À l'heure où l'image animée est omniprésente, avec des écrans qui se nichent jusque dans nos poches sur les smartphones, alors que le numérique dissout la frontière entre l'image captée de la réalité et l'image complètement fabriquée, il est agréable de se replonger dans les débuts de l'art vidéo.

Découvrir les œuvres de Peter Campus, réalisées dans les années 70, procure in fine les mêmes sensations que découvrir les œuvres de Georges Méliès.
Une magie opère et fait oublier les imperfections graphiques, l’archaïsme technique.
Ne subsistent alors que la fascination et le charme.

Les trois transitions sont toujours aussi étonnantes.


Elles ont aussi une qualité toute particulière avec le regard de l'artiste qui surveille régulièrement, sur un écran hors champ, l'image qui est en train d'être fabriquée.
Nous regardons l'image que fabrique l'artiste, et nous regardons l’artiste qui regarde l'image qu'il fabrique

Quant à RGB (Red Green Blue), l'oeuvre est une variation/étude sur le système de codage des couleurs à partir de l'addition de 3 couleurs fondamentales, le Rouge, le Vert et le Bleu.
L'artiste explore cette fabrication additive de couleurs, avec de simples filtres colorés, puis des éclairages de différentes couleurs et enfin avec le signal vidéo.



Mais la rétrospective du Jeu de Paume ne maintient pas le visiteur comme simple spectateur.
Nous entrons littéralement dans l'image avec les dispositifs interactifs comme « Interface (1972) », qui nous fait rencontrer notre monochrome reflet dans le miroir ou « Anamnesis (1973) », avec lequel un autre nous-même nous rattrape, surgi d'un passé vieux de 3 secondes.
Il faut expérimenter soi-même, mais aussi observer les autres visiteurs se confronter à leurs fantômes attardés.



Enfin, les récentes œuvres de Campus, maintenant en numérique, sont toutes autant innovantes, notamment sa vague (a wave, 2009), déstructurée en un rythme de pixels qui devient alors le mouvement même d'une vague, son essence dynamique.