L'Oeil Curieux

Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

samedi 20 mars 2021

En attendant Godot

En attendant Godot, je suis reparti à Rome, dans le passé.
« Ingressi Palazzo Farnese » est-il écrit au dos du billet, échappé des pages de la pièce de théâtre de Beckett.

3 février 2011, 18:50.
À l'époque, j'allais souvent à Rome pour le travail.

Ce déplacement a été l'unique occasion de faire du tourisme à la fin d'une première journée de réunion.

Avec Romain, plus qu'un collègue français, et Kevin, un collègue anglais, nous avions profité d'un peu de temps libre pour aller visiter le Palais Farnèse.
La visite avait été un enchantement, d'autant que le Palais est généralement fermé au public.
Ingressi Palazzo Farnese 03.2.2011 18:50

J'avais écrit un billet intitulé La réception de l'Ambassadeur, que j'ai relu en préparant celui-ci.

Les souvenirs, prompts à refaire surface en cette période de disette d'expositions, ont jailli.
Kevin, qui avait un sens de l'humour bien britannique et une certaine classe, avait été subjugué, pour rester dans l’euphémisme, par l'Aphrodite Callipyge.
Aphrodite Callipyge
Aphrodite Callipyge


Il nous avait alors ravis avec la traduction anglaise de callipyge « Beautiful Buttocks », que je trouve fort plaisante à l'oreille avec son allitération.

Il aura suffi d'un petit billet d'entrée, aux couleurs un peu passées, pour me rappeler combien l'art me nourrit, depuis des années, partout où je vais, et combien tout cela me manque depuis une année...

samedi 5 février 2011

La Réception de l'Ambassadeur

Un chemin professionnel m'amena jusqu'à Rome, nouvelle preuve de la véracité de l'expression bien connue...

Notre visite de l'Ambassade de France se déroula après le coucher du soleil mais sous l'œil bienveillant de Phébus, dieu des arts.

Quelle émotion de parcourir ce magnifique palais de la Renaissance, abritant à nouveau les œuvres d'art comme au XVIe siècle, pour l'exposition "Palais Farnèse, de la Renaissance à l'Ambassade de France".

Ce voyage en Italie commença par la cortile (cour intérieure), magnifiquement mise en valeur par l'éclairage, sous le ciel étoilé de la nuit romaine.
Des photographies des sculptures antiques Farnèse sont abritées sous les arcades, avec un Apollon citharède, en porphyre et en marbre, reconstituant la muséographie du XVIe siècle.

Le premier étage fut atteint par le monumental escalier d'honneur.

Le salon d'Hercules nous permit de mieux connaitre l'histoire du Palais, sa construction et le faste des fêtes tenues aux XVIe et XVIIe siècles, au travers des plans et gravures présentés.
Une monumentale cheminée de marbres polychromes et le plafond cloisonné, œuvre de Michel Ange, ornent cette pièce aux dimensions impressionnantes (18 m de hauteur).

La visite se poursuivit par la Galerie des "maîtres de maison", avec différents portraits des personnalités liées à l'histoire du Palais.

Mon premier coup de cœur survint dans le Musée farnésien, galerie ou sont rassemblées dix-sept des plus belles œuvres de la collection du musée des antiques Farnèse, exposées, durant la Renaissance dans trois salles aujourd'hui inaccessibles.
Premières émotions donc, devant Atlas mais surtout devant une gracile Aphrodite aux formes parfaites.

L'Atlas Farnèse
L'Atlas Farnèse
Musée Archéologique National, Naples
Surintendance Spéciale des Biens Archéologiques de Naples et Pompei, Naples
© www.lucianopedicini.it


Aphrodite Callipyge
Aphrodite Callipyge
Musée Archéologique National, Naples
Surintendance Spéciale des Biens Archéologiques de Naples et Pompei, Naples
© www.lucianopedicini.it


L'acmé de l'émotion survint immédiatement après, avec la découverte de la Galerie des Carrache.
La voute, peinte par les frères Carrache, Annibal et Augustin, est considérée comme la plus belle fresque de Rome après celle de la chapelle Sixtine.
Illustrant les amours des Dieux, la fresque peinte s'intègre parfaitement dans la galerie étroite par un habile procédé de trompe-l'œil, qui fait apparaitre sculptures en marbre, médaillons de bronze et tableaux posés sur la voute, produisant une impression d'espace incroyable.

Voûte de la Galerie des Carrache
Voûte de la Galerie des Carrache
Palais Farnèse, Rome
© Zeno Colantoni / Ambassade de France en Italie

Diane et Endimione, Voûte de la Galerie des Carrache, détail
Diane et Endimione, Voûte de la Galerie des Carrache, détail
Palais Farnèse, Rome
© Zeno Colantoni / Ambassade de France en Italie

Les camerini, enfilade de petits salons, prolongèrent, sur un mode mineur, le plaisir de la galerie des Carrache, avec leurs plafonds peints, en particulier, le salon des possessions avec ses représentations de paysages, villes ou châteaux, toutes possessions de la famille Farnèse.

Ce voyage dans la Renaissance Italienne fut conclu par la Galerie des peintures et salle des dessins, avec des œuvres de Parmigianino, d'El Greco et de Cannache, évocation de la splendide collection Farnèse.

Une ultime descente de l'escalier d'honneur, une traversée de la cour et des jardins, et nous étions à nouveau dans la Rome d'Aujourd'hui, mais encore sous le charme des trésors découverts durant cette visite exceptionnelle.