L'Oeil Curieux

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Tag - Musée Fabre

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dimanche 22 septembre 2013

Signac au fil de l'eau

Je suis béni des dieux (je ne vais pas les nommer pour n’en froisser aucun en cas d’oubli…).

Mon fils ainé, néo montréalais, est à l’origine de la série canadienne de cet été (encore un épisode à venir !) et mon chimiste de cadet, « exilé » dans le sud pour ses études, me permet de profiter de l’offre culturelle de Montpellier.
C’est ainsi qu’en ce beau Dimanche de septembre, j’ai fini la matinée en naviguant avec Paul Signac, au musée Fabre.

Embarquement au Pont de Grenelle, ou les usines ennuageaient le ciel de leurs volutes enfumées.
Paul Signac, Pont de Grenelle, 1899, Helsinki, Amos Anderson Art Museum, Collection Sigurd Frasterus, inv. M56 ©Helsinki, Amos Anderson Art Museum/Kari Siltala
Paul Signac, Pont de Grenelle, 1899
©Helsinki, Amos Anderson Art Museum/Kari Siltala

Nous passâmes à Herblay au crépuscule, poursuivant notre route vers la mer.
Paul Signac, Herblay, Coucher de Soleil Opus 206, 1889© CSG CIC
Paul Signac, Herblay, Coucher de Soleil Opus 206, 1889
© CSG CIC

Arrivés dans la Manche, cap à l’ouest pour un long cabotinage qui nous amena au Port de St Malo.
Là, des trois mats aux voiles fauves attendaient de rejoindre les eaux froides au large de Terre Neuve.
Paul Signac, Trois mâts terre-neuvas. Voiles au sec. Saint-Malo (1931) Collection particulière © Droits réservés
Paul Signac, Trois mâts terre-neuvas. Voiles au sec. Saint-Malo (1931)
Collection particulière © Droits réservés

Puis nous laissâmes St Briac et firent route vers Concarneau et ses pécheurs de sardine, cohorte innombrable emplissant la mer jusqu’à l’horizon.

Paul Signac, Saint-Briac. Le Port Hue Opus 212, 1890, Moscou, Musée d'Etat des Beaux-Arts Pouchkine, inv. G-3342 ©AKG-Images
Paul Signac, Saint-Briac. Le Port Hue Opus 212, 1890
©AKG-Images

Paul Signac, Concarneau. Calme du soir Opus 220 (allegro maestoso), 1891, New York, The Metropolitan Museum of Art, The Robert Lehman Collection, inv. 1975.1.209 ©The Metropolitan Museum of Art, Dist. RMN-Grand Palais / Image of the MMA
Paul Signac, Concarneau. Calme du soir Opus 220 (allegro maestoso), 1891
©The Metropolitan Museum of Art, Dist. RMN-Grand Palais / Image of the MMA

Paul Signac, Concarneau. Pêche à la sardine Opus 221 (adagio), 1891, New York, The Museum of Modern Art, Mrs. John Hay Whitney Bequest, 1998, inv. 585.1998 ©2013. Digital Image, The Museum of Modern Art, New York / Scala, Firenze
Paul Signac, Concarneau. Pêche à la sardine Opus 221 (adagio), 1891
©2013. Digital Image, The Museum of Modern Art, New York / Scala, Firenze

Pour rejoindre la Méditerranée, nous fendîmes les terres du Sud en menant notre embarcation sur les eaux douces des canaux du midi.
Nous jetâmes l’ancre à Cassis et, sur une terrasse du port, une bouteille de blanc de la région nous désaltéra.
Paul Signac, Cassis. La Jetée Opus 198, 1889, New York, The Metropolitan Museum of Art, legs Joan Whitney Payson, inv. 1976.201.19 ©The Metropolitan Museum of Art, Dist. RMN-Grand Palais / Malcom Varon
Paul Signac, Cassis. La Jetée Opus 198, 1889
©The Metropolitan Museum of Art, Dist. RMN-Grand Palais / Malcom Varon

