En sortant de la Polka Galerie, je savais déjà que j'écrirais un billet.
Je ne connaissais pas encore le titre, mais il serait lié à une des photographies exposées.

Pourtant j’étais mitigé sur cette proposition « Vertiges des jours », un peu fourre tout à mon sens.
Comme le précise la Polka Galerie

Le projet « Vertiges des jours », lancé pendant les derniers jours du confinement, est un défi que nous avons lancé auprès de nos photographes. Nous avons demandé à tous nos artistes, qu’ils habitent à Paris, Tokyo, New York, Florence, Londres ou Biarritz, de réfléchir à une question simple, mais ambitieuse: « Comment voyez-vous le monde de demain ? »


Les images proposées sont anciennes ou prises spécifiquement pour le projet, et le lien avec la crise de la COVID me paraissait plus ou moins ténu.
J'avais donc vu de belles images, mais il manquait du lien à cet ensemble.

Finalement, en réfléchissant à ce billet, en sélectionnant les images, je me suis dit que cette exposition reflétait assez bien l'impact de la COVID.

Cette crise est si soudaine, si extra-ordinaire, que chacun l'a vécue et la vit encore différemment.
Face à une telle déflagration dans le quotidien et une telle incertitude pour l'avenir, les angles de réflexion sont infinis.

J'ai donc titré ce billet en hommage aux oiseaux que j'écoutais chanter pendant le confinement.
J'ai la chance d'habiter un quartier très arboré, et en l'absence de circulation automobile, le chant des oiseaux éclatait le matin, quand j'ouvrais les volets de mon bureau, à mon domicile, soit pour télétravailler, soit pour partir à mon bureau d'entreprise.
Je suis un pur urbain, je ne reconnais de la majorité des oiseaux ni le ramage, ni le plumage, si ce n'est ceux des merles, corbeaux, corneilles, pigeons, moineaux et autres pies qui chantent.
Mais leurs mélodies, dans le matin calme, étaient symboles de liberté, de vie qui continuait malgré le virus, de cette nature qui se passait très bien de l'homme, confiné et apeuré.
Voilà pourquoi, ce cliché de Miho Kajioka est le premier de ce billet, pour les oiseaux matinaux, pas ceux qui attrapent le ver comme dans l’expression « the early bird catches the worm », mais ceux qui composaient la bande son de mes réveils confinés.
Miho Kajioka - BK0567, 2018
Miho Kajioka - BK0567, 2018

En plus, cette délicate image est une pure merveille de composition et de simplicité.

Les deux images suivantes sont aussi présentes pour la nature et le règne animal, en plus de leur intérêt photographique.

Avec Mario Giacomelli, la nature devient abstraction, pur graphisme.
Mario Giacomelli -Presa di coscienza sulla natura, 1970/76
Mario Giacomelli -Presa di coscienza sulla natura, 1970/76

Quant aux limousines d'Edouard Elias, elles offrent une réjouissante photographie de groupe.

Elles ne respectent pas les gestes barrières, mais elles ont l'air tellement obstinées que je ne me hasarderais pas à leur en faire le reproche.
Edouard Elias - « Les limousines », Saint-Amand-Jartoudeix, Creuse, Mai 2020
Edouard Elias - « Les limousines », Saint-Amand-Jartoudeix, Creuse, Mai 2020

Je termine sur des images à la fois plus humaines et moins naturelles.
Des consommateurs masqués, les femmes et les hommes capturés dans leur activité la plus triviale, consommer.
Bruce Gilden - Vallée de l’Hudson, États-Unis, Printemps 2020
Bruce Gilden - Vallée de l’Hudson, États-Unis, Printemps 2020

Des images du monde d'après...

Pour l'anecdote, suite une remarque de Madame l'Oeil Curieux sur le masque porté par le personnage de la seconde rangée, à gauche, cette tête de mort m'a rappelé la photographie d'un soldat français au mali, qui avait fait grand bruit à l'époque.
Un soldat français portant un foulard à tête de mort pose près d'un blindé à Niono (Mali), le 20 janvier 2013. Issouf Sanogo - AFP
Un soldat français portant un foulard à tête de mort pose près d'un blindé à Niono (Mali), le 20 janvier 2013. Issouf Sanogo - AFP

Comme si un soldat qui allait peut-être rencontrer la mort n'avait pas le droit d'essayer de l'effrayer...