Ma vie au MUSée
Par L'Oeil Curieux le samedi 8 juin 2013, 22:44 - Clins d'oeil - Lien permanent
« Inauguration du Musée d’histoire Urbaine et Sociale de Suresnes (MUS) », un article exclusif de notre envoyé spécial.
L'Oeil Curieux, enfin reconnu comme un acteur majeur de la vie culturelle à Suresnes, en Ile de France, en France et dans le monde a donc été invité officiellement à cette inauguration ?
Oui, bien sûr !
Enfin, non, pas vraiment...
L'invitée était Madame L'Oeil Curieux, qui ne se contente pas d'être un aficionado de Peau d’Âne, mais participe activement à la vie sociale du quartier et donc était conviée, à ce titre, à cette cérémonie.
Je n'étais finalement qu'un accompagnant.
Mais revenons au sujet en commençant par un aveu : je suis un métis.
Je sais que de nombreux articles soulignent et revendiquent mes origines cagouillardes.
Mais je ne suis pas un pur (beurre) charentais (AOC) et coule en moi, par ma mère, une moitié de sang suresnois.
Suresnes, ma ville natale, que vous connaissez sans doute, puisque chaque année, le 18 juin, le Président de la République rend hommage à la France Combattante au Mémorial du Mont Valérien.
Suresnes a donc maintenant son musée, sis dans une ancienne gare, que j'ai visité, brièvement, ce 7 juin, pour son inauguration.
Musée d’histoire Urbaine et Sociale de Suresnes (MUS)
Suresnes - Gare Suresnes-Longchamp
Photo : © Lucille Pennel
J'ai eu l'impression de voir, d'une certaine façon, une exposition sur ma vie, la vie de nos familles, à Madame l'Oeil Curieux et à moi.
Un petit coup d'oeil sur la généalogie va vous éclairer sur la profondeur de nos racines suresnoises.
Madame L'Oeil Curieux, née, mariée et habite à Suresnes depuis toujours.
Mère née, mariée et ayant habité longtemps à Suresnes.
Monsieur L'Oeil Curieux, né,marié et habite à Suresnes depuis toujours.
Mère née, mariée et habite à Suresnes depuis toujours.
Grand-Mère maternelle, née, mariée et ayant habité pratiquement toute sa vie à Suresnes.
Vous imaginez alors aisément que la visite a été empreinte d'une forte dimension personnelle, d'une nostalgie heureuse, devant de nombreux objets et photographies présentés.
Pour l'histoire urbaine, le MUS met à l'honneur l’urbanisme social des années 1920 à 1940, avec la Cité Jardin, formidable ensemble architectural réalisé sous la conduite d'Alexandre Maistrasse, par la volonté d’Henri Sellier, maire socialiste de Suresnes de 1919 à 1941 et ministre de la Santé publique sous le gouvernement de Front populaire.
Cité Jardin de Suresnes
Cette Cité Jardin est mon quotidien puisque j'y habite et que j'y ai suivi une partie de ma scolarité.
Le collège Henri Sellier, à l'origine une école primaire appelée Édouard Vaillant puis Aristide Briand, a été le témoin de brillantes études et j'ai nagé dans la piscine, maintenant désaffectée, qui se trouve sous le gymnase.
Piscine du Collège Henri Sellier, Suresnes
Devant un coq de manège, Madame l'Oeil Curieux m'a précisé, émue, que ce manège était dans la Maternelle Vaillant Jaurès ou sa petite sœur était scolarisée (et que malheureusement trop âgée (!) pour faire un petit tour, Madame L'Oeil Curieux n'avait pas connu l'ivresse des rotations sur ce fier gallinacé de bois...).
Élément de manège
Pour l'histoire sociale, le MUS rappelle le passé industriel de Suresnes, avec notamment les industries automobiles et aéronautiques, présentes dans la ville dès le début du 20e siècle.
Une vue des ateliers de Saurer, fabricant suisse de camions, me rappelle mon grand-père maternel, ouvrier qui a peut-être travaillé sur une de ces machines-outils.
Suresnes - Usines Saurer
Photo : © Lucille Pennel
Le magnifique monogramme de Louis Blériot renvoie à l'ancien établissement « Blériot Aéronautique », établi en 1915, sur les quais de Seine.
Aujourd'hui remplacée par un site EADS, l'ancienne usine est néanmoins toujours présente avec son fronton, préservé lors de la démolition et exposé devant les nouveaux bâtiments.
Même sans être Suresnois, venez visiter ce petit musée qui raconte l'histoire d'une belle ville, ma ville.
Quand vous serez sur place, profitez en pour suivre le parcours patrimoine à travers la cité.
Je vous recommande en particulier le cimetière américain du Mont Valérien, havre de paix et de verdure.
Je suis toujours ému en passant devant ses alignements impeccables de croix, mêlées à quelques étoiles de David, dont la blancheur tranche le vert vif de la pelouse.
Je pense à ces 1541 jeunes Américains, morts bien loin de chez eux, durant la Première Guerre mondiale.
"En terre étrangère" par Le Photo Flaneur
Cimetière Américain de Suresnes
Je pense à Jean, mon arrière-grand-père maternel, mort un peu moins loin de chez lui, le 4 novembre 1914, laissant derrière lui, sa femme et quatre enfants, dont ma grand-mère, âgée alors de 6 mois.
Son nom est gravé sur le Monument aux Morts du cimetière Voltaire, à Suresnes.
Je pense à Albert, mon arrière-grand-oncle, si beau dans son uniforme de zouave, mort à 24 ans.
Comme de nombreuses femmes de cette génération, mon arrière-grand-mère était veuve de guerre et avait aussi perdu un de ses frères.
Oh Barbara Quelle connerie la guerre
Pour finir sur une note plus festive et créer le lien avec la Charente, je rappelle, ou je vous apprends, que Suresnes est une terre viticole.
Non, non, je ne consomme pas sans modération les produits issus de la fermentation du jus de raisin !
Il reste de la vigne à Suresnes, vestige d'une production jadis abondante et ce vin de Suresnes, petit blanc de soif, se laisse boire.
Musée d’histoire Urbaine et Sociale de Suresnes (MUS)
1, Place de la Gare de Suresnes-Longchamp
92150 Suresnes
Commentaires
Je me souviens du Théâtre Jean Vilar, au début des années 70. Mes parents nous entraînaient, ma soeur et moi encore toutes petites, dans des spectacles qui n’étaient pas de notre âge. Je me souviens d’avoir assisté à des concerts de chanteurs « engagés » comme on disait, à la cafétéria du Théâtre, petit espace intime qui ne contenait pas plus d’un centaine de personnes. J’y ai vu quelques projections dont je ne comprenais pas bien le sens mais qui resteront gravées dans mon esprit : Sacco et Vanzetti, Elise ou la vraie vie, Deux anglaises et le continent, Nous ne vieillirons pas ensemble... J’ai vu une salle pleine à craquer, exulter, debout le point levé, chanter d’une même voix lors du concert du groupe chilien les Quilapayun alors en exil en France au lendemain de la mort d’Allende.
Pour toutes ces raisons et encore bien d’autres, cette ville a marqué mon enfance. Ce sera avec plaisir qu’une prochaine fois j’irai visiter le MUS avec ma mère qui habite toujours Suresnes. I.H.