La fin du voyage était proche.
Nous nous faufilâmes entre Gien et Porquerolles, laissâmes l’ile du Levant à Tribord et mouillâmes enfin dans le Port de St Tropez, notre destination, après avoir doublé une bouée rouge.
Paul Signac, Saint-Tropez. La Bouée rouge, 1895, Paris, musée d'Orsay, donation Dr Pierre Hébert, 1957, inv. RF 1957-12 ©RMN-Grand Palais (musée d'Orsay)/Hervé Lewandowski
Paul Signac, Saint-Tropez. La Bouée rouge, 1895
©RMN-Grand Palais (musée d'Orsay)/Hervé Lewandowski


samedi 4 août 2012

A en perdre la tête

Alors que vous allez emmener vos enfants à la splendide exposition "Corps et ombres, Caravage et le caravagisme européen" au Musée Fabre de Montpellier, l’œil curieux souhaiterait vous alerter sur le danger de cette visite.

Les médias ont récemment fait le lien entre un massacre perpétré aux USA, à l'arme à feu, par un déséquilibré lors de la projection du dernier film sur Batman et l'influence néfaste de ce type de films, sombres et violents, sur quelques esprits perturbés.

Il est donc du devoir de ce blog d'informer les parents que certaines des images contenues dans l'exposition sur le caravagisme pourraient faire naître des envies de massacre à l'arme blanche chez des enfants ou des adolescents un peu fragiles psychologiquement.

Alarmisme déplacé diront certains ?
Caravage et ses « disciples », ce serait avant tout une maîtrise consommée de la lumière directionnelle, des clair-obscurs modelant les corps.
C'est vrai, mais ce n'est pas que cela, et je vais illustrer mes propos avec quelques uns des tableaux présentés à Montpellier.

Voyez la frayeur déformer le visage d'Isaac, alors que son père est sur le point de l'égorger comme un vulgaire mouton.
Il n'y aura pas toujours un ange pour retenir la main armée d'un couteau !

Caravage, Sacrifice d’Isaac (Florence, Galerie des Offices)
Caravage, Sacrifice d’Isaac
Florence, Galerie des Offices

Observez la mine patibulaire du bourreau déposant la tête, encore sanglante, de Jean-Baptiste, sur le plateau porté par Salomé.
Cette décapitation est le résultat sordide d'une sombre histoire de remariage avec un beau frère, d'un prophète moralisateur et d'une danse séductrice, exécutée devant un roi, par une jeune fille sous l'emprise malfaisante de sa mère.

Caravage, Salomé recevant la tête de saint Jean-Baptiste (Londres, National Gallery)
Caravage, Salomé recevant la tête de saint Jean-Baptiste
Londres, National Gallery

Comment ne pas être choqué par ce pauvre géant, le front éclaté par une pierre, en train de se faire trancher la tête par un jeune berger au visage convulsé par la violence ?

Borgianni, David et Goliath (Madrid, Academia de San Fernando)
Borgianni, David et Goliath
Madrid, Academia de San Fernando

Même en l'absence de détails sanglants, la violence est sous jacente, comme dans ce « Saint Sérapion », missionnaire de l'Ordre de Notre-Dame-de-la-Merci, atrocement torturé (démembrement et décapitation ou éviscération, suivant les versions), représenté sans vie et d'une pâleur cadavérique.

Zurbarán, Saint Sérapion (Hartford, Wadsworth Atheneum Museum of Art)
Zurbarán, Saint Sérapion
Hartford, Wadsworth Atheneum Museum of Art

Je ne voudrais pas jouer les Cassandre, mais je ne serais pas étonné d'apprendre, un de ces jours au journal de 20 heures, qu'un déséquilibré a égorgé des visiteurs du musée Fabre avec son Opinel ou son Laguiole.
Car en France, si la vente d'armes à feu est bien plus réglementée qu'aux États Unis, n'importe qui peut acheter un couteau !

Mais il reste néanmoins une faible lumière dans ces ténèbres.
Que l'image apaisée de ce nouveau né, délicatement nimbé de la lueur vacillante de la chandelle, ne déclenche chez les jeunes visiteurs un torrent d'amour et de sérénité...

La Tour, Le nouveau-né, Musée des Beaux-Arts de Rennes
La Tour, Le nouveau-né
Musée des Beaux-Arts de Rennes