Le ciel était bien gris, alors que je me dirigeais vers la Galerie Camera Obscura.
Ce gris justement, que Saul Leiter foudroie avec ses couleurs, crues, primaires dans ses clichés.
Mais, dans la Chambre Noire du Boulevard Raspail, nous attendaient aussi les peintures du photographe.

Avec la même appétence pour la couleur, l'abstraction est extrême dans les peintures, là ou la photographie est encore dans le carcan du réel.

Saul Leiter, Window, 1970s
Window, 1970s, gouache, casein and watercolor on paper
©Saul Leiter/ Courtesy Knoedler & Company in association with Howard Greenberg Gallery.


Saul Leiter, Sea, 1960s
Sea, 1960s, gouache, casein and watercolor on board
©Saul Leiter/ Courtesy Knoedler & Company in association with Howard Greenberg Gallery.

Et pourtant ce carcan du réel, Saul Leiter le tord, le déforme, pour accéder aux pigments qu'il convoite.
Premiers plans envahissants, sujets quelconques, cadrages incongrus, tout est prétexte à travailler la matière chromatique, telle une gouache épaisse sortie du tube.
Ici le vert d'un poteau, là le blanc d'un panneau(?), ailleurs les reflets d'une enseigne de coiffeur, Saul Leiter trempe le pinceau de son objectif dans les godets de la rue pour peindre la pellicule.

Saul Leiter green pole 50's
Green Pole, 50's
©Saul Leiter


Saul Leiter,kutztown,1948
Kutztown, 1948
©Saul Leiter


Saul Leiter, 463, 1956
463, 1956
©Saul Leiter

Le plus dans les photos de Leiter, c'est l'usage du reflet, de la buée et des éléments naturels comme la neige ou la pluie, qu'il mélange aux couleurs pour faire jaillir de nouvelles textures.

Une visite s'impose chez le Marchand de Couleurs, pour se colorer l'âme.