Je découvrais Harry Callahan et pourtant j'avais l'impression de feuilleter l'album d'un ami.
Il me montrait les clichés de son modèle favori, Eleanor, son épouse.
De portrait serré, comme celui de 1947, jusqu'à des photos en pied dans la rue, avec leur fille Barbara, Harry avait toujours irrigué sa photographie avec le flot de ses sentiments familiaux.

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Eleanor, ca 1947
© The Estate of Harry Callahan

Il partageait avec moi, son gout pour le graphisme, pur, avec ses clichés très contrastés, ascétiques

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Chicago, ca. 1949
© The Estate of Harry Callahan Courtesy Pace/MacGill Gallery, New York

Il me révélait comment, d'un sujet dépouillé et végétal, le talent pouvait faire jaillir une image à la sensualité troublante.

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Weed Against the Sky, Detroit, 1948
© The Estate of Harry Callahan. Courtesy Pace/MacGill Gallery, New York.

Enfin, durant ses longues promenades dans les rues des villes, il avait volé quelques pépites de vie, fragiles équilibres à jamais figés dans les sels d'argent.

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Hot dog seller, New York, 1951
© Condé Nast Publications, Inc.

Tout ce talent, nourri d'humanité, Harry le partageait simplement avec moi, et les autres visiteurs.
Sans jamais nous rappeler qu'il était devenu, après ses débuts en amateur, un professeur respecté à l' Institute of Design de Chicago puis à la Rhode Island School of Design de Providence et un des grands de la photographie du XX° siècle, il nous laissant imaginer que nous pourrions, nous aussi, faire des images aussi pures et aussi réussies que les siennes.
Comme un ami, simplement plus doué, mais d'abord un ami, photographe comme nous.

Allez voir l'ami Harry Callahan jusqu'au 19 décembre 2010, à la Fondation Henri Cartier Bresson.