L'Oeil Curieux

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Tag - Bibliothèque Nationale de France

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jeudi 1 mai 2025

Alors, c'est pour quand ?

Depuis que Jean a rédigé son Apocalypse, l'humanité attend cet événement et passe son temps à l'évoquer.

Nous savons que le dragon a été enchaîné pour 1000 ans, ça permet de voir venir,

Apocalypse dite de 1313, Le dragon enchaîné pour mille ans
Apocalypse dite de 1313, Le dragon enchaîné pour mille ans
Bibliothèque nationale de France. Département des Manuscrits. Français 13096

Nous savons que Babylone est destinée à la destruction,

Beatus d'Arroyo, La chute de Babylone
Beatus d'Arroyo, La chute de Babylone
Bibliothèque nationale de France. Département des Manuscrits. NAL 2290

et les 2 bêtes sont assez bien identifiées.

Apocalypsis
Apocalypsis
Bibliothèque nationale de France, département Réserve des livres rares

Apocalypsis
Apocalypsis
Bibliothèque nationale de France, département Réserve des livres rares

Nous nous doutons que le jugement dernier ne devrait pas être une partie de plaisir pour tout le monde.

Maître de Dunois,  Le Jugement dernier Musée des Arts décoratifs, Paris
Maître de Dunois, Le Jugement dernier
Musée des Arts décoratifs, Paris

Mais l'apocalypse se fait encore attendre...
Certains artistes illustrent encore et toujours l'apocalypse de Jean, ou y trouvent leur inspiration,

Albrecht Dürer, L’Apocalypse. Saint Michel et le dragon
Albrecht Dürer, L’Apocalypse. Saint Michel et le dragon
Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie

William Blake, Death on a Pale Horse
William Blake, Death on a Pale Horse
© Fitzwilliam Museum / Bridgeman Images

Odilon Redon, Une femme revêtue de Soleil Odilon Redon, Une femme revêtue de Soleil
Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie

Germaine Richier, Le cheval à six têtes, grand
Germaine Richier, Le cheval à six têtes, grand

alors que d'autres commencent à penser que l'apocalypse, ce sont les guerres, tristement humaines.

Jacques Callot , Les Grandes Misères de la guerre Planche 11: La Pendaison Jacques Callot , Les Grandes Misères de la guerre Planche 11: La Pendaison
Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie

Henri Rousseau, La Guerre © Musée d’Orsay, Dist. RMN-Grand Palais / Patrice Schmidt
Henri Rousseau, La Guerre
© Musée d’Orsay, Dist. RMN-Grand Palais / Patrice Schmidt

Depuis Hiroshima, l'apocalypse est devenue atomique et hante les esprits.

Jean Lurçat, Le Chant du monde Panneau La Fin de tout
Jean Lurçat, Le Chant du monde Panneau La Fin de tout

Miriam Cahn, Atombombe, 4 mars 1991 Courtesy galerie Jocelyn Wolff, Romainville Miriam Cahn, Atombombe, 4 mars 1991
(Courtesy galerie Jocelyn Wolff, Romainville)

Mais en attendant, nous ne savons toujours pas quand l'Apocalypse surviendra et notre chute continue...

Xie Lei Rescue © ADAGP, Paris, 2025 Xie Lei Rescue © ADAGP, Paris, 2025


jeudi 21 décembre 2023

Du Noir au Blanc, en passant par toutes les nuances de gris

Après la matière, la lumière, l'encre des photographes.
Ici, des cartels de peu de mots, pour que l'oeil s'enivre de blanc neigeux, de noir nocturne et de tous les gris possibles.

Pour rester dans l'ambiance, ce sera un billet de peu de mots, avec des photographes que j'ai découverts, de vieilles connaissances que j'ai retrouvées avec plaisir et d'abord des images qui restent dans la mémoire des bâtonnets de mon Oeil Curieux.

