Ma première oraison funèbre sera en couleurs !

En rouge et jaune pour rendre hommage au Kodachrome, ce mythique film inversible couleur, dont le dernier rouleau a été développé le 30 décembre 2010.

Rouleaux kodachrome

J'ai appris la nouvelle par un article du Monde daté du 1er Janvier 2011, "Le Kodachrome est mort dans le Kansas".

Comme quand on apprend le décès d'une connaissance, perdue de vue depuis des années, la lecture de cet article a ravivé de nombreux souvenirs.

J'ai revu mes débuts en photographie à la fin des années 1970.

Dès le commencement, j'ai été diapositive plutôt que négatif couleur : je trouvais les couleurs plus denses, l'image était lumineuse.
Ces petites photographies, dans leur cadre carré de 5 cm par 5 cm, en carton ou en plastique, étaient en outre faciles à stocker.
Je les rangeais dans des feuillets transparents pour le classement et la présentation des diapositives.
Une seule feuille permettait de stocker 20 photographies, constituant une espèce de planche contact de diapos.
J'en ai encore des classeurs entiers...à numériser
Quand une diapositive était vraiment réussie, j'en faisais un tirage papier.

J'étais donc diapositive, Kodak, et j'utilisais la Kodachrome 64 (je n'ai jamais utilisé de Kodachrome 25, trop lente pour moi)
Mais comme pour faire des photos d'aviation (ma passion de l'époque), entre le zoom pas trop lumineux, le doubleur de focale et le besoin d'une vitesse élevée, j'avais besoin d'un bon nombre d'ISO, je faisais souvent des infidélités à Kodachrome pour sa cousine Ektachrome qui offrait plus de sensibilité et pouvait même être poussée au développement !
Sur la fin de ma pratique argentique, l'arrivée de la Kodachrome 200 me rendit à nouveau fidèle.

La logistique des pellicules était alors un vrai casse tête pour le photographe : combien de rouleaux ? 24 ou 36 poses ? Quelle sensibilité ?
Ces questions ne se posent plus avec le numérique, car la moindre carte mémoire contient plusieurs centaines d'images et la sensibilité peut être choisie pour chaque photographie, mais à l'époque...

A la logistique préalable à la prise de vue succédaient le rituel et l'attente du développement.
En effet, la Kodachrome était développée dans des laboratoires adaptés au procédé K14, comme l'usine Kodak à Sevran, pour la France.
Il fallait donc patienter avant de recevoir la petite boite en plastique jaune qui contenait vos précieuses diapos
A l'ouverture de cette boite se révélaient alors les réussites (et les échecs) des prises de vues, souvent anciennes de plusieurs semaines.
Chaque image était enchâssée dans un support en carton, estampillé aux couleurs de Kodak et daté.

Diapositive kodachrome

J'ai repris la photographie en 2008, en numérique et pratiquement amnésique sur mon passé argentique.
Je n'avais donc pas fait attention, en 2009, à l'annonce par Kodak de l'arrêt du Kodachrome.

En 2011, un article de journal aura permis ce travail de mémoire.

Maintenant que Kodachrome n'est plus, la toile nous offre plusieurs lieux de souvenirs:


Et comme marche funèbre, la chanson "Kodachrome" de Paul Simon s'impose d'elle même !