L'Oeil Curieux

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samedi 5 août 2017

Dernière Chance pour Magnum Analog Recovery

Certainement victime de la torpeur qui envahit la France au mois d'août, je n'écrirai pas un bon gros billet sur la magnifique exposition «  Magnum Analog Recovery  » proposée par le Bal pour les 70 ans de l’Agence fondée par Henri Cartier-Bresson, George Rodger, David “Chim” Seymour et Robert Capa.
Mais dans un ultime sursaut d’énergie, j'exhale 3 bonnes raisons d'aller voir Impasse de la Défense avant le 27 août.

Être accueilli dans une exposition de photographie par les images de Robert Capa sur Omaha Beach, ça n'a pas de prix (il paraît que pour le reste une carte de crédit fait l'affaire, mais j'en doute).

Robert Capa, Les troupes américaines à l'assaut d'Omaha Beach le jour du débarquement, Normandie, France, 6 juin 1944  Robert Capa © International Center of Photography/Magnum Photos
Robert Capa, Les troupes américaines à l'assaut d'Omaha Beach le jour du débarquement, Normandie, France, 6 juin 1944
Robert Capa © International Center of Photography/Magnum Photos

Voir les visages du chômage à Détroit, capturé par Elliot Erwit en 1961, c'est se souvenir que Magnum nous offre à voir le monde à travers les yeux des plus grands photographes.

Elliott Erwitt, Chômage, Détroit, 1961 © Elliott Erwit /Magnum Photos
Elliott Erwitt, Chômage, Détroit, 1961
© Elliott Erwit /Magnum Photos

Déambuler parmi ces tirages cartoline envoyés aux agents européens de Magnum pour diffusion à la presse, de 1947 à la fin des années 1970, précieux fossiles argentiques, c'est un fantastique voyage dans un temps ou l'image était rare, fixe et en noir et blanc.




dimanche 29 novembre 2015

Le Grand Robert illustré

Il y avait comme un froid, une barrière (!) entre Reporters Sans Frontières et moi depuis quelque temps.
Pas avec l'organisation en elle-même, mais avec les albums photo qu'elle publie.

Mon dernier billet sur RSF traitait de la sortie de l'album avec les photographies de Lindberg.
Depuis, j'avais laissé de coté les ours polaires sur la banquise (100 photos du National Geographic), les héros en tout genre (100 héros pour la liberté de la presse) et j'avais bullé sur les images de Jean Marie Périer, c'est fou.

Mais, avec le spécial n°50, nous sommes en plein réchauffement photographique.
Une larme a perlé au coin de mon Oeil Curieux quand j'ai vu sur Facebook, que le prochain album serait consacré au mythique photographe de guerre.

Participez à la production du 50ème album de Reporters sans frontières consacré à Robert Capa. De belles contreparties à...

Posté par Reporters sans frontières / Reporters Without Borders / RSF sur lundi 26 octobre 2015


Après avoir sorti mon mouchoir, j'ai alors sorti ma carte bancaire pour participer au crowdfunding (financement participatif dans la langue de Molière) finançant cet album.

Et l'album est arrivé il y a quelques jours dans la boite à lettres du contributeur kisskissbankbank que je suis devenu.

100 photos pour la liberté de la presse Robert Capa
100 photographies de Robert Capa !

Du Capa en noir et blanc, bien sur mais aussi en couleurs, comme le présente l'exposition du Jeu de Paume au Château de Tours, que je visiterai très certainement.

Le photographe de guerre est présent bien évidemment.
© Robert Capa/International Center of Photography/Magnum Photos
Le capitaine Jay F. Shelley devant "The Goon", un bombardier B-17 de l’armée de l’air américaine, en partance pour un raid au-dessus de l’Italie, Tunisie, 1943
Robert Capa
International Center of Photography, New York.
© Robert Capa/International Center of Photography/Magnum Photos

© Robert Capa/International Center of Photography/Magnum Photos
Sur la route de Nam Dinh à Thái Bình, Indochine (Viêtnam), mai 1954
Robert Capa
International Center of Photography, New York.
© Robert Capa/International Center of Photography/Magnum Photos

Mais aussi un photographe plus mondain, aux sujets légers.
© Robert Capa/International Center of Photography/Magnum Photos
Une femme sur la plage, Biarritz, France, août 1951
Robert Capa
International Center of Photography, New York.
© Robert Capa/International Center of Photography/Magnum Photos

De toute façon, je suis un inconditionnel de Capa, sourd aux polémiques qui surgissent plus ou moins régulièrement, comme cet été sur ses clichés du débarquement.