La crevasse (départ) sur le chemin du grand plateau, ascension du Mont-Blanc, Les frères Bisson - Bibliothèque nationale de France La crevasse (départ) sur le chemin du grand plateau, ascension du Mont-Blanc, Les frères Bisson
Bibliothèque nationale de France

Le blanc qui s’apprête à trancher dans le vif du noir.
Ray K. Metzker, Francfort 1961
Ray K. Metzker, Francfort 1961

Štěpán Grygar, bez názvu (Praha), 1984
Štěpán Grygar, bez názvu (Praha), 1984

De Bernard Plossu, je me souvenais de ses tirages "Fresson", des illuminations colorées.
Sa nappe de lumière est une nouvelle illumination !
Bernard Plossu, Paris 1973 © Bernard Plossu
Bernard Plossu, Paris 1973 © Bernard Plossu

Michael Kenna, découvert sur le site Richelieu de la BNF il y a plus de 13 ans.
À chaque rencontre, je reste éperdu d'admiration devant le raffinement de son Noir et Blanc.
Michael Kenna Hedges and Tower / Haies et Tour Parc de Saint-Cloud, France, 1988. © Michael Kenna Michael Kenna Hedges and Tower / Haies et Tour Parc de Saint-Cloud, France, 1988.
© Michael Kenna

Yoichi Midorikawa, Mer Intérieure, Japon Vers 1962 Yoichi Midorikawa, Mer Intérieure, Japon Vers 1962

Mario Giacomelli,  Je n'ai pas de main qui me caresse le visage 1961-1963 Mario Giacomelli, Je n'ai pas de main qui me caresse le visage 1961-1963

Bill Brandt, Tombée du jour dans Kew Garden vers 1935
Bill Brandt, Tombée du jour dans Kew Garden vers 1935

Le Yin et le Yang en gestation.
Koichiro Kurita, Neige fondant sur un rocher 1988 Koichiro Kurita, Neige fondant sur un rocher 1988

Martine Franck, Alpes de Provence 1976
Martine Franck, Alpes de Provence 1976

René Burri, Lac Kumming Pékin, Chine 1964
René Burri, Lac Kumming Pékin, Chine 1964

Piergiorgio Branzi, Bar sur la plage Littoral de l'Adriatique 1957 Piergiorgio Branzi, Bar sur la plage Littoral de l'Adriatique 1957

Louis Faurer, Garage sur Park Avenue 1950
Louis Faurer, Garage sur Park Avenue 1950

J'ai une relation très personnelle avec André Kertész.

À deux occasions déjà, comme par une mystérieuse intrication de photographes, un nuage et un corps de femme nous ont liés à travers le temps et l'espace.
Ce samedi 16 décembre 2023, le phénomène s'est reproduit, autour d'un verre, dépoli.
André Kertész, 1er janvier 1972 à la Martinique 1972
André Kertész, 1er janvier 1972 à la Martinique 1972
© Ministère de la Culture (France), MPP, diff. RMN-GP

L' Atelier du Chocolat / The Chocolate Workshop

© l'Oeil Curieux

Enfin, avec Laurent Cammal, j'ai eu l'impression de repartir dans l'univers de Tron, celui de 1982, avec ses images peintes qui semblaient générées par ordinateur.
Laurent Cammal, Solid Line II 2012
Laurent Cammal, Solid Line II 2012



dimanche 17 décembre 2023

Matière à voir

Beaucoup de matière dans cette copieuse exposition comme la BNF sait si bien nous en concocter.
Des œuvres en quantité gastronomique, des cartels bien remplis pour nous accompagner dans un passionnant et réjouissant voyage dans les états possibles de la matière-image en photographie, analogique comme numérique.

Mon chemin de joie en quatorze stations.

