L'Oeil Curieux

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dimanche 11 novembre 2012

Sourions nippon.

Attention sujet grave !
L'Oeil Curieux, connu dans la blogosphère pour son sérieux et l'austérité de ses billets, aborde aujourd'hui un aspect méconnu de l'art japonais : l'humour ou « Warai ».

Le Japon n'est pas spontanément associé au rire ou au sourire quand sont évoquées la cérémonie du thé ou la tradition, malheureusement tombée en désuétude, du Seppuku.
De même, l'art japonais, empreint de spiritualité Zen, aux estampes de courtisanes, guerriers et centaines ou trentaines de paysages célèbres ne déclenche pas de crises d'hilarité irrépressibles.

Pourtant, et le mérite en revient à la Maison de la Culture du Japon à Paris (MCJP), il est du devoir de l'Oeil Curieux d'avertir ses fidèles lectrices et lecteurs, que l'humour gangrène l'art japonais, et ceci depuis très longtemps.

Dès le IIIe siècle , les Haniwa, figures funéraires, se mettent à sourire béatement.
Quelle protection sérieuse un guerrier peut-il assurer avec un visage barré d'un franc sourire ?
Comme si les démons craignaient la gaité...
Haniwa "Porteurs de boucliers" Honjo City Board of Education
Haniwa "Porteurs de boucliers"
Honjo City Board of Education

Les interdits étant bousculés, il n'est plus de domaines épargnés par les ravages de l'humour.
La religion et tous ses acteurs font l'objet de railleries et moqueries.

Ainsi, les moines mendiants, dont les rudes journées s'écoulent à faire l’aumône, sont dépeints comme une joyeuse bande psalmodiant un sutra en quittant leur monastère, et une bande tout aussi comique en le regagnant, collecté effectuée.
Procession de moines mendiants - Nantenbô Procession de moines mendiants - Nantenbô
Procession de moines mendiants - Nantenbô

L'audace des artistes ne connait pas de limites et les démons eux-mêmes se voient représentés dans des situations grotesques, sous le prétexte fallacieux de dénoncer les personnes qui lavent leurs corps sans purifier leur âme.
Image d'Ôtsu "Démon prenant un bain"
Image d'Ôtsu "Démon prenant un bain"

Le règne animal n'est pas épargné et d'innocentes et paisibles créatures, comme ce buffle aux grands yeux bleus ou bien souvent des singes, sont impliquées, à leur corps défendant, dans de dérisoires tentatives pour les rendre humaines ou comiques.
Buffle - Nagasawa Rosetsu
Buffle
Nagasawa Rosetsu

La rouerie des artistes nippons suppôts de l'humour s'acoquine à une technique graphique maitrisée pour mieux tromper le commun des mortels.
Dans les « Kage-e » ou « images de l'ombre », la réalité se révèle complètement différente de son ombre, jetant le trouble dans l'esprit du spectateur.

Dans l'estampe d'Utagawa Kuniyoshi, un artiste coutumier des débordements humoristiques, l'ombre des poissons s'avère être en réalité des Tanuki, animaux mythiques aux testicules hypertrophiés, combattant un pauvre chasseur.
Les ombres trompeuses. "Chasseurs avec tanuki ou les poissons rouges et le carpillon" - Utagawa Kuniyoshi
Les ombres trompeuses.
"Chasseurs avec tanuki ou les poissons rouges et le carpillon"
Utagawa Kuniyoshi

Les ombres trompeuses. "Chasseurs avec tanuki ou les poissons rouges et le carpillon" - Utagawa Kuniyoshi
Les ombres trompeuses.
"Chasseurs avec tanuki ou les poissons rouges et le carpillon"
Utagawa Kuniyoshi

Ces quelques exemples édifiants rendent compte des ravages de l'humour dans l'art japonais.
Estampes, mais aussi sculptures, inrõ et nombre d'objets, souvent de belles factures, sont le support de cet humour et la MCJP en propose un large assortiment dans son exposition.

L'Oeil Curieux a tiré la sonnette d'alarme avec ce billet qui clôt une riche saison japonaise 2012.
Celles ou ceux qui s'aventureront à visiter cette exposition sont maintenant prévenus des risques de déformation du visage sous l'effet incontrôlé d'une contraction des muscles zygomatiques, petits et grands.




dimanche 14 octobre 2012

La route du thé mène au Mont Fuji

La route du thé jusqu'au Japon ?
La géographie de l'Oeil Curieux parait pour le moins surprenante.
L'ancienne route du thé, appelée aussi route du thé et des chevaux parcourait le Yunnan, en Chine.

Alors, comment se retrouver dans l'archipel nippon ?
Pour cela, j'ai suivi la route du thé, pas celle du lointain Orient, mais celle de l'Ouest, au musée Guimet.