Je suis tellement « groupie », que j'illustre même mon billet avec une photographie de mode !
© Robert Capa/International Center of Photography/Magnum Photos
Un mannequin habillé en Dior sur les quais de la Seine, Paris, 1948
Robert Capa
International Center of Photography, New York.
© Robert Capa/International Center of Photography/Magnum Photos

De la mode oui, mais du Capa.
Il faut savoir assumer ses contradictions...

samedi 16 novembre 2013

Gerta et André

Leur vie fut un roman.

Avant même leur rencontre, leurs itinéraires s’inscrivirent dans une Europe où la peste brune se répandait.

Gerta Pohorylle, juive et gauchiste, quitte son Allemagne natale pour échapper à la répression contre les juifs déclenchée par Adolf Hitler.
Elle se réfugie à Paris.

André Friedmann, antifasciste et hongrois, doit quitter son pays pour éviter l’emprisonnement pour activisme.
Réfugié en Allemagne, il fuit en Autriche avec l'arrivée au pouvoir du chancelier Hitler.
Mais la dictature d'Engelbert Dollfuss le pousse à nouveau au départ.
Il se réfugie à Paris.

Gerta et André se rencontrent au Café Le Capoulade, au 63 du Boulevard St Michel, où se retrouvent les exilés et militants de gauche de toute l'Europe.
Vient l'histoire d'amour.
Vient l'invention géniale qui métamorphose André en « Robert Capa » et Gerta en « Gerda Taro », pseudonymes sur lesquels planent les ombres du cinéaste Franck Capra et de l'actrice Greta Garbo.
Quoi de plus normal pour une vie romanesque.

La suite, pour les passionnés de photographie et de son histoire, est bien connue, et je l'ai évoquée à l’occasion de l'exposition sur la Valise Mexicaine.
Leur antifascisme et la photographie les amènent à couvrir la guerre d'Espagne.

Capa rencontre le début de la gloire le 5 septembre 1936, avec son cliché « Mort d'un soldat républicain ».

Taro rencontre la mort le 25 juillet 1937, à Brunette, en percutant un char T-26.
Elle est enterrée le jour de ses 27 ans au Père-Lachaise.

J'ai retrouvé avec émotion Gerta et André dans le livre de Susana Fortes.
En attendant Robert Capa de Susana Fortes

Si le style déployé dans « En attendant Robert Capa » n'est pas inoubliable, l'auteur donne chair à deux icônes dans un récit bien mené.

Les dialogues sont crédibles et les allers-retours entre d'une part le fil narratif, chronologique, du récit et d'autre part les digressions sur le passé ou l'avenir des personnages imprime un rythme intéressant à l'ouvrage.

La guerre d'Espagne me semble bien rendue, avec son effervescence, ses volontaires étrangers et la démission des démocraties occidentales.
Mais, sans doute parce qu'ils sont des icônes, j'ai trouvé que les scènes de sexe entre Taro et Capa, même chastes, n'apportent rien.

Mais c'est la seule réserve sur un livre qui, s'il n'est pas un chef d’œuvre, m'a fait partager les vies romanesque mais bien réelles, d'une jeune Allemande et d'un jeune Hongrois, grand photographes, dans une époque troublée, prélude tragique à la Seconde Guerre Mondiale, .

La romancière, dans la postface, précise qu'une photographie de Taro, prise par Capa, est à l'origine de son ouvrage.
Celle ci, retrouvé avec la Valise Mexicaine.
Robert Capa, Gerda Taro endormie, Paris, 1935-36© International Center of Photography / Magnum Collection International Center of Photography
Robert Capa, Gerda Taro endormie, Paris, 1935-36
© International Center of Photography / Magnum Collection International Center of Photography

Pour compléter ce roman biographique, je vous conseille d’enchaîner sur une biographie romancée complètement dans le sujet  : « Slightly out of Focus/ Juste un peu flou » par Robert Capa lui même.
Juste un peu flou : Slightly out of focus de Robert Capa.jpg
Cette autobiographie, sans aucun doute bien embellie par un Capa charmeur, au style élégant, nous plonge, de 1941 à la victoire, dans l'Europe en flammes.
Le voyage est passionnant, avec une alternance de passages profondément émouvants sur les drames d'un conflit et d'autres, bien plus légers, sur sa relation avec Pinky, sa maîtresse du moment.
Il y a de nombreuses photographies, dont celles, célèbres, prises lors du débarquement sur Omaha Beach, le 6 juin 1944, avec les hommes du 16e régiment d'Infanterie.
Définitivement un must pour l'admirateur de photographes de guerre que je suis !

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