Station I
Retour vers le futur.
Andreas Müller-Pohle part d'un scan de la première photographie de l’Histoire, « Point de vue pris d’une fenêtre de la propriété du Gras à Saint-Loup-de-Varennes » de Nicéphore Niépce, qu'il digitalise pour ensuite produire des images avec des retranscriptions des données binaires du numérique.
D'une photographie historique, mais qui, par ses huit heures de pose, ne reproduisait pas le regard humain, l'artiste nous propose une autre interprétation finalement tout aussi éloignée du regard humain.
Andreas Müller-Pohle, Digital Scores IV (after Nicéphore Niépce), 1998 © Andreas Müller-Pohle
Andreas Müller-Pohle, Digital Scores IV (after Nicéphore Niépce), 1998
© Andreas Müller-Pohle

Station II
La matière est présente, flamboyante dans son oxydation.

Mais nous ne saurons jamais s'il s'agit d'un monumental monolithe ou d'un petit morceau de métal récupéré.
Béatrice Helg, Profondeurs IV, 2017
Béatrice Helg, Profondeurs IV, 2017
© Béatrice Helg

Station III
La cuvette de développement, réceptacle de l'alchimie de la photographie argentique, devient elle même le sujet d'un photogramme pour finir en impression pigmentaire.

Autres temps, autres mœurs.
Cuvette de développement n°18, Paris - 2021 Digitalisation, Tirage pigmentaire © Philippe Gronon - ADAGP
Cuvette de développement n°18, Paris - 2021 Digitalisation, Tirage pigmentaire
© Philippe Gronon - ADAGP

Station IV
Une feuille de papier pliée devient une goutte de lumière, par la magie de la très faible profondeur de champ de la prise de vue.
Paper Drop (Passage) Vi,  Wolfgang Tillmans
Wolfgang Tillmans, Paper Drop (Passage) VI

Station V
Un Alien, engendré par une intelligence artificielle nourrie de fragments du texte Économie libidinale (1974) du philosophe Jean-François Lyotard et des millions de documents iconographiques disponibles sur la toile.
Gregory Chatonsky, E-phemeral skin #14
Gregory Chatonsky, E-phemeral skin #14

Station VI
Une photographie écologique et circulaire, la plante est le sujet et le support puisque le papier est composé des fibres du végétal représenté.
Parme Baratier, Tronc de Cannabis Sativa, 2019
Parme Baratier, Tronc de Cannabis Sativa, 2019

Station VII
« 8 Tentatives de représenter le Mont Fuji » seraient-elles une tentative de réponse aux « Trente Six vues du Mont Fuji » d'Hokusai, d’un photographe travaillant la surface sensible du tirage par un procédé répété d'oxydation-réduction ?
Rolan Ménégon, 8 Tentatives de représenter le Mont Fuji, Tentative 8/8
Rolan Ménégon, 8 Tentatives de représenter le Mont Fuji, Tentative 8/8

Station VIII
Encore un artiste sous emprise de produits chimiques !
Le sel de bichromate sur une plaque de verre créé un paysage montagneux onirique
Jean-Pierre Sudre, Douze paysages matériographiques 1972 / 1975
Jean-Pierre Sudre, Douze paysages matériographiques 1972 / 1975

Station IX
L'incendie de la ville de Paradise (Californie) couve encore sous le flamboiement de l'image infrarouge.

Le Dixie Fire n'aura pas vraiment respecté le panneau précisant « No Trespassing », entrée interdite...
Maxime Riché, No Passing 2020,  Série « Paradise», 2020-2023
Maxime Riché, No Passing 2020, Série « Paradise», 2020-2023

Station X
La douceur des souvenirs, un faux air d'autochrome par l'apport des pigments.
Flore, Mandarine , Série « Maroc, un temps suspendu », 2019
Flore, Mandarine , Série « Maroc, un temps suspendu », 2019

Station XI
La photographie rehaussée de dessin à la mine graphite devient une personnalité graphique troublée et troublante.
Anne-Lise Broyer, Lys, 2022
Anne-Lise Broyer, Lys, 2022

Station XII
Un lys dans un vase, sujet parfait d'une nature morte, « Still Life », redevient toujours vivant, « Still Alive » grâce à la superposition photographique de ses postures successives de fleur coupée dans ses derniers jours.
Hélène Marcoz, Still alive, Lys blanc 2010
Hélène Marcoz, Still alive, Lys blanc 2010

