L'Oeil Curieux

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Tag - John Stanmeyer

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dimanche 15 juin 2014

L'horreur du monde

C'est le propre de la discipline: le photojournalisme se nourrit de l'horreur du monde.

Déjà, mes billets sur les éditions précédentes (2012 et 2013) renfermaient des images de guerre ou de catastrophes naturelles.
Mais, pour chacun d'entre eux, une image venait adoucir le propos.

Ce ne sera pas le cas cette année.
Non pas que les catégories Sport ou Nature soient absentes du World Press Photo 2014, mais à l'issue de ma visite, je n'ai simplement pas envie d'édulcorer la profonde tristesse ressentie.

Il y a l'horreur de la nature qui se déchaîne.
Et les Hommes qui conservent, malgré tout, confiance en leurs dieux.
Philippe Lopez, Survivants du typhon, Tolosa, Leyte, Philippines
Philippe Lopez, Survivants du typhon, Tolosa, Leyte, Philippines

Il y a l'horreur de la folie des Hommes, qui ne savent plus prendre soin de leurs semblables.
Robin Hammond, Guerre et santé mentale après les crises, Mogadishu, Somalia
Robin Hammond, Guerre et santé mentale après les crises, Mogadishu, Somalia

Je ne sais pas s'il faut rire ou pleurer devant ce guérisseur qui récite des versets du Coran avec un porte-voix pour guérir des malades mentaux.

Il y a l'horreur de la guerre.
Goran Tomasevic, Des rebelles attaquent un point de contrôle gouvernemental, Damascus, Syria
Goran Tomasevic, Des rebelles attaquent un point de contrôle gouvernemental, Damascus, Syria

Il y a l'horreur de l'autre guerre, la guerre économique.
Toujours consommer, acheter toujours moins cher.
Peu importe que le prix payé pour un t-shirt de marque le soit au prix du sang de travailleurs lointains, comme cette femme et cet homme liés dans la mort par une ultime étreinte, lors de l'effondrement de l’immeuble dans lequel ils travaillaient, pour nous vêtir, nous, riches occidentaux.
Taslima Akhter, Ultime étreinte, Savar, Bangladesh
Taslima Akhter, Ultime étreinte, Savar, Bangladesh

Et cette année, même derrière le premier prix, il y a l'horreur.
© John Stanmeyer
John Stanmeyer, Signal, Djibouti City, Djibouti

Parce que ces migrants africains qui cherchent à capter du signal avec leurs téléphones, ils sont en terre étrangère pour avoir fui l’horreur de la guerre, de la guerre économique ou de la folie des hommes.....


mercredi 14 mai 2014

Triste coïncidence

Le numéro de printemps de « 100 photos pour la liberté de la presse » vient de paraître.
100 photos de l'Agence VII pour la liberté de la presse

Une jeune photographe, Camille Lepage, vient d'être tuée en Centrafrique.
On est ensemble © Camille Lepage / Hans Lucas
On est ensemble © Camille Lepage / Hans Lucas

Triste coïncidence pour rappeler combien j'attache de l'importance à Reporters Sans Frontières, à ses livres d'images qui permettent de financer leurs actions en faveur de la liberté de la presse et aussi combien j'admire les photographes de guerre.

Dans ce nouveau numéro, c'est l'Agence VII qui est à l'honneur.
Fondée après les événements du 11 septembre 2001, connue d'abord pour sa couverture des conflits, l'agence VII collabore maintenant avec de nombreuses ONG et couvre tous les types d’événements.

Parmi la centaine de clichés de l'ouvrage, j'ai retenu une photographie d'Alexandra Boulat, co-fondatrice de l'agence VII, artiste de talent prématurément disparue, lauréate du World Press Photo 2002 pour son reportage sur les adieux d'Yves St Laurent.

Centre d'entraînement au tir à l'académie de police pour femmes à Téhéran. Iran, Novembre 2004. Alexandra Boulat / Association Pierre & Alexandra Boulat.
Centre d'entraînement au tir à l'académie de police pour femmes à Téhéran. Iran, Novembre 2004.
© Alexandra Boulat / Association Pierre & Alexandra Boulat.

J'ai aussi retenu cette étrange constellation d'écrans de téléphone portables, prise par John Stanmeyer à Djibouti et récompensée par le prix World Press Photo 2014 de photographie de l'année.
Derrière la beauté et la paix de cette scène, se cache en réalité le drame des migrants africains.

© John Stanmeyer
© John Stanmeyer