Il ne faut pas grand-chose pour gâcher une visite et obtenir un billet un peu...grognon, dirons-nous.

Tenez, ce dimanche, j'ai visité « Circulation(s) », festival dont les précédentes éditions m'avaient laissé un bon souvenir.
J'avais même écrit en avance sur le sujet. En avance pour l'Oeil Curieux, c'est dire !

Deux ou trois détails furent presque fatals.
D'abord, et je vais finir par croire que je suis trop informé ou que je parcours trop d'expositions, je connaissais déjà un certain nombre des œuvres présentées.
Entre les Boutographies 2013, le magazine polka et autres « Bourse du Talent », l'effet de découverte était trop souvent absent et j'ai commencé à être bougon.

Vous ajoutez des lectures de portfolios gratuites qui transformaient les salles d'exposition en salles de réunion ou de jeunes (et moins jeunes) artistes soumettaient leurs travaux à divers professionnels du métier.
Fond sonore de discussions animées, accès aux œuvres restreint et j'ai gagné un ou deux degrés sur mon échelle d'insatisfaction.

Enfin, et je veux y voir un double effet de l'âge et d'une vie somme toute heureuse, les sujets photographiques des jeunes me semblent souvent tristes et parfois trop égocentriques.
Les reportages mémoriels qui finalement ne présentent qu'une série d'images assez banales racontant « l'histoire de ma visite/retour aux sources dans le pays ou mes parents sont nés/ont vécus/sont morts » commencent un peu à me lasser.

Maintenant, que mes propos d'Oeil Grincheux ne vous empêchent pas d'aller voir cette exposition.
J'ai trouvé de beaux sujets de satisfaction et je ne doute pas que votre visite sera profitable (sans les lectures de portfolios, veinards!).

Philippe Petremant réalise avec sa série de billets pliés, origamis surréalistes, une intrigante galerie de portraits.
Philippe Petremant, Série "Les sept mercenaires" - Prof
Philippe Petremant, Série "Les sept mercenaires" - Prof

Grâce à Klaus Pichler, le muséum d'histoire naturelle de Vienne devient un théâtre magique, ou les animaux empaillés jouent leur propre rôle avec élégance et humour.
Klaus Pichler, Série "Skeletons in the closet"
Klaus Pichler, Série "Skeletons in the closet"

Mon coup de cœur esthétique est pour la série « Apnée » d'une jeune photographe belge, Elodie Ledure.
J'aime son parti pris de la couleur, sa poésie du presque rien.
Elodie Ledure, Série "Apnée"
Elodie Ledure, Série "Apnée"

« Packing », de Virginie Rebetez, m'a rappelé la série « In Case it Rains in Heaven » de Kurt Tong, vue l'année dernière.
Ici, des vêtements, portés par leurs propriétaires au moment de la mort, deviennent mausolées textiles.
Je suis très touché par ces travaux un peu formels et néanmoins sensibles sur notre ultime fin.
Virginie Rebetez, Série "Packing"
Virginie Rebetez, Série "Packing"

Sans doute parce qu'il s'agit précisément d'un genre que je goute peu, le travail de reconstitution de sanglants faits divers par Thomas Martin est un exercice de style que j'apprécie particulièrement.
Thomas Martin, Série "Faits divers"
Thomas Martin, Série "Faits divers"

Fin de billet en clair-obscur avec des images de Fukushima.
La fée Électricité, blessée, éclaire timidement un modeste et dérisoire hommage à Hokusaï.
Carlos Ayesta - Guillaume Bression, Série "Clair obscur à Fukushima", © Carlos Ayesta - Guillaume Bression
Carlos Ayesta - Guillaume Bression, Série "Clair obscur à Fukushima"