Station XIII
La station des sports d'hiver, avec la moelleuse blancheur d'un papier essuie-tout pour un paisible paysage enneigé.
Jean Pierre Bonfort, Douze paysages de montagne ronds II, 2012-2014
Jean Pierre Bonfort, Douze paysages de montagne ronds II, 2012-2014

Station XIV
Beau comme la rencontre provoquée sur un tirage Cibachrome des peintures de Fernand Léger avec les photographies de Stéphane Couturier
Stéphane Couturier, Sète - 2018 Port de Commerce n°7, Série "Les Nouveaux Constructeurs"
Stéphane Couturier, Sète - 2018 Port de Commerce n°7
Série "Les Nouveaux Constructeurs"


dimanche 20 juin 2021

Je suis accro au HCB, pas au THC

Bonjour, je m'appelle L'Oeil Curieux et je suis accro au HCB.

Bonjour L’Oeil Curieux !

Aussi loin que je me souvienne m’intéresser à la photographie, j'ai consommé du HCB.
Au lycée, alors que je fréquentais le labo pour faire mes tirages N& B, j'avais déjà en tête sa perfection comme un modèle inatteignable.

Ma première dose ?

Je ne suis plus sur, mais j'imagine que le sauteur de la Gare St Lazare serait un bon candidat.
Henri Cartier-Bresson Place de l'Europe. Gare Saint Lazare. Paris, France. 1932. © Henri Cartier-Bresson
Henri Cartier-Bresson Place de l'Europe. Gare Saint Lazare. Paris, France. 1932
© Henri Cartier-Bresson | Magnum Photos

Je sais que très tôt, j'ai consommé « À propos de l'URSS ».
Henri Cartier-Bresson Peter and Paul's fortress on the Neva river. Leningrad, Russia. 1973. © Henri Cartier-Bresson
Henri Cartier-Bresson Peter and Paul's fortress on the Neva river. Leningrad, Russia. 1973.
© Henri Cartier-Bresson | Magnum Photos

Puis c'est la spirale infernale, les expositions, les livres, le Centre Pompidou, la Fondation HCB, qui est pour moi, ce que la place Stalingrad est aux consommateurs de crack.

Hier, j'étais à la BNF.

« Le grand jeu » est le titre de l'exposition.

Sur les 385 photographies que le maître a sélectionnées comme étant ses meilleures photographies dans les tirages les meilleurs possible, cinq commissaires en ont choisi chacun 50 pour faire leur propre exposition.

Je me disais donc que pour mettre fin à ma grosse période de manque depuis octobre 2019, avec ma dose de « CHINE, 1948-1949 , j'allais avoir un bon trip offert par 5 excellents dealers.
Mais bon, avec cette came, depuis que j'en consomme, j'ai de plus en plus de difficultés à monter vraiment très haut.

Je ne dis pas que je n'ai pas eu de plaisir, non bien sur que non.

Même consommées et consommées sans cesse, les images sont toujours aussi bonnes.
Henri Cartier-Bresson Brussels, Belgium. 1932. © Henri Cartier-Bresson
Henri Cartier-Bresson Brussels, Belgium. 1932
© Henri Cartier-Bresson | Magnum Photos

Henri Cartier-Bresson Inside the sliding doors of the bullfight arena. Valencia, Spain. 1933. © Henri Cartier-Bresson
Henri Cartier-Bresson Inside the sliding doors of the bullfight arena. Valencia, Spain. 1933.
© Henri Cartier-Bresson | Magnum Photos

Henri Cartier-Bresson A fruit vendor sleeping against a wall in the red light district of Barrio Chino. Barcelona, Spain. 1933. © Henri Cartier-Bresson
Henri Cartier-Bresson A fruit vendor sleeping against a wall in the red light district of Barrio Chino. Barcelona, Spain. 1933.
© Henri Cartier-Bresson | Magnum Photos

Wim Wenders a réalisé un film extrêmement touchant sur ses choix de photographies.
Un bon dealer ce Win, j'ai toujours plaisir à un petit shoot de ses ailes du désir.

