L'Oeil Curieux

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samedi 27 février 2021

À bientôt Monsieur Ponthus

Je vous avais rencontré dans "Le temps des ouvriers", une extraordinaire série documentaire passée sur Arte en avril 2020.
À 10 min 24 s de l’épisode 3 pour être précis, pour le geste du travailleur manuel.


Dans vos interventions, dans cet épisode et le suivant, j'avais été captivé par la qualité de votre parole, de votre réflexion.
J'en avais parlé avec des collègues qui avaient aussi vu le documentaire.

Mais je n'avais pas spécialement cherché à en savoir plus sur vous.

Plus tard, j'avais découvert que vous aviez écrit un livre « À la ligne » et j'avais vu votre intervention dans la grande Librairie.


Toujours cette justesse, une humanité à fleur de peau et cet amour infini de la littérature.
J'avais noté l'ouvrage dans ma liste d'envies.
Joseph Ponthus "A la ligne", La Table Ronde

Il y est toujours, mais je l'ai offert à mon fils Matthieu, convaincu qu'il serait sensible à votre écriture.

Le temps a continué à filer....

Et cette semaine, vous êtes réapparu dans mon fil Facebook, emporté par un cancer à 42 ans.

Comme Morphée se plaît à teinter d'un nuage de nuit blanche les nuits que je voudrais savourer noires, j'ai écouté cette nuit votre entretien avec Marie Richeux sur France Culture.


J'ai retrouvé ce qui m’avait impressionné dès le début  : la douceur pour parler de l' extrême violence du monde du travail, la littérature qui vous habitait et vous permettait de survivre sur la ligne, votre réflexion sur la classe ouvrière, une gentillesse et une modestie chaleureuses.

Je ne sais pas comment le formuler, mais vous êtes, avec d'autres artistes, une des rencontres qui m'auront marqué.
Ma vie n'a pas été aussi dure que la votre, le crabe ne s'est pas (encore ?) attaqué à moi, mais nous partagions ce bonheur de la littérature et me semble-t-il, un même regard sur le monde et sur la classe ouvrière.

En finissant ce billet, je pense à la phrase de Robert Filliou

L'art est ce qui rend la vie plus intéressante que l'art

Il est temps que je lise votre Magum Opus.
Alors, à bientôt monsieur Ponthus.


mercredi 8 mai 2019

Il faut chercher la petite bête

Oui, il faut chercher les petites bêtes tant qu'elles sont encore à nos côtés.
Il est urgent de le faire alors que l'homme, cet animal qui se croit si supérieur qu'il en oublie son animalité, détruit la planète, la flore et la faune.

Et pourquoi ne pas les redécouvrir avec des yeux d'enfant à travers les dessins d'Antoon Krings ?
Alors, avant d'aller les chercher dans votre jardin, le bois derrière chez vous ou dans votre intérieur, passez par le Musée des Arts Décoratifs.
L'auteur-illustrateur met en scène et en peinture de drôles de petites bêtes, les mal aimées, les écrasées, les désinsectisées.
Antoon Krings, Patouch la Mouche

Antoon Krings, Oscar le Cafard

Antoon Krings, Blaise et Thérèse les Punaises

Il donne une personnalité attachante aux dévoreurs de salade.
Antoon Krings, Margot L'Escargot

Antoon Krings, Grace la Limace
Pour l’anecdote, il y a 40 ans, des Grace, il y en avait plein le jardin de ma maison en Charente, mais aujourd'hui, son apparition est rare.

Même la terreur du cuir chevelu devient sympathique et pourrait peut être influencer les ventes d'anti poux.
Antoon Krings, Loulou le Pou

L'exposition est un jardin extraordinaire, peuplé des bestioles de Krings, intelligemment mises en perspective dans l’histoire de l'art et des représentations de la faune et de la flore.
Girolamo Pini, Étude de botanique, XVIIe siècle, Paris © MAD, Paris / Jean Tholance
Girolamo Pini, Étude de botanique, XVIIe siècle, Paris
© MAD, Paris / Jean Tholance

Quelle belle scène historique, ce Barnabé le scarabée en train de mettre la touche finale à un splendide portrait royal, comme si nous assistions à l'élaboration du Portrait de Louis XIV en costume de sacre.
Antoon Krings, {Barnabé le scarabée}, 1995

Dernier plaisir, et pas le moindre, de cette visite, le souvenir des lectures à mes deux garçons, le plaisir à partager des histoires.




dimanche 12 février 2017

Triste début de jeûne pour le gourmet solitaire

Je n'ai pas le goût des rubriques nécrologiques.
Et le décès de Jirô Taniguchi ne me fera pas changer.

Son départ est juste l’occasion pour proposer de le retrouver à travers un film et une émission de radio.




Ensuite, puisque j'écris ce billet alors que l'heure du repas approche, je relirai son Gourmet Solitaire.

Jirô Taniguchi, Le gourmet Solitaire, Casterman

Comme toujours, sa lecture me donnera envie de manger japonais.

Le hasard faisant, parfois, bien les choses, j'avais prévu du porc mariné dans une sauce Teriyaki pour le déjeuner dominical, avant d'apprendre le décès du maître de Tottori.

Jiro Taniguchi sera donc un peu présent à table, avec moi ce midi.
Et ses livres seront toujours là, dans ma bibliothèque, à attendre d'être relus.

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