Mon ascension vers le Fuji a commencé paradoxalement par une descente, au rez-de-jardin.
Comme une borne kilométrique, une tonne de thé compressé par Ai WeiWei marque le début du voyage et symbolise l'importance de cette plante dans le monde.

Ai Weiwei, Tonne de thé compressé
Ai Weiwei, Tonne de thé compressé

Un voyage à travers les trois âges du thé, l’âge du thé bouilli sous les Tang (618-907), qui se prolonge de nos jours au Tibet et en Mongolie avec le célèbre thé au beurre de yak rance, l’âge du thé battu sous les Song (960- 1279) avec de merveilleux survivants comme la cérémonie du thé japonaise et son thé Matcha et enfin l’âge du thé infusé sous les Ming (1368-1644), pratique encore la plus répandue aujourd'hui.

Le thé a été en concurrence avec le vin, partageant les faveurs des lettrés.
Par delà cette concurrence, il y a une parenté dans la dégustation.
Quand Madame Yu Hui Tseng, maître du thé, fouit dans sa mémoire olfactive, les mots possèdent les mêmes racines profondes et sont teintés de la même poésie que ceux d'un œnologue.



Le voyage se poursuivit au milieu des bols et serveuses de l'Empire du Milieu, aux teintes subtiles et aux dragons serviables, faisant dos rond pour aider l'amateur de thé.

Bol. Grès à couverte "fourrure de lièvre", cerclage en argent. Chine, fours de Jian (Fujian), XIIe-XIIIe siècles. Crédits : © RMN-GRAND PALAIS (MUSÉE GUIMET, PARIS)/RICHARD LAMBERT
Bol. Grès à couverte "fourrure de lièvre", cerclage en argent.
Chine, fours de Jian (Fujian), XIIe-XIIIe siècles.
© RMN-GRAND PALAIS (MUSÉE GUIMET, PARIS)/RICHARD LAMBERT

Verseuse. Porcelaine qingbai blanc azuré. Chine, Fujian, XIIIe siècle. Crédits : © RMN-GRAND PALAIS (MUSÉE GUIMET, PARIS)/THIERRY OLLIVIER
Verseuse. Porcelaine qingbai blanc azuré.
Chine, Fujian, XIIIe siècle.
© RMN-GRAND PALAIS (MUSÉE GUIMET, PARIS)/THIERRY OLLIVIER

Il était ensuite temps de reprendre la marche vers les cimes, pour atteindre la coupole de la bibliothèque, refuge, pour quelques semaines, des œuvres du maître japonais.

Chemin faisant, j'ai croisé le fantôme d'Oiwa, pauvre créature au visage déformé par le poison, qui hante désormais le monde.

Hokusai, Le fantome de Oiwa
Hokusai, Le fantome de Oiwa

Un dragon au regard débonnaire apparut furtivement dans les nuages.

Hokusai, Dragon dans les nuages
Hokusai, Dragon dans les nuages

Il faut dire que le temps était orageux à l'approche du sommet.

Hokusai, L'Orage sous le Sommet
Hokusai, L'Orage sous le Sommet

Mais la route du thé m'avait bien mené au Mont Fuji...



jeudi 27 septembre 2012

Je vais voir le Mont Fuji !

Quand je pense que mon plus jeune fils aura passé pratiquement 4 mois au Japon sans le voir alors que, jusqu'au 10 décembre, je vais pouvoir le contempler à loisir !
Et même pas besoin d'un long et couteux voyage en avion.

Un ticket pour le bus, un autre pour le métro et le Mont Fuji s'offrira à moi, dans toute sa majesté.

Trente-six vues du Mont Fuji ( Fugaku sanjûrokkei), Vent frais par matin clair ( Gaifû kaisei), 1830-32, Impression polychrome (nishiki-e), format ôban  © Thierry Ollivier / RMN
Trente-six vues du Mont Fuji ( Fugaku sanjûrokkei),
Vent frais par matin clair ( Gaifû kaisei), 1830-32,
Impression polychrome (nishiki-e), format ôban,
Editeur : Eijudô, Signature : Hokusai aratame Iitsu hitsu,
Legs Charles Jacquin, 1938, AA 380 © Thierry Ollivier / RMN

Le musée Guimet présente en effet, pour une exposition exceptionnelle, des œuvres d'Hokusaï, dont 9 vues du mont Fuji, extraites de la célèbre série des 36 vues consacrées par l'artiste à cette montagne sacrée.

Alors à moi le Mont Fuji  et autres merveilles d'un de mes artistes préférés !
Mais j'aurais quand même bien aimé passer 4 mois au Japon....


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