Pile_Livres_Steidl.jpg Quelques palettes de papier et une colonne de livres, Alpha et Oméga de l'édition, nous accueillent pour cette traversée du miroir.
En quelques salles, présentant chacune un artiste et son ouvrage d'art édité avec Steidl, nous découvrons les arcanes de fabrication de ces livres/objets hors du commun.

Quelle meilleure mise en bouche que "Les Américains" de Robert Frank, qui marqua l'histoire de la photographie en 1959, réédité par Gerhard Steidl en 2007 ?
Le plaisir et l'émotion sont toujours intacts devant les photos de ce livre culte.

Après le classicisme du N & B, nous nous immergeons dans les grands formats couleurs des "Paysages avec personnages" de Massimo Vitali.
Sea, Sex (?) & Sun pour des visions entomologiques des mœurs humaines durant leurs loisirs.

Retour aux U.S.A, avec ce qui est, pour moi, le plus beau des ouvrages présentés dans cette exposition.
"Jack Kerouac On the road", le roman de la Beat Génération, illustré par les photos d'Ed Ruscha est un livre d'artiste exceptionnel.
Chaque illustration est un véritable tirage sur papier photo, collé à la main dans un gaufrage prévu à cet effet, contribuant à faire de cet ouvrage un trésor de bibliophile.
Il faut savourer les pages, sobrement exposées sur les murs, comme autant de petits chefs d'œuvres typographiques et photographiques.

Après ces émotions, j'avoue que "Body Freedom" de Karl Lagerfeld m'a semblé fade.
Je vais assumer mon opinion: je trouve les photos de KL très surestimées.
Mais la relation entre Lagerfeld et Steidl est si forte, que cette présence était sans doute inévitable.

Un coup d'œil sur le magnifique coffret "Works" de Lewis Baltz, qui regroupe des rééditions des ouvrages les plus significatifs de l'artiste et nous découvrons La Tour de Controle : Steidlville à Göttingen.

"I Spy with My Little Eye, Something beginning with S" de Koto Bolofo nous fait partager la vie intime de cette maison d'édition et imprimerie, dans les odeurs d'encre et le bruit des presses.

Enfin, une installation inédite de Jim Dine, conçue avec les 52 recueils composant "Hot Dreams(52 books)", conclut avec poésie ce parcours réjouissant dans le monde des éditions Steidl.

Ayant traversé la librairie de l'exposition, avec stoïcisme, pour ne pas succomber aux livres présentés, il reste à déguster un chef d'œuvre de documentaire sur Steidl.

Dans "How to make a book with Steidl" nous suivons Gerhard Steidl, dans son imprimerie, avec les photographes qu'il édite, dans des vernissages, à travers le monde, tantôt ouvrier imprimeur, tantôt chef d'entreprise, tour à tour chaleureux, diplomate ou directif, toujours passionné et passionnant.
Il faut, en particulier, se régaler des dialogues entre Joel Sternfeld et Gerhard durant la conception du livre "iDubai", recueil de photos prises à l'iPhone dans les gigantesques galeries commerciales de l'Émirat.
Inoubliable parole d'imprimeur : "Fuck the midtones !" (Rien à foutre des teintes intermédiaires !).


Allez vite tourner les pages de "Steidl Quand la photo devient livre" à la Monnaie de Paris, jusqu'au 31 décembre 2010.