L'Oeil Curieux

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Tag - Paolo Pellegrin

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lundi 1 septembre 2014

L'OuExPo de Monsieur de Galbert

Comme vous êtes des fidèles de l'Oeil Curieux, donc des personnes cultivées (et curieuses), vous connaissez certainement l'OuLiPo.
Non ?
Bon, pour faire court, L'OuLipo, ou Ouvroir de Littérature Potentielle, est un rassemblement d'artistes qui, en s'imposant des contraintes lors de l'écriture de textes, propose de générer un nombre infini d'écrits.

L'exemple sans doute le plus célèbre est « La disparition », roman de Georges Perec, pour lequel l'auteur s'était contraint à ne pas utiliser une seule fois la lettre « e ».
Techniquement il s'agit d'un lipogramme.

Et bien je pense qu'Antoine de Galbert nous propose en ce moment, à la Maison Rouge, une manifestation de l'OuExPo, ou Ouvroir d'Exposition Potentielle.

Pour fêter les 10 ans de sa fondation, ladite Maison Rouge, Monsieur de Galbert a décidé de partager avec nous sa formidable collection d'art.
Pour cela, il s'est imposé deux contraintes :

  • d'abord, ne présenter que des œuvres qui s'accrochent sur un mur,
  • ensuite de confier l'accrochage à un logiciel, qui a décidé de l'organisation des surfaces d'exposition uniquement en fonction des dimensions des œuvres.


Le Mur - La Maison Rouge © Marc Domage
Le Mur - La Maison Rouge © Marc Domage

Démarche donc très « oulipienne », la réalisation sous contraintes, non pas d'un texte, mais d'une exposition.

Pour pousser jusqu'au bout l'absence de hiérarchisation des œuvres induite par le processus d'organisation, les cartels ne sont pas accolés aux œuvres, mais lisibles à la demande, sur Internet, en utilisant des tablettes ou smartphones durant la visite ou sur des bornes interactives présentes dans les salles d'exposition.

Alors, accrochez vous à votre souris, l'Ouvroir d’Exposition Potentielle est aussi accessible aux visiteurs !

Chacun peut décider de l'exposition qu'il va visiter.

Il y a une grosse vingtaine de murs numérotés.
Libre à chacun de les visiter dans l'ordre croissant, ou décroissant , de ne faire que les nombres premiers, puis les autres ensuite, de commencer par les pairs, puis de faire les impairs.
Ainsi ne serait ce qu'avec la numérotation des murs, il y a déjà matière à décider de SA propre contrainte pour créer SA propre exposition.

Autre contrainte possible, choisir un ordre de parcours basé sur les catégories (photographies, peintures, dessins...).

L'accès à la demande aux cartels permet aussi toutes les variations : les lire systématiquement (dans ce cas, prévoir sans doute plusieurs visites), lire suivant le besoin (œuvre inconnu, trou de mémoire sur l'auteur ou le titre d'une œuvre connue...), n'en lire aucun.

Tout est possible, l'infini s'offre à nous, quel vertige ! (d’où la nécessité de s'accrocher à sa souris durant la lecture de cette partie du billet).

C'est intéressant ce concept d'OuExPo, remarque poliment un lecteur habitué aux visites classiques, mais l'exposition vaut elle le déplacement ?
Oui, oui, mille fois oui !

Elle va vous surprendre agréablement ou désagréablement avec ses découvertes.
Elle va vous conforter dans vos goûts, partagés avec Antoine de Galbert (par exemple, comme lui j'aime Fontana, mais contrairement à lui, je ne peux pas en exposer sur mes murs...).
Elle va éveiller vos souvenirs, en faisant ressurgir de votre passé d'amateur d'art telle exposition ou tel artiste.
Son hasard va créer des rencontres merveilleuses, comme cette tête d'homme de Joel Peter Witkin qui contemple une autre tête, de bovin, avec en prime un logo « Artiste Français » qui fleure bon le label alimentaire.
Le Mur - La Maison Rouge © Marc Domage
Le Mur - La Maison Rouge © Marc Domage

Vous serez émerveillé par cette profusion joyeuse, teintée d'humour et de dérision, témoin le destin funeste de la vache Milka, cette improbable tête transformée en vaisseau de Star Wars, abritant C3PO ou le grand Timonier victime d'une singulière fièvre jaune.
Damien Deroubaix, Milka-Kuh, 2003
Damien Deroubaix, Milka-Kuh, 2003

Nicolas Darrot, C3PO, 2005
Nicolas Darrot, C3PO, 2005
Cliquer ici pour voir le vaisseau en action !

