Pourquoi cette déclaration ?
Parce que, ce samedi matin, j'ai reçu dans ma boite mail un appel à la solidarité pour Joao Silva, Photographe de Guerre, qui a perdu ses deux jambes sur une mine en Afghanistan.
Je ne connaissais pas ce photographe, et j'ai découvert ses clichés avec bonheur.
J'ai parcouru sa galerie et j'ai retenu cette photo, image tranquille d'une guerre, qui comme toutes les guerres, est tout sauf tranquille.

Afghanistan, Kandahar province, Arghandab district, checkpoint 16, 23rd Oct 2010.
Joao Silva : Afghanistan, Kandahar province, Arghandab district, checkpoint 16, 23rd Oct 2010
© 2010 Joao Silva

Le pied de poupée qui dépasse, dans le dos du soldat, est son pied "porte bonheur", donné par un ami.
Cet ami disait être revenu vivant d'un tour d'opération en Iraq, grâce à ce "porte bonheur".
Plus tard, le même jour, João Silva perdait ses deux jambes sur une mine anti-personnel.

J'ai écrit un message de soutien à joão.

Je suis venu à la photographie par la découverte de Gilles Caron et de ses clichés mythiques de Mai 68.
J'ai ensuite découvert ses reportages de guerre, sur le Vietnam en particulier, qui est sans doute le conflit avec la plus intéressante des couvertures photographiques.

US soldier, Battle of Dak To, Hill 875, South Vietnam, November 1967
Gilles Caron : US soldier, Battle of Dak To, Hill 875, South Vietnam, November 1967
© Fondation Gilles Caron Contact Press Images

J'ai continué à photographier, bien loin des conflits armés, mais mon admiration pour ces photographes de guerre n'a jamais disparu.

Je suis toujours très ému, devant la grosse poignée de clichés de Robert Capa, prises à Omaha Beach, le Jour J.


Robert Capa: American Troops Landing on D-Day, Omaha Beach, Normandy Coast (1987.1100.501) | Heilbrunn Timeline of Art History | The Metropolitan Museum of Art

Capa était avec les soldats de la première vague débarquant sur Omaha "la Sanglante". luttant dans la mer, pour rejoindre un abri sur la plage, sous le feu des armes allemandes
Ses photos sont d'une force incroyable, parce qu'elles nous transportent, dans l'eau, trempés, assourdis par le bruit des balles, titubant sous le poids du paquetage et de l'uniforme imbibé.

Comme beaucoup d'autres, Capa et Caron sont morts sur un théâtre d'opérations, le premier en Indochine en 1954, le second au Cambodge en 1970, pour nous montrer la guerre.

J'ai simplement dit à João, qu'il était à leurs cotés, dans mon petit panthéon personnel, mais vivant, et que c'était une bonne nouvelle.

Pour leurs clichés, leur courage et leur engagement, oui, j'admire les photographes de guerre.