L'Oeil Curieux

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dimanche 3 septembre 2017

Sur une grande vague vers la tête de Bouddha

L'Oeil Curieux, après un stage de surf sur la cote basque, a-t-il eu l'illumination et est-il devenu bouddhiste ?
Du tout, du tout.
Ce titre énigmatique est né au musée Guimet, et voici sa genèse.

La Grande Vague est celle de Katsushika Hokusai, « La Grande Vague de Kanagawa », certainement une des estampes les plus connues.
Parce que j'aime bien contrarier mes lecteurs (Niark ! Niark !), j'ai choisi de ne pas inclure son d'image dans ce billet.

Il faudra donc vous rendre au second étage du Musée Guimet pour l’exposition « Paysages japonais, de Hokusai à Hasui », et exercer vos talents de matelot en hissant la voile pour atteindre la Grande Vague, puisqu'une pièce de tissu protège l'estampe de la lumière.

Je vous propose quand même une estampe d'Hokusai, et ne regardant pas à la dépense, vous avez en une seule image, une vague et le Mt Fuji  !
Hokusai - 36 vues du Mt Fuji Koshu
Hokusai - 36 vues du Mt Fuji Koshu

Et pour en terminer avec les estampes, l'amoureux que je suis des paysages enneigés, si magnifiquement traités par les artistes japonais, vous a choisi une œuvre de Hasui Kawase, Trésor National vivant en 1953, qui a ravivé l'art de l'ukiyo-e au début du 20e siècle.
Hasui Kawase - Neige sur le temple Zojoji, Shiba, Tokyo
Hasui Kawase - Neige sur le temple Zojoji, Shiba, Tokyo

Il reste maintenant à atteindre Bouddha.
Rien de plus facile avec l’aide de Prune Nourry, qui a profité de sa Carte Blanche à Guimet, pour éparpiller son grand Bouddha aux quatre coins de musée, façon puzzle.
D'un pied nous accueillant dès l'entrée du musée jusqu'à la tête abritée dans la rotonde du dernier étage, son corps fragmenté, évoquant les bouddhas de Bamiyan, détruits en 2001 par les talibans, nous accompagne dans la rencontre des œuvres de la jeune artiste française, intelligemment confrontées aux pièces anciennes du musée.
Au détour de ces juxtapositions, nous sommes interpellés sur la place de la femme chez deux géants asiatiques.

En inde, autour des « Filles  sacrées», les passants réagissent aux créatures, troublants hybrides de l'animal sacré et de la fille, souvent non désirée.
Prune Nourry - Squatting Holy Daughter, 2010
Prune Nourry - Squatting Holy Daughter, 2010



Les « filles de Terre cuite », répliques féminines et pacifiques de l'armée de terre cuite de Xi’an, datant du IIIe siècle avant J.-C, sont autant d'hommages aux petites filles qui ne sont jamais nées en Chine, victimes de la sélection des sexes.
Prune Nourry - Mini Terracotta Daughters (Army), 2013,  photographie : Anne-Gloria Lefevre
Prune Nourry - Mini Terracotta Daughters (Army), 2013
Photographie : Anne-Gloria Lefevre



Arrivés dans la rotonde, il vous restera à découvrir ce que cache la tête de Bouddha, quelques dérisoires espoirs d'une vie meilleure...
Prune Nourry  - La destruction n'est pas une fin en soi (tête)
Prune Nourry - La destruction n'est pas une fin en soi (tête)
Photo ArtsHebdoMédias courtesy Musée Guimet



dimanche 2 octobre 2016

Un autre regard

Mon tropisme pour l'Empire du Soleil Levant guide souvent mes pas et délie ma plume.
En attendant d’atterrir à Tokyo, Haneda, la Maison de la Culture du Japon, Quai Branly, est une destination plus proche et qui distille néanmoins de délicieuses saveurs nipponnes.

J'y ai fait, samedi, une de mes plus enthousiasmantes rencontres de l'année.

Paul Jacoulet, né à Paris en 1896, a vécu pratiquement toute sa vie au Japon, ou il est arrivé à l'âge de 3 ans.
Au Japon, il est reconnu comme l'un des derniers grands maîtres de l'estampe ukiyo-e, «  image du monde flottant  ».
L'expression semble particulièrement juste pour les portraits du maitre français  : il capture, avec une infinie justesse et une grande empathie, un monde pas si éloigné de celui Hiroshige, Hokusai ou Utamaro mais appelé à disparaître dans les années qui vont suivre.

Réalisées par les meilleurs artisans, ses estampes sont une étonnante synthèse de technique et formalisme totalement japonais et du regard curieux d'un artiste nourri d'art occidental.

