L'Oeil Curieux

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samedi 17 mars 2018

Vous reprendrez bien un peu de couleur ?

Alors que le ciel de mars floconne dans un ultime (?) hoquet hivernal, je vous propose de faire le plein de couleurs.

Il suffit d'aller à la Cité de la Céramique pour revenir avec un bel arc en ciel dans les yeux et dans la tête.
Dans une exposition un peu fourre tout, mais ô combien réjouissante, je me suis gorgé de couleurs, en céramique, mais aussi en peinture, en tissus (avec les œuvres d'art en carré Hermes) et en meubles.
Alors, regardons, ce que j'ai ramené dans ma musette et sur ma palette.

Un bleu profond pour nuit blanche,
Georges Jeanclos Le Dormeur
Georges Jeanclos Le Dormeur
© RMN-Grand Palais (Sèvres, Cité de la céramique) / Martine Beck-Coppola

Du bleu pour conserver les rêves poudreux,
Le Coppe della filosofia, Michele De Lucchi. Porcelaine de Sèvres, Bleu, or et laiton doré. © Alessandro Digaetano
Le Coppe della filosofia, Michele De Lucchi.
© Alessandro Digaetano

Un astucieux vase pour bouquets modulaires,
Arman Interactive Tryptique Vase
Arman Interactive Tryptique Vase

Du vert pour le thé... noir du matin,
Ettore Sottsass Théière Basilico
Ettore Sottsass Théière Basilico
© Georges Meguerditchian - Centre Pompidou, MNAM-CCI /Dist. RMN-GP
© Adagp, Paris

un  « Le Corbusier » de rangement,
Doshi Levien Le Cabinet
Doshi Levien Le Cabinet

Les gris reposants d'une nature morte bien en formes,
Kristin Mckirdy  Nature Morte
Kristin Mckirdy Nature Morte

un rien fendu d'un tout bien millimétré,
Aurelie Nemours Rythme du millimètre SBW Aurelie Nemours Rythme du millimètre SBW
© Philippe Migeat - Centre Pompidou, MNAM-CCI /Dist. RMN-GP
© Adagp, Paris

un cube d'or à dissoudre pour un luxueux bouillon,
Wim Borst Cube Series 13 Wim Borst Cube Series 13

un paysage sans fin pour une très, très longue promenade,
Jean Girel Les saisons et les heures
Jean Girel Les saisons et les heures

Et quelques grammes de terre pour peindre notre planète.
Herman de Vries from earth: seychelles
Herman de Vries from earth: seychelles



lundi 16 mai 2016

Notre billet conférence : Céramique, terre de contraste

Pour vous la céramique c'est  :

a – un art praticable dès le plus jeune âge, en maternelle, pour produire d'improbables cendriers et empreintes de mains de bambins pour la fête des mères ou des pères

b – la poterie, sous sa forme régionale et proposée aux touristes de par le monde, permettant ainsi d'avoir un souvenir qui casse à ramener au pays

c – l'occupation qui a amené Bernard Palissy à brûler ses meubles

d – un art millénaire, mais toujours vivant, et d'une furieuse modernité.

Je ne sais pas quelle est votre réponse, mais je suis certain qu’après avoir visité « Ceramix », le choix 'd' s'imposera désormais avec une force inébranlable.

Que ce soit après votre passage à la Maison Rouge ou à la Cité de la céramique, et il faut impérativement visiter les deux parties de l’exposition, votre regard ne sera plus jamais le même sur les rejetons du Feu et de la Terre.

La céramique donnait du volume aux œuvres bien avant l'invention des imprimantes 3D.
Vous aimez Fernand Léger, le peintre en 2D  ?
Vous adorerez Fernand Léger, le céramiste en 3D  !
Fernand léger La Branche, 1952 © Adagp, Paris 2010 - Photo RMN-Gérard Blot
Fernand léger La Branche, 1952
© Adagp, Paris 2010 - Photo RMN-Gérard Blot

La céramique se fait sculpture abstraite chez Ken Price et Ron Nagle.
Ken Price Mungor, 1985
Ken Price Mungor, 1985

Ron Nagle Aunt Candy, 2009 Photography by Don Tuttle.
Ron Nagle Aunt Candy, 2009
Photography by Don Tuttle.

