Lui, c'est Richard Prince, peintre et photographe, chantre de l'appropriation art.
Son Amérique, c'est l'Amérique des Cow Boys, des Hell's Angels, des stars hollywoodiennes, des hippies, des Bunnies de Playboy, un kaléidoscope de Sexe, de drogues et de Rock'n'Roll.

Alors, comment et pourquoi un tel artiste se retrouve-t-il exposé à la vénérable Bibliothèque Nationale de France ?

Parce que Richard Prince n'est pas uniquement ce génial artiste qui recycle l'art, créant ses œuvres à partir du travail d'autres artistes.
Parce que Richard Prince n'est pas uniquement ce peintre fasciné par les infirmières, dénichées sur les couvertures des romans bon marché, qu'il réinterprète sur ses toiles.

The Nurse Made Headlines, (2005) Ink jet and acrylic on canvas (193 x 119.4 cm) © Richard Prince, Courtesy Gagosian Gallery
The Nurse Made Headlines, (2005)
Ink jet and acrylic on canvas (193 x 119.4 cm)
© Richard Prince, Courtesy Gagosian Gallery

Parce que Richard Prince est aussi un extraordinaire bibliophile et collectionneur d'images.
Et la BNF lui a donné carte blanche, ouvrant même son fond pour lui permettre d'en extraire quelques ouvrages.

Le résultat est une singulière exposition intitulée "American Prayer", titre d'un poème de Jim Morisson (et aussi de l'album posthume enregistré par les Doors)

En 17 vitrines, traitant de thèmes tels que "Lolita and Lollipops", "On The Road" ou "Sex and drugs and Rock and Roll", avec les accrochages des différentes œuvres de Prince et la bande son, mêlant Dylan, the Clash et Hank Williams, nous traversons une Amérique fantasmée et réelle de 1949 (année de naissance de Richard Prince) à 1984.

Parmi les trésors présentés, "Big sur" de Jack Kerouac, manuscrit dactylographié sur un rouleau, comme l'a été aussi "On The Road", une lettre dactylographiée et signée de Truman Capote à Perry Smith, l'un des protagonistes du fait divers narré par Capote dans "De Sang Froid", entre autres merveilles, j'ai retenu la Vitrine 16, consacrée à Jimi hendrix, qui contient, en plus d'une œuvre de Prince, 5 projets de chansons écrites à la main par Hendrix sur du papier à lettres d’hôtels et une lettre manuscrite à son père, dans laquelle le guitariste se plaint de Little Richard qui n'a pas réglé ses musiciens !

Richard Prince, Untitled (Jimi Hendrix), 1992–93, Acrylic and t-shirt on canvas, 24 1/4 x 20 1/4 inches (61.6 x 51.4 cm). © Richard Prince, courtesy of Gagosian Gallery

Richard Prince, Untitled (Jimi Hendrix), 1992–93,
Acrylic and t-shirt on canvas, 24 1/4 x 20 1/4 inches (61.6 x 51.4 cm).
© Richard Prince, courtesy of Gagosian Gallery


Ce sont plus de trente ans de l'histoire de l'Amérique que nous offre Richard Prince, avec le filtre de ses obsessions, mais aussi avec la méticulosité d'un entomologiste épinglant des spécimen rares, un somptueux bréviaire illustré pour une Prière Américaine très personnelle.

La visite se termine par un cabinet de lecture, avec quelques livres de l'artiste à consulter (numérisés sur iPad) et une bibliothèque remplie de 454 livres...qui n'existent pas, des guides sur la vie nocturne (et sexuelle) de différentes villes de la planète (une collection "Sexually Planet" ?).

«After Darker» de Richard Prince - © Richard Prince
«After Darker» de Richard Prince - © Richard Prince

Une bibliothèque ? Quoi de plus naturel à la BNF...

Les vidéos de l'exposition "Richard Prince, American Prayer"