C'est le propre de la discipline: le photojournalisme se nourrit de l'horreur du monde.

Déjà, mes billets sur les éditions précédentes (2012 et 2013) renfermaient des images de guerre ou de catastrophes naturelles.
Mais, pour chacun d'entre eux, une image venait adoucir le propos.

Ce ne sera pas le cas cette année.
Non pas que les catégories Sport ou Nature soient absentes du World Press Photo 2014, mais à l'issue de ma visite, je n'ai simplement pas envie d'édulcorer la profonde tristesse ressentie.

Il y a l'horreur de la nature qui se déchaîne.
Et les Hommes qui conservent, malgré tout, confiance en leurs dieux.
Philippe Lopez, Survivants du typhon, Tolosa, Leyte, Philippines
Philippe Lopez, Survivants du typhon, Tolosa, Leyte, Philippines

Il y a l'horreur de la folie des Hommes, qui ne savent plus prendre soin de leurs semblables.
Robin Hammond, Guerre et santé mentale après les crises, Mogadishu, Somalia
Robin Hammond, Guerre et santé mentale après les crises, Mogadishu, Somalia

Je ne sais pas s'il faut rire ou pleurer devant ce guérisseur qui récite des versets du Coran avec un porte-voix pour guérir des malades mentaux.

Il y a l'horreur de la guerre.
Goran Tomasevic, Des rebelles attaquent un point de contrôle gouvernemental, Damascus, Syria
Goran Tomasevic, Des rebelles attaquent un point de contrôle gouvernemental, Damascus, Syria

Il y a l'horreur de l'autre guerre, la guerre économique.
Toujours consommer, acheter toujours moins cher.
Peu importe que le prix payé pour un t-shirt de marque le soit au prix du sang de travailleurs lointains, comme cette femme et cet homme liés dans la mort par une ultime étreinte, lors de l'effondrement de l’immeuble dans lequel ils travaillaient, pour nous vêtir, nous, riches occidentaux.
Taslima Akhter, Ultime étreinte, Savar, Bangladesh
Taslima Akhter, Ultime étreinte, Savar, Bangladesh

Et cette année, même derrière le premier prix, il y a l'horreur.
© John Stanmeyer
John Stanmeyer, Signal, Djibouti City, Djibouti

Parce que ces migrants africains qui cherchent à capter du signal avec leurs téléphones, ils sont en terre étrangère pour avoir fui l’horreur de la guerre, de la guerre économique ou de la folie des hommes.....