu'il photographie depuis toujours.
Il construit ainsi le récit de mondes qui disparaissent, de mort naturelle ou violente.
Et j'écoute son récit avec émotion.
Les images présentes sur ce blog ne sont pas libres de droits.
Les œuvres des artistes ne sont reproduites qu'à titre d'illustrations et, dans la mesure du possible, sont accompagnées des informations de propriété intellectuelle.
Ne pas hésiter à me contacter pour compléter les informations manquantes.
Quant à mes photographies, elles ne sont pas non plus libres de droits (voir le Flickr de l'Oeil).