Je sais que je n'ai pas encore la COVID-19.

Pas de perte de goût ni de l'odorat, car j'ai un goût amer dans la bouche et une odeur de pourriture dans les narines.

Je n'aime pas la société qui se dessine avec la pandémie en cours.
Peur de l'autre qui est potentiellement porteur du virus, fermeture des frontières, contrôle des déplacements, primauté de l'économique, contrôle de l'information avec le gouvernement qui avait fait un site recensant les « bons » articles de presse (donc pas ceux sur la gestion pathétique de la pénurie de masques), le virus aura permis à nos sociétés démocratiques de mettre en place des mesures habituellement stigmatisées dans les régimes totalitaires.

Nos états tendent même vers le totalitarisme puisqu’ils sont de plus en plus intrusifs dans différentes sphères de la vie quotidienne.

Peur entretenue par un décompte mortuaire quotidien, à 19 h 15, pour étayer les mesures prises dans cette guerre déclarée par le Grand Chef de Guerre de la France.

Surveiller et Punir - PiTR - Michel Foucault - © L'Oeil Curieux

Si on aime les chiffres, en voici quelques-uns et on peut se demander ce que les états font pour lutter contre ces pandémies....

Tabagisme en France  : 73 000 morts par an, mais la cigarette est en vente libre,
Alcoolisme en France  : 41 000 morts en 2015, mais l'alcool est en vente libre,
Pollution de l'air en France  : 48 000 morts par an,
Crise des opiacés aux USA  : 70 000 morts en 2017, mais les médicaments sont toujours prescrits,
sans parler des pesticides, dont, pour le Conseil d’État, les épandages peuvent se poursuivre près des habitations malgré le Covid-19.

Je ne dis pas qu'il faut laisser le virus décimer la population.

Je respecte les gestes barrières, je porte mon masque au travail, dans les magasins, je me lave les mains, je tousse dans mon coude, je me mouche dans un mouchoir jetable.

Je me demande seulement si la COVID-19 n'est pas une formidable occasion de mise en place d'une société du contrôle, forcément pour notre bien, au prix de la réduction des libertés, pour une sécurité "accrue", mais seulement face à un ennemi bien commode, la COVID-19.

Je n'aime pas trop cette société dans laquelle une promotion unique de la Légion d’honneur et de l’Ordre national du Mérite sera publiée le 1er  janvier  2021, et comprendra « une part importante de personnes ayant contribué à la lutte contre le virus à tous les niveaux et dans tous les domaines d’activité ».

Une médaille et on passera à la suite sans résoudre les vrais problèmes : état du système de santé publique, revalorisation des bas salaires, logique de compétition dans les entreprises, stigmatisation de la pauvreté, éloge des premiers de cordée ?

Non, je n'aime pas ce qui se profile, car, comme après la Crise bancaire et financière de l'automne 2008, je suis convaincu que nous continuerons de plus belle, mais en plus moche, à courir vers notre perte.

Je suis un jeune vieux et un monde sans baisers, sans étreintes ni contacts ne me fait pas envie.

Quand j'ai cherché "Surveiller et guérir" sur Internet, pour voir si l'expression était déjà utilisée, je suis tombé sur "Surveiller et guérir (les moutons)"....