L'Oeil Curieux

Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

Tag - Monnaie de Paris

Fil des billets - Fil des commentaires

dimanche 2 juin 2019

Chérie, j'ai agrandi mes oeuvres

C'est curieux chez un géant de la sculpture ce goût du petit modèle qui devient grand.
Il y a comme une germination qui se produit, une pâte qui pousse, un petit rien se transformant en quelque chose.
Mann im Wind (Modell 1:50) 2008/18 photo: Martin Argyroglo
Mann im Wind (Modell 1:50) 2008/18
Photo: Martin Argyroglo

Mann im Wind II 2018 photo: Aurélien Mole
Mann im Wind II 2018
Photo: Aurélien Mole

Tout aussi curieux est le dragon (?) en pâte à modeler qui se retrouve créature de bronze, fumant des naseaux dans la cour de l'Hôtel de la Monnaie.
Drittes Tier 2017 photo: Aurélien Mole
Drittes Tier 2017
Photo: Aurélien Mole

Ambiguë est finalement la découverte de Thomas Schütte.
Intimidante par l’ampleur de l'oeuvre et des matières travaillées.
Dérangeante par cette omniprésence de l'humain et en particulier des visages, rarement aimables, voire tristes.
Wichte 2006 photo: Martin Argyroglo
Wichte 2006
Photo: Martin Argyroglo

Wicht 2006 photo: Nic Tenwiggenhorn
Wicht 2006
Photo: Nic Tenwiggenhorn

Weinende Frau Nr. 0 2009/2017 photo: André Morin
Weinende Frau Nr. 0 2009/2017
Photo: André Morin

Il y a une oscillation pénible entre une vie douloureuse, avec des faces convulsées et des corps déformés ou incomplets et la mort, avec la propre tombe de l'artiste.
Mein Grab 1981 2006
Mein Grab 1981 2006

Mein Grab 1981
Mein Grab 1981

Il est néanmoins possible de trouver un peu de légèreté dans cette pesante gravité avec sa Galerie de Sculpture, qui a commencé, modestement, comme un Pringles posé sur une boîte d'allumettes !
Skulpturenhalle Agence RKW Architektur +. Photo : Dieter Schwarz
Skulpturenhalle Agence RKW Architektur +.
Photo : Dieter Schwarz

Skulpturenhalle III (Modell 1:20) 2012/15 Photo: Hans Schröder, Marta Herford
Skulpturenhalle III (Modell 1:20) 2012/15
Photo: Hans Schröder, Marta Herford

Skulpturenhalle I (Modell 1:100) 2011 Photo: Luise Heuter
Skulpturenhalle I (Modell 1:100) 2011
Photo: Luise Heuter

Pringles photo: Luise Heuter
Pringles
Photo: Luise Heuter


mercredi 6 avril 2011

La Guerre Intra-Muros


Une passionnante et originale exposition nous est proposée à la Monnaie de Paris.

La France n'a plus connu de conflit armé sur le territoire métropolitain depuis la fin de la seconde guerre mondiale.
Pourtant, la guerre n'a pas disparu de la planète, ni même de notre vieille Europe, avec les combats en Ex Yougoslavie ou en Tchétchénie.

Mais dans le confort d'un Hexagone en paix, ce ne sont que des images, vues à la télévision ou dans la presse écrite, un peu lointaines, un peu étrangères.

Patrick Chauvel, archétype du photographe de guerre, a choisi de ramener la guerre dans Paris.
Lui, qui a couvert tous les principaux conflits depuis le Vietnam, a voulu nous faire découvrir la dévastation et l'horreur dans notre quotidien.

Avec une utilisation intelligente de l'enfilade des salles d'exposition de la Monnaie de Paris et des archives de Paris Match, le visiteur effectue un voyage dans le temps depuis la seconde guerre mondiale jusqu'à ce que pourrait être aujourd'hui, en 2011, un Paris investi par des combattants armés.

Aout 1944 : Paris brule-t-il ?
Images de barricades, de résistants équipés de bric et de broc et de soldats US accueillis en libérateurs.
Dernières images réelles d'un Paris en guerre.

Ensuite, au fil des salles, ce n'est plus vraiment la guerre, mais une violence connexe ou assimilable à la guerre : manifestations durant la guerre d'Algérie, événements de mai 68, attentats terroristes (Marbeuf, Rue des Rosiers, Tati) ou émeutes de 2005.

Pour finalement arriver, de nos jours (?), dans un improbable mais réaliste Paris à feu et à sang.