J'ai aussi beaucoup aimé le point de vue de Javier Cercas, écrivain espagnol, qui a rappelé le regard d'HCB sur la Guerre d’Espagne, en particulier par deux films réalisés par le photographe.

Mais je suis resté sur ma faim, car les 5 commissaires ont choisi beaucoup d'images en commun.



Alors, pour me venger, je voulais trouver la liste des 385 clichés du Grand jeu et devenir, le temps d'un billet, aussi commissaire.
Faute de cette liste, j'ai choisi quelques clichés que je n'ai pas vus hier dans les sélections.
Henri Cartier-Bresson Brie, France. 1968. © Henri Cartier-Bresson
Henri Cartier-Bresson Brie, France. 1968.
© Henri Cartier-Bresson | Magnum Photos

Henri Cartier-Bresson
Henri Cartier-Bresson | Europeans Wall inscription: Jouissez sans entraves (Pleasure without limits). Rue de Vaugirard. Paris, France. 1968.
© Henri Cartier-Bresson | Magnum Photos

Henri Cartier-Bresson A woman holds a baby in a shroud. Mexico City, Mexico. 1934. © Henri Cartier-Bresson
Henri Cartier-Bresson A woman holds a baby in a shroud. Mexico City, Mexico. 1934.
© Henri Cartier-Bresson | Magnum Photos


mercredi 17 février 2021

S'accrocher aux bouées

S'accrocher aux bouées, garder la tête hors de l'eau, et ne pas succomber dans la mare noirâtre du pseudo confinement.

Plus de musées, plus d'expositions, je suis affamé d'art.

Je me jette sur les ersatz.

Live de l'exposition Noir et Blanc

[Replay] ⚫⚪ (Re) Découvrez l'exposition Noir et Blanc en live depuis le Grand Palais - RMN (Officiel) avec la BnF - Bibliothèque nationale de Franceet Ministère de la Culture pour une visite haute en couleurs 😍👇

Publiée par ARTE sur Lundi 15 février 2021


Je sais pourquoi je préfère visiter les expositions sans profiter des visites guidées.
J'ai besoin de me retrouver seul face aux œuvres, en silence.
Surtout que dans ce live, je trouve la journaliste bien bavarde.....

J'ai vu sur le site du Grand Palais que des visites virtuelles seront proposées prochainement.
Je prendrai sans doute la visite virtuelle autonome pour un peu retrouver les sensations du monde d'avant.

Plus de musées, plus d'expositions, plus de nuits, nous sommes privés de la lumière et de l'obscurité.
Gilbert Fastenaekens, 015 Le Havre, série Nocturne, 1982
Gilbert Fastenaekens, 015 Le Havre, série Nocturne, 1982


samedi 12 décembre 2020

Koudelka de conscience

Je ne sais pas si je dois me réjouir ou en pleurer.

J'écris mon premier billet sur une exposition virtuelle.
J'aurais aimé me retrouver en face de ces immenses photographies de ruines, perdre mon regard dans ce noir et blanc majestueux qui nous emporte dans l'antiquité.
J'aurais pu effectuer cette visite jusqu'à hier, vendredi 11 décembre.
Pour rester dans l'euphémisme, nous dirons que la COVID 19 m'en aura empêché....

Alors j'ai envie de pleurer pour cette société sans culture publique, sans cinémas, musées, théâtres, concerts, et pendant trop de temps, sans librairies.

Mais je peux me réjouir, car je suis cerné par mes livres chéris, parce ce que j'ai dans le grenier de ma mémoire, toutes les peintures, les sculptures, les installations, les photographies, les dessins, les musiques et les images animées qui m'ont nourri.
Je me réjouis, car grâce à Internet, je peux continuer à découvrir le monde et ses artistes et voyager dans le temps et l'espace malgré ce maudit confinement.

Je peux me réjouir, car je suis un voyageur immobile infatigable.