Paul Jacoulet porte un regard d’ethnologue sur les danses traditionnelles.
Danses D'Okesa. Sado, Japon - Paul Jacoulet, 1952
Danses D'Okesa. Sado, Japon - Paul Jacoulet, 1952

Il croque avec tendresse la vie quotidienne, un jeune enfant porté par son frère, quelques piments rouges proposés par un modeste marchand et la tranquille contemplation d'une chenille verte.
Les Deux Freres. Izu, Japon - Paul Jacoulet, 1936
Les Deux Freres. Izu, Japon - Paul Jacoulet, 1936

Les Bons Piments Rouges. Johokuri, Coree - Paul Jacoulet, 1954
Les Bons Piments Rouges. Johokuri, Coree - Paul Jacoulet, 1954

La Chenille Verte. Coree - Paul Jacoulet, 1936
La Chenille Verte. Coree - Paul Jacoulet, 1936

Dans la grande tradition, il maîtrise aussi les sujets animaliers et végétaux.
Le Nid. Coree - Paul Jacoulet, 1941
Le Nid. Coree - Paul Jacoulet, 1941

Ses trois jolies Coréennes emmitouflées célèbrent la beauté féminine, dans une élégante composition.
Flocons De Neige. Pengyong, Coree - Paul Jacoulet, 1956
Flocons De Neige. Pengyong, Coree - Paul Jacoulet, 1956

Il faut vraiment voir les œuvres pour savourer la justesse des traits, la richesse des couleurs et la somptuosité des effets de transparence, comme dans «  les perles  » pour lesquelles plus d'une centaine de planches ont été nécessaires.
Les Perles. Mandchoukuo - Paul Jacoulet, 1950
Les Perles. Mandchoukuo - Paul Jacoulet, 1950

Gaufrage, utilisation du mica, d'or, couleurs éclatantes, les estampes présentées sont un pur ravissement.
Encore deux semaines pour voyager dans le monde flottant avec le maitre français....


dimanche 29 juin 2014

La beauté de l'attaque à l'acide

J'aime beaucoup les estampes.
Elles sont moins intimidantes que les tableaux ou les sculptures.
Elles nous laissent croire qu'elles pourraient être accrochées sur nos murs.
Elles racontent les rencontres d'un artisan et d'artistes.

Et quelles rencontres pour Aldo Crommelynck !
Tal Coat, Juan Miro, Le Corbusier, Alberto Giacometti, André Masson, Georges Braque… et surtout Picasso pour lequel il travaille presque exclusivement quand il installe, avec son frère Piero, un atelier de gravure à Mougins, proche de la maison du peintre.

Sa renommée attire les artistes de l'étranger, qui fréquentent l'atelier de la Rue de Grenelle.
Jim Dine lui rend un bel hommage en 1981.
Jim Dine A heart on the Rue de Grenelle, 1981
Jim Dine, A heart on the Rue de Grenelle, 1981

Jim Dine Paris Smiles in Darkness, 1976
Jim Dine, Paris Smiles in Darkness, 1976

Avec Jennifer Bartlett, il propose, en exploitant les caractéristiques propres à la gravure, une variation sur un même paysage, comme dans les cathédrales de Rouen de Monet.
Jennifer Bartlett, Bridge, boat, dog, 1997 © Jennifer Bartlett
Jennifer Bartlett, Bridge, boat, dog, 1997
© Jennifer Bartlett

Jennifer Bartlett, Bridge, boat, dog, 1997 © Jennifer Bartlett
Jennifer Bartlett, Bridge, boat, dog, 1997
© Jennifer Bartlett

Jennifer Bartlett, Bridge, boat, dog, 1997 © Jennifer Bartlett
Jennifer Bartlett, Bridge, boat, dog, 1997
© Jennifer Bartlett

Le clown de George Condo est étrangement enfantin, bien loin de la production habituelle de l'artiste américain.
George Condo Clown, 1989
George Condo, Clown, 1989

David Hockney rappelle, dans un facétieux face-profil, la place particulière de Picasso dans l'activité du graveur.
David Hockney The Student : Homage to Picasso, 1973
David Hockney, The Student : Homage to Picasso, 1973

David Hockney Simplified faces, 1973
David Hockney, Simplified faces, 1973

Alex Katz Man with pipe, 1984
Alex Katz, Man with pipe, 1984

L'ouverture d'un atelier à New York, en 1986, va déclencher de belles collaborations avec les artistes de la Pace Galerie, comme la série des « Sunliners » d'Ed Ruscha, d'une riche simplicité.
Ed Ruscha Sunliners, 1996
Ed Ruscha, Sunliners, 1996


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