Cadavre sur le parvis du Trocadéro, pillage devant la Samaritaine, Tour Montparnasse qui explose, la Capitale devient le théâtre de combats urbains, par la magie des photomontages et la triste réalité des images du Liban ou de l'Afghanistan.

Avec chacun des photomontages, le cliché de "guerre" original est présenté, renforçant le propos de Patrick Chauvel en soulignant la fragile frontière entre la réalité capturée et la fiction proposée.

La "Guerre Ici" pour mieux apprécier notre "Paix Ici".

Le Pont Alexandre III © Patrick Chauvel / photomontage Paul Biota
Le Pont Alexandre III © Patrick Chauvel / photomontage Paul Biota

En quittant l'exposition, j'ai retrouvé, avec bonheur, la circulation automobile du Quai de Conti...

La Monnaie de Paris © Patrick Chauvel - Photographies Patrick Chauvel - photomontage Paul Biota
La Monnaie de Paris © Patrick Chauvel - Photographies Patrick Chauvel - photomontage Paul Biota


lundi 6 décembre 2010

Gerhard Steidl, l'ivre d'images

Pile_Livres_Steidl.jpg Quelques palettes de papier et une colonne de livres, Alpha et Oméga de l'édition, nous accueillent pour cette traversée du miroir.
En quelques salles, présentant chacune un artiste et son ouvrage d'art édité avec Steidl, nous découvrons les arcanes de fabrication de ces livres/objets hors du commun.

Quelle meilleure mise en bouche que "Les Américains" de Robert Frank, qui marqua l'histoire de la photographie en 1959, réédité par Gerhard Steidl en 2007 ?
Le plaisir et l'émotion sont toujours intacts devant les photos de ce livre culte.

Après le classicisme du N & B, nous nous immergeons dans les grands formats couleurs des "Paysages avec personnages" de Massimo Vitali.
Sea, Sex (?) & Sun pour des visions entomologiques des mœurs humaines durant leurs loisirs.

Retour aux U.S.A, avec ce qui est, pour moi, le plus beau des ouvrages présentés dans cette exposition.
"Jack Kerouac On the road", le roman de la Beat Génération, illustré par les photos d'Ed Ruscha est un livre d'artiste exceptionnel.
Chaque illustration est un véritable tirage sur papier photo, collé à la main dans un gaufrage prévu à cet effet, contribuant à faire de cet ouvrage un trésor de bibliophile.
Il faut savourer les pages, sobrement exposées sur les murs, comme autant de petits chefs d'œuvres typographiques et photographiques.

Après ces émotions, j'avoue que "Body Freedom" de Karl Lagerfeld m'a semblé fade.
Je vais assumer mon opinion: je trouve les photos de KL très surestimées.
Mais la relation entre Lagerfeld et Steidl est si forte, que cette présence était sans doute inévitable.

Un coup d'œil sur le magnifique coffret "Works" de Lewis Baltz, qui regroupe des rééditions des ouvrages les plus significatifs de l'artiste et nous découvrons La Tour de Controle : Steidlville à Göttingen.

"I Spy with My Little Eye, Something beginning with S" de Koto Bolofo nous fait partager la vie intime de cette maison d'édition et imprimerie, dans les odeurs d'encre et le bruit des presses.

Enfin, une installation inédite de Jim Dine, conçue avec les 52 recueils composant "Hot Dreams(52 books)", conclut avec poésie ce parcours réjouissant dans le monde des éditions Steidl.

Ayant traversé la librairie de l'exposition, avec stoïcisme, pour ne pas succomber aux livres présentés, il reste à déguster un chef d'œuvre de documentaire sur Steidl.

Dans "How to make a book with Steidl" nous suivons Gerhard Steidl, dans son imprimerie, avec les photographes qu'il édite, dans des vernissages, à travers le monde, tantôt ouvrier imprimeur, tantôt chef d'entreprise, tour à tour chaleureux, diplomate ou directif, toujours passionné et passionnant.
Il faut, en particulier, se régaler des dialogues entre Joel Sternfeld et Gerhard durant la conception du livre "iDubai", recueil de photos prises à l'iPhone dans les gigantesques galeries commerciales de l'Émirat.
Inoubliable parole d'imprimeur : "Fuck the midtones !" (Rien à foutre des teintes intermédiaires !).


Allez vite tourner les pages de "Steidl Quand la photo devient livre" à la Monnaie de Paris, jusqu'au 31 décembre 2010.