Mais les musées me manquent, les rues de Paris, le petit restaurant avant ou après l'exposition, tout ce qui fait le sel d'habiter à quelques dizaines de minutes de Paris avec un ticket de bus (enfin, maintenant un Navigo Liberté +, une véritable invitation au voyage).

Je n'ai choisi qu'une photographie pour illustrer ma « visite ».
Pont du Gard (Remoulins) 2015, © Josef Koudelka/ Magnum Photos
Josef Koudelka, Pont du Gard (Remoulins) 2015
© Josef Koudelka/ Magnum Photos

Ce pont du Gard me rappelle nos vacances à Lussan, chez Huguette et Jean, en famille avec les enfants.
La chaleur du sud, les cigales qui cymbalisent, et cet aqueduc qui enjambe avec persévérance la vallée du Gardon depuis bientôt 2000 ans.

Les images de Koudelka sont splendides, ces ruines antiques sont majestueuses, mais ce sont des ruines, des restes, des résidus d'une grandeur passée et perdue.

Qui photographiera les ruines de notre civilisation moderne, seront-elles aussi belles et qui pourra les admirer ?

La visite virtuelle commence ici !


vendredi 29 juin 2018

Des icônes, une icône

Il est resté coincé dans l'espace-temps, l'Oeil curieux ?
Encore du Mai 68 alors que juin 2018 vit ces derniers jours ?

Ce n’est qu'un début, continuons les visites !
Voici ma réponse aux petits bourgeois réactionnaires, complices serviles du grand capital et autres laquais de l'impérialisme yankee.

Plus sérieusement, deux expositions, très différentes dans la forme et le propos, nous offrent la possibilité de regarder Mai 68 autrement.

Après votre visite à la BNF, vous ne regarderez plus jamais quelques-unes des images les plus emblématiques de mai 68 de la même façon.

Par exemple, le célèbre portrait de Cohn-Bendit  par Gilles Caron est tellement présent dans mon esprit que lors de ma visite aux Beaux Arts, j'ai d'abord pensé que l'affiche "Nous sommes tous des indésirables" avait été faite d'après le cliché de Caron.







Alors qu'il s'agit d'une photographie de Jacques Haillot, prise très probablement le même jour.

Daniel Cohn-Bendit face à un CRS. Photo : Jacques Haillot
Cohn-Bendit face à un CRS. Photo : Jacques Haillot

Mais, a posteriori, le portrait par Caron est devenu LE portrait symbolique, et l'exposition vous permettra de bien comprendre ce phénomène.

Très pertinente, elle vous révélera aussi pourquoi Mai 68 est vu le plus souvent en Noir & Blanc, alors que la couleur était déjà couramment utilisée dans les grands magazines d’information et pourquoi la première « nuit des barricades » (du 10 au 11 mai) n'est pas illustrée par une image symbolique.
Elle est aussi une bonne occasion de revoir ou de découvrir plein d'images de mai 68 et pour un aficionado du photojournalisme, c'est un vrai régal, avec beaucoup de Gilles Caron.
Gilles Caron Etudiant pourchassé par un CRS, rue du Vieux Colombier, Paris, nuit du 6 mai 68
Gilles Caron
Etudiant pourchassé par un CRS, rue du Vieux Colombier, Paris, nuit du 6 mai 68
© Gilles Caron / Fondation Gilles Caron
Crédit photographique : © Philippe Migeat - Centre Pompidou, MNAM-CCI /Dist. RMN-GP
© SAIF

Et pour assouvir la Caronite aiguë, mal dont je suis personnellement affecté depuis plus d'une quarantaine d'années, il y a l'exposition à l’hôtel de ville de Paris.
100 % Caron, elle couvre une année de travail du photographe, l'année 68.
Il y a beaucoup d'images moins connues de sa couverture des évènements de mai, mais aussi ses travaux à l'international et une très belle série de portraits du général de Gaulle.
Une excellente façon d'assouvir une addiction photographique.



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