J'aime la couleur.
Je l'aime pour elle même, dans sa monochromie.
Je l'aime quand multiples, elles s'affrontent et se choquent.
Je l'aime quand multiples, elles se frottent et se fondent.
J'aime les photographes qui aiment la couleur comme je l'aime.
Enfin comme j'imagine leur amour.

Je ne pouvais qu'aimer William Eggleston.

J'aime sa façon d'utiliser la couleur comme une pâte sortie du tube, crue et envahissante.
Sans titre, CA, 1970 © William Eggleston / Eggleston artistic Trust, Collection de l'artiste
Sans titre, CA, 1970
© William Eggleston / Eggleston artistic Trust, Collection de l'artiste

J'aime sa façon de faire trancher le rosé d'un lieu trivial par les insolentes robes d'une compagnie de bigoudis et d'un jet dentaire.
© William Eggleston / Eggleston artistic Trust, Collection de l'artiste
© William Eggleston / Eggleston artistic Trust, Collection de l'artiste

J'aime sa façon de souligner le dialogue entre une belle Américaine et un modeste logo tombé bien bas.
© William Eggleston / Eggleston artistic Trust, Collection de l'artiste
© William Eggleston / Eggleston artistic Trust, Collection de l'artiste

Peut-être trouverez-vous ces clichés quelconques, insipides?
Sur ce point me revient une discussion avec un ami et fidèle abonné de mon blog sur l'exposition de Depardon au Grand Palais.
Il n'avait pas été enthousiasmé et trouvait les images sans grand intérêt. (Jean Marie, si je trahis tes propos, n'hésite pas à intervenir!)
J'étais d'accord avec lui sur la banalité des sujets, mais ce qui me fait aimer ces photographies est l'irruption de la couleur, sa domination éclatante qui transfigure la banalité.
Je crois bien que j'aime aussi ces images parce que j'imagine, je ressens l'émotion du photographe au moment de la prise de vue, l'absolue nécessité d'attraper la couleur.

J'aime les couleurs d'Eggleston et j'aime aussi ses perspectives, ses lignes de fuites imbriquées.
© William Eggleston / Eggleston artistic Trust, Collection de l'artiste
© William Eggleston / Eggleston artistic Trust, Collection de l'artiste

Enfin, moi le chromophile, j'aime ses noirs et blancs qui racontent la banalité du quotidien avec ses multitudes.
Sans titre, 1965-1970 © William Eggleston / Eggleston artistic Trust, Collection de l'artiste
Sans titre, 1965-1970
© William Eggleston / Eggleston artistic Trust, Collection de l'artiste