Pour un premier billet après une absence d'un gros mois, je ne vais pas écrire sur une exposition, ni sur un artiste.
Je vais vous parler de l'absence.
Une absence qui est propre au photographe, puisque je veux évoquer celle de la photographie qui n'existera jamais.

Problème technique, émotion, circonstances font que l'oeil et le cerveau d'un photographe peuvent très bien avoir capturé l'image, cadrée, figée dans sa perfection et que, pourtant, jamais personne d'autre ne verra ce cliché.

Il ne sera jamais transformé en pixels dans une carte mémoire ou en grains d'argent sur une pellicule.

Ma dernière photographie qui n'existera jamais, je l'ai prise un soir du mois d’août.
Au sommet du Centre Pompidou.
Dans la Galerie 1.

Les salles de l'exposition Hantaï étaient paisibles.

Les visiteurs goûtaient la géométrie colorée des toiles, et pour ma part, tranquillement assis sur un banc, je promenais mon regard sur les tabulas, me rassasiant de forme et de couleurs.

Une visiteuse portant une robe d'un rouge éblouissant s’arrêta devant le tabula bleu.

Le triangle du vêtement sur les carrés écrivait une partition parfaite.
Simon Hantaï, Tabula, 1974

J'étais subjugué.
Je n'avais pas mon appareil photo.
Cette image ne sera jamais révélée hors de ma mémoire.

Pour connaître les histoires d'autres images qui n'existeront jamais, je vous invite à lire ce billet de l'auteur de l'excellent blog « Lunettes Rouges » et à écouter les histoires de photographes sur Arte Radio.