Avec Yasuo Hayashi, elle devient piège pour l’œil, séduit et troublé par la trompeuse perspective.
Yasuo Hayashi, Prélude, 1994
Yasuo Hayashi, Prélude, 1994

Hyper réaliste, la céramique devient armée grouillante de cafards chez Bita Fayyazi ou carton éventré de citrons chez Kimiyo Mishima.
Bita Fayyazi Cockroaches 1998-1999
Bita Fayyazi Cockroaches 1998-1999

Kimiyo Mishima Boite de citrons Sunkist
Kimiyo Mishima Boite de citrons Sunkist

La céramique se découvre "Comics" avec le portrait du Captain Ace et sa dinde, perchée sur le héros, qui serait une allusion à une célèbre marque de Bourbon très (trop) appréciée de l'artiste, Robert Arneson.
Robert Arneson: Captain Ace, 1978 c/o Pictoright Amsterdam/Stedelijk Museum Amsterdam
Robert Arneson Captain Ace, 1978
c/o Pictoright Amsterdam/Stedelijk Museum Amsterdam

Avec les délicates dentelles minérales de Katsuyo Aoki, la céramique nous rappelle joliment notre inéluctable destin, Memento mori.
Katsuyo Aoki Predictive Dream XLVI
Katsuyo Aoki Predictive Dream XLVI


mardi 12 mars 2013

Fou à (Montpel)lier d'art

Montpellier, 10 mars 2013 : il me faut de l'art, comme tous les weekends !
Comptant bien avoir quelques heures de liberté dans un séjour chargé du type « déménagement d’étudiant », j'avais noté que le Pavillon Populaire abritait les 13èmes Boutographies et que le Carré St Anne proposait huit artistes européens, d'une génération émergente dans les années 1990.

Les Boutographies, qui doivent leur nom bizarre au quartier Boutonnet ou cette manifestation a été créée en 2001, sont consacrées à la jeune photographie de création européenne.
Le Pavillon Populaire abrite 13 jeunes artistes dans une belle diversité de regard.

Le tumulte du monde fournit souvent le sujet des travaux des jeunes photographes, qui s'interrogent et nous interrogent sur les réalités sociales ou sexuelles d’aujourd’hui, ou explorent, avec toute leur sensibilité, leurs racines.

Fabrice Fouillet explore l'architecture improbable d'Astana, nouvelle capitale du Kazakhstan.
Sous un climat extrême (il gèle régulièrement 6 mois par an), des constructions pharaoniques dessinent une cité, vitrine du pouvoir, à la beauté artificielle et dénuée de vie.
Fabrice Fouillet, Eurasisme
Fabrice Fouillet, Eurasisme

Fabrice Fouillet, Eurasisme
Fabrice Fouillet, Eurasisme

À l'opposé de cette recherche effrénée de la modernité, Thomas Vanden Driessche nous invite, entre Sambre et Meuse, à parcourir la campagne avec des reliques religieuses, escortées par de singulières troupes aux uniformes d'Empire.
Thomas Vanden Driessche, Marcheurs belgique, 2011-2012 © Thomas Vanden Driessche
Thomas Vanden Driessche, Marcheurs belgique, 2011-2012
© Thomas Vanden Driessche

Thomas Vanden Driessche, Marcheurs belgique, 2011-2012 © Thomas Vanden Driessche
Thomas Vanden Driessche, Marcheurs belgique, 2011-2012
© Thomas Vanden Driessche

Mais l'image, pur objet graphique, n'est pas pour autant oubliée avec les œuvres de Delphine Burtin ou de Christine Mathieu.

La découverte de la salle tapissée des étranges masques/visages procure une expérience assez unique, avec ces faces aveugles qui scrutent le visiteur étonné.
Christine Mathieu, Le temps exténué réclame du silence.
Christine Mathieu, Le temps exténué réclame du silence.

Christine Mathieu, Le temps exténué réclame du silence.
Christine Mathieu, Le temps exténué réclame du silence.

Quant aux déchets ménagers, ils trouvent dans les natures mortes de Delphine Burtin une beauté inattendue.
Delphine Burtin, disparition #51, #52
Delphine Burtin, disparition #51, #52

Delphine Burtin, disparition #26.
Delphine Burtin, disparition #26.