Alain Bizos, Bye-Bye Mao!, 1976
Alain Bizos, Bye-Bye Mao!, 1976

Vous porterez un regard grave sur la classique photographie en Noir & Blanc et une attention souriante sur l'impertinente en couleurs.
Le Pape Jean Paul II, Rome. Cité du Vatican, 2005© Paolo Pellegrin/Magnum Photos
Le Pape Jean Paul II, Rome. Cité du Vatican, 2005
© Paolo Pellegrin/Magnum Photos

Romain Pellas, Camouflage (Encombrant n° 8), de la série 8 Encombrants (1998-2002), 2002
Romain Pellas, Camouflage (Encombrant n° 8),
de la série 8 Encombrants (1998-2002), 2002

Vous quitterez La Maison Rouge, heureux, heureux de ces rencontres, heureux d'avoir partagé, durant quelques heures, la gourmande accumulation d'un beau collectionneur.

Merci Monsieur de Galbert !



Ecoutez l'émission de France Info sur le Mur de la Maison Rouge.


mercredi 17 avril 2013

Séparer le bon Pellegrin de l’ivraie

Point besoin de trier entre les bonnes et les mauvaises images dans le numéro printanier 2013 de « 100 photos pour la liberté de la presse ».

100 photos de Paolo Pellegrin pour la liberté de la presse

Car Paolo Pellegrin est vraiment un grand nom du photojournalisme.

Mais après le glamour hollywoodien de la précédente livraison de RSF, le photographe italien nous entrainera dans un monde de guerre et de chagrin.
Ashraf Abu Lipta's family holds the picture of their son, a local leader of the Palestinian Popular front, killed in February 2004 by an IDF targeted assassination operation in Rafah.© Paolo Pellegrin/Magnum Photos
Palestine
© Paolo Pellegrin/Magnum Photos

Un monde, notre monde, dans lequel la liberté de la presse et le travail d'un Paolo Pellegrin sont des biens fragiles et précieux (et néanmoins accessibles pour une dizaine d'euros dès le 2 mai !)

PS Je me rends compte, avec ce billet, que je devrais remercier Reporters Sans Frontières de m'aider, comme Jeanne de France, à publier des billets.
Mais dans le cas présent, le sujet est vraiment dans la thématique de mon blog.
L'honneur est sauf...

dimanche 16 janvier 2011

Sombre est le Monde, sombres les photographies...


Le Monde est sombre quand il est en guerre.
Le Monde est sombre comme l'âme des hommes qui font la Guerre.

La Galerie Fait & Cause nous offre le regard sombre de Paolo Pellegrin.

Couvert de récompenses (dont 8 World Press !), le photographe italien est un des grands du photo-reportage actuel.
Il couvre aussi bien les catastrophes naturelles (Tsunami en Indonésie, Cyclone Katrina) que les conflits armés (Bosnie, Irak, Liban, Palestine,...), toujours avec une éthique de l'image qui refuse le sensationnel.

Un hélicoptère utilisé par la DEA et les troupes afghanes de lutte anti drogues, Afghanistan. 2006
Un hélicoptère utilisé par la DEA et les troupes afghanes de lutte anti drogues, Afghanistan. 2006
©Paolo Pellegrin/Magnum Photos

Ses photographies, le plus souvent en N & B, sont toujours des interrogations posées à notre regard.

Pourquoi ces souffrances de civils tués, blessés ou déplacés par des guerres qu'ils ne comprennent pas ?

Après un raid israelien, Beyrouth, Liban, 2006
Après un raid israelien, Beyrouth, Liban, 2006
©Paolo Pellegrin/Magnum Photos

Pourquoi ces haines qui habitent les combattants, commettant les pires horreurs, parfois au nom de leur Dieu ?

Membres des Brigades des martyrs d'Al-Aqsa à Rafah, Paolo Pellegrin
Membres des Brigades des martyrs d'Al-Aqsa à Rafah
©Paolo Pellegrin/Magnum Photos

Étoile de David laissée par les soldats israéliens dans une maison palestinienne à Jenin en 2002, Paolo Pellegrin
Étoile de David laissée par les soldats israéliens dans une maison palestinienne à Jenin en 2002
©Paolo Pellegrin/Magnum Photos

La beauté sombre des clichés n'étouffe jamais les sentiments que Paolo a ressenti au moment de la prise de vue.
Elle nous oblige à regarder nos frères et soeurs humains dans notre grande fragilité face à la mort, intimement et sans voyeurisme.

Allez nourrir votre humanité avec les photos de Paolo Pellegrin !