Après cette séquence photographique, direction le Carré Ste Anne, qui abritait cet été une bien belle procession.

L'exposition en cours se nomme « Signes des temps », et les temps ne sont pas vraiment à l'optimisme à en croire les artistes présentés.
La nef de l'ancienne église est le lieu parfait pour accueillir des œuvres sombres, inquiétantes.

John Issacs souligne avec humour notre déchéance, mais apporte aussi un message d'espoir dans notre capacité à réagir.
John Isaacs, If not now then when ...?" , 2010
John Isaacs, If not now then when ...?" , 2010

Son monolithe, échappé de « 2001, l’odyssée de l'Espace », nous invite à créer notre propre dieu et à enterrer nos démons.
Une face lisse, brillante reflète notre image.
Image d'un Dieu ou image de l'homme conçu à l'image de Dieu ?
John Isaacs & MK Kähne, Give birth to your own god and bury your own demons (Monolith), 2009
John Isaacs & MK Kähne
Give birth to your own god and bury your own demons (Monolith), 2009

L'autre face, un bar aux étagères bien remplies, nous permet d'enterrer nos démons.
En buvant ou au contraire en renonçant aux délices sulfureux de l'alcool ?
John Isaacs & MK Kähne, Give birth to your own god and bury your own demons (Monolith), 2009
John Isaacs & MK Kähne
Give birth to your own god and bury your own demons (Monolith), 2009

Et si de la création d'un nouveau cocktail surgissait un dieu digne d'un culte assidu ?
Et si notre reflet nous aidait à oublier les démons modernes de la silhouette parfaite et éternellement jeune ?

La céramique est à l'honneur avec des œuvres très différentes, mais tout aussi fortes.

Les couronnes mortuaires d'Anne Wenzel, son Requiem de L’Héroïsme, se décomposent, se liquéfient, s'effilochent comme la mémoire des événements qu'elles célèbrent.
Anne Wenzel, Requiem of Heroism, 2010 Photography: John Stoel
Anne Wenzel, Requiem of Heroism, 2010 Photography: John Stoel

Anne Wenzel, Requiem of Heroism, 2010 Photography: John Stoel
Anne Wenzel, Requiem of Heroism, 2010 Photography: John Stoel

Michel Gouéry, démiurge céramiste, engendre d'étranges créatures.
Michel Gouéry, Sans titre, 2007. Céramique.  Courtesy Frac Auvergne, © Michel Gouéry
Michel Gouéry, Sans titre, 2007. Céramique.
Courtesy Frac Auvergne, © Michel Gouéry

Ronald Ophuis ne travaille pas dans un monde imaginaire, malheureusement devrais je dire.
Car ce peintre suit un protocole bien particulier pour réaliser ses tableaux.
Il se rend sur des lieux de conflits pour recueillir les témoignages de victimes et de survivants.
Il réalise un travail journalistique pour accumuler les faits, l'horreur dans ses moindres détails.
De retour dans son atelier, il reconstitue les scènes avec des acteurs et les photographie.
Il réalise ensuite les tableaux à partir de ces reconstitutions photographiques.

La guerre de Bosnie est un de ses thèmes, avec son cortège de violence et d'exactions.
Son « Hotel du Viol » est dérangeant et plonge le spectateur dans un malaise diffus.
L'horreur n'est pas visible, mais sa présence passée, et à venir, devient palpable dans cette chambre à la fenêtre obturée ou trois femmes attendent d'être à nouveau violées.
Ronald Ophuis, Rape Hotel - Bosnia 1992 2008
Ronald Ophuis, Rape Hotel - Bosnia 1992 2008

Comme souvent, je rends compte d'une exposition dans ses derniers jours, les Boutographies se terminant Dimanche 17 mars.
Par contre, « Signs of The Times » dure encore plusieurs semaines.
Si vous la visitez, je vous souhaite d'avoir la chance de suivre une visite guidée comme celle que le hasard m'a fait partager ce dimanche 10 mars, à 16.00h.
Notre guide était enthousiaste, passionné et passionnant, nous offrant un beau moment de communion...pour les fous